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Focus sur Les Princesses des Editions Lito #En 3 points

Focus sur Les Princesses des Editions Lito

#En 3 points

Titres : Princesses de la Cour de Versailles aux Palais de Vienne & Princesses d’Afrique

Auteurs : Christine Palluy (auteure) ; Judith Gueyfier-Gegat, Anja Klauss, Claire Degans, Daneth Khong, Pierre Mornet, Sybile, Carole Gourrat, Sophie Lebot, Aline Bureau (illustrateurs)

Genre : Aventures, contes, princesses

Date de parution originale : 2012 / 2013

Résumé : 2 albums magnifiquement illustrés, 14 contes merveilleux signés Christine Palluy, 14 princesses aux destins étonnants pour découvrir l’Afrique et l’Europe.

Note : 3/5 & 4/5

Hawa et sa mère

#En 3 points :

*La volonté de montrer d’autres princesses : Même s’il est possible d’en douter à la lecture de mes dernières chroniques, j’aime bien les histoires de princesses. Non vraiment, je prends toujours beaucoup de plaisir à lire les ouvrages Princesses de l’Antiquité et Princesses des Etoiles (Editions Hemma) ou Ella l’ensorcelée de Gail Carson Levine, à visionner la plupart des films Disney centrés sur des têtes couronnées ; d’un côté plus adulte, j’aime beaucoup Princess Bride (livre et adaptation) de William Goldman, À tout jamais reste ma vision favorite de Cendrillon, j’ai beaucoup d’intérêt pour les Editions Magic Mirror centrées sur la réécriture de contes et les dramas coréens tournant autour de ce type d’héroïnes – modernes ou pas – font toujours mouche de mon côté. Parce que oui, voir une femme accédée au trône et donc indirectement au pouvoir est toujours édifiant, du moins si le sujet est bien traité. Le souci réside dans le fait que les archétypes de Grimm, Perrault et Andersen sont si bien ancrés qu’il est difficile de trouver des ouvrages de contes qui sortent de l’ordinaire. Autant dire que, lorsque je suis tombée sur les deux très beaux albums Princesses des Editions Lito, j’étais ravie. J’adore le concept ! Imaginez : 14 contes mettant en scène des princesses d’horizons si différents ! De quoi voyager aux quatre coins de l’Afrique (Tanzanie, Mauritanie, Côte d’Ivoire, Namibie, Ghana, Seychelles) et de l’Europe (France, Autriche, Scandinavie, Angleterre, Pologne, Italie, Espagne). Comme on pouvait s’y attendre, d’un conte à l’autre, le dépaysement est total. En tant que française, je suis davantage familiarisée à l’univers de Princesses de la Cour de Versailles... ; j'ai donc surtout été interpellée et séduite par Princesses d’Afrique. Christine Palluy, auteure des Histoires d’aventurières, exécute encore une fois un travail remarquable : ses récits s’inspirent du folklore, des légendes locales, des coutumes et traditions des pays… On a donc le droit aux valses de Vienne et aux Pillywiggins du Royaume-Uni, de références aux chutes Victoria et aux démons du Kilimandjaro. C’est rafraîchissant, la magie est souvent de mise et les illustrateurs ont apporté un soin tout particulier aux visuels des personnages, tant dans le style vestimentaire que le faciès.

Kiara et sa sœur Adjoa

*Des intrigues inspirantes : Si certains dénouements sont plutôt classiques, d’autres, en revanche sortent de l’ordinaire. On reconnaît facilement les enjeux et les thématiques chers à Palluy : l’indépendance des femmes, la lutte contre le patriarcat, la volonté d’être libre… Ces idées se trouvaient déjà dans Histoires d’aventurières, l’auteure allant même jusqu’à donner à chaque chapitre le prénom de son héroïne, ce qu’elle récidive ici. Certaines princesses sont véritablement passionnantes à suivre : Isabel et Vittoria tiennent à leur célibat et à mener la vie qu’elles entendent (elles ne s’enticheront d’ailleurs pas d’un prince à la fin de l’histoire) ; Anja veut restituer à son père les bijoux de la couronne dérobés par un troll et n’hésite pas à confronter la créature ; Julia charme son prince non par sa beauté mais par son astuce ; Matilda est mise sur un pied d’égalité avec son prince Adrian, tant par le rang que par les actes ; Babila est l’incarnation même de l’amour filiale ; Hawa démontre une immense persévérance et une grande ténacité ; Kiara est privilégiée pour sa bonté d’âme et son intelligence face à une sœur aînée magnifique mais profondément mauvaise – c’est d’ailleurs Kiara qui sauve le prince et endure les épreuves pour le retrouver ; Bisombo est, à elle seule, une métaphore du pouvoir de l’instruction et de la générosité, doublée d’une fervente protectrice du monde animal ; Yennenga témoigne d’une grande force de caractère et d’indépendance qui mèneront ni plus ni moins à la création du Mossi, un ancien royaume africain ; Naatou est la seule à pouvoir sauver sa famille face à la roublardise d’un sorcier, démontrant une grande bravoure… Toutes ces femmes, qu’elles reçoivent ou non une aide extérieure, existent avant tout par elles-mêmes. Elles sont des modèles pour les plus jeunes, ne serait-ce que par la diversité du destin qu’elles choisissent : certaines restent célibataires, d’autres se marient ; ont des enfants ou non ; voyagent à travers le globe ou prennent soin de leur entourage direct… De tout temps, la princesse a été associée à la douceur, la fragilité et l’obéissance. Clairement, les princesses de Palluy ne sont pas de cette étoffe là ! Soyons honnêtes : il est autrement plus édifiant pour une fillette de voir Yennenga défendre son royaume contre les envahisseurs, Bisombo s’élever par l’instruction ou Isabel poursuivre sa quête effrénée d’aventures que de lui narrer l’histoire de La Belle au Bois Dormant qui attend patiemment qu’un prince vienne la tirer d’un sommeil éternel – réveil qui s’exécute par le viol dans la version originale de Giambattista Basile, une raison supplémentaire pour ne pas en parler aux enfants…

Naatou et son frère Tovo

*Derrière la réussite, quelques (vrais) bémols : Pourtant, malgré d’évidentes qualités, les deux albums ne sont pas exempts de défauts. En témoigne trois histoires vraiment problématiques pour les lectrices contemporaines. Là où Palluy démontre un certain féminisme dans ses œuvres, les trois histoires citées dans ce dernier point en sont totalement dépourvues.

Côté Europe tout d’abord, avec Mary et Jeanne.

Dans le premier cas, la princesse cherche à retrouver son promis et héritier de la couronne, Andrew. Les retrouvailles ont lieu après un long voyage sur le dos d’un cheval volant : Mary arrive donc à Windsor vêtue pauvrement, sa peau s’est tannée durant le périple, sa chevelure est emmêlée, etc. Elle craint la réaction du prince et à raison car celui-ci, bien que le visage de la belle lui évoque vaguement quelque chose, ne la reconnaît pas plus que cela. Il faudra qu’elle s’excuse d’être si peu présentable et montre à ce nigaud les sabots d’or de sa monture, signe distinctif entre tous, pour qu’il la remette. Oui vous avez bien lu : cette andouille reconnaît la monture et non la cavalière. A sa place, j’aurai réfléchi avant de l’épouser…

Dans le second conte, celui de Jeanne, notre princesse française, enlevée par un dragon, a pour unique préoccupation d’être présentable pour son sauveur - le chevalier Gabriel. Lors de leur rencontre, il la prend pour une domestique – elle ne lui dira jamais qu’elle était la jeune fille en haillons rencontrée dans le jardin la toute première fois (quelle honte d’être assimilée à une gueuse qui se tue à la tâche !). Jeanne, en bonne pimbêche frivole, est piquée dans son orgueil et supplie ses amis (rouges-gorges, lune et ruisseau) de lui confectionner une robe différente pour chaque rencard. Bref, cette morale pro-superficialité me hérisse légèrement, surtout pour Jeanne qui bénéficie d’une illustratrice incroyable en la personne de Sybile (également à l’œuvre sur le segment Bisombo) mais se trouve plomber par un scénario catastrophique.

Vous comprenez mon problème avec ces deux fictions ? Non seulement Jeanne et Mary sont d’une vanité exaspérante mais en plus, leur soi-disant âme-sœur est incapable de les reconnaître lorsqu’elles ne sont pas au maximum de leur potentiel physique ! Quel message cela donne-t-il aux enfants ? Qu’une femme n’est pas digne d’être aimée à moins d’arborer des vêtements hors de prix et d’être toujours parfaitement apprêtée ? J’en connais certains qui vont avoir un choc au saut du lit…

Quant à Mayeni, seule fausse note de Princesses d’Afrique, le souci est encore différent. D’emblée, Malinka, la veuve au cœur de l’histoire, se lamente d’être pauvre, sans enfant et vouée au célibat car (je cite) « son mari n’avait pas de frère pour l’épouser »… Oui, s’échanger sa femme entre frangins, il n’y a rien de plus sain après tout ; ça devrait figurer dans tous les testaments. Peut-être est-ce une coutume de Côte d’Ivoire mais très franchement, je m’en moque : cet album n’a pas pour ambition d’être un documentaire sur les us et coutumes ivoiriens, il s’adresse à des fillettes modernes et cette réflexion est tout simplement… Malsaine. Finalement, elle obtient une petite fille magique, Mayeni, sortie tout droit d’une cabosse. Enfant qui n’aura d’autre ambition que de marier sa mère au roi, mais pas avant qu’elle n’ait dégoté des habits plus beaux. Parce qu’être mère célibataire ET négligée, ça la fout mal.

*Soupir*

Bref. Allons-y pour la conclusion.

Je considère davantage les trois contes problématiques cités ci-dessus comme des maladresses, des erreurs de parcours, surtout lorsque l’on tient compte de l’ensemble de la bibliographie de Christine Palluy. En toute franchise, je doute qu’une enfant de six ans tique sur ces histoires ou trouve à y redire ; mais c’est d’autant plus dangereux car elle assimilera ces idées comme parole d’évangile - particulièrement celle qu’il est NORMAL d’être toujours pomponnée en toutes circonstances, même malheureuse, épuisée ou blessée. Ne pas voir la toxicité de ces messages ne les rend pas moins insidieux, qu’ils soient conscients ou non.

Mais tournons la page. Sur 14 contes, les 11 réussites prévalent largement. Et puis, si vous optez pour ces ouvrages, rien ne vous empêche de sauter, discrètement, les segments misogynes. C’est l’avantage d’un recueil : on peut aisément passer des chapitres.

 

~ La galerie des citations ~


« Je t’ai choisie car tu as le savoir des hommes, la science des femmes, et tu distribues le bien partout où tu passes. »

~ L’esprit-fée Aziza explique à Bisombo pourquoi

elle a choisi de la prendre pour élève, p 50 (Princesses d’Afrique)


« La cavalière devint bientôt une belle jeune fille, aussi rusée, fine et musclée qu’une panthère noire. »

~ Yennenga, p 55 (Princesses d’Afrique)


« Toute sa vie, ainsi qu’elle l’avait décidé, elle sentit dans ses cheveux le vent souffler comme il veut. »

~ Isabel, p 69 (Princesses de la Cour de Versailles aux palais de Vienne)

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