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Confession d'une ronde #En 3 points

Titre : Confession d'une ronde

Auteur : Mélanie Baranger

Éditeur : Rebelle

Genre : Chronique de vie, comédie romantique

Date de parution : 2017

Résumé de l'éditeur : Loewen Grâce Camille Chevalier n'est pas née sous une bonne étoile, elle en est certaine. Aucune fée ne s'est penchée sur son berceau, petite... la preuve : sa vie est un enchaînement de catastrophe. Sa mère la déteste, son petit ami vient de la quitter et elle ne s'aime pas. L'image que lui renvoie son corps est fortement négative. Loewen se cache sous des vêtements informes et se laisse transporter par une routine : métro, boulot, dodo... jusqu'à ce que Solange, l'une de ses amie lui propose une idée des plus farfelue !

Note : 3/5

#En 3 points :​


*Le poids d'une société face à la légèreté d'une comédie romantique : On le sait toutes mais les diktats de notre monde moderne sont toujours bien vivaces : pression de la femme parfaite, image unique du corps jugé désirable, marketing étouffant autour de la perte de poids, maigreur des mannequins, multiplications des TCA chez les (très) jeunes filles... L'ensemble des images auquel nous sommes exposées a la fâcheuse tendance à culpabiliser, déprimer ou étouffer les femmes qui ne rentrent pas dans cet étroit carcan - et autant dire qu'elles ne sont pas majoritaires, celles à pouvoir concourir pour le titre d'Ange chez Victoria's Secret ! Corps athlétique, mince, peau dorée, maquillage parfait, classe en toutes circonstances. C'est joli, certes, un peu comme un tableau futuriste de chair et d'os dont on a annihilé toute personnalité - et totalement intenable dans la réalité.

Et si le milieu de la mode est sûrement le plus abusif qui soit, la culture s'est bien chargée de nous rappeler la place de la femme "grosse". Elle sera boulotte, rigolote voir ridicule, bonne copine, vacharde mais sûrement pas un personnage principal ou pris au sérieux, encore moins considérée comme désirable.

Il y a bien entendu (encore heureux !) quelques exceptions : les séries My Mad Fat Diary et Crazy Ex-Girlfriend, Les petites reines de Clémentine Beauvais, Big Bones de Laura Dockrill, Eleanor & Park de Rainbow Rowell ou l'emblématique Bridget Jones que ce soit sa version papier signée Helen Fielding ou sa transposition ciné campée par Renée Zellweger. Mais ces protagonistes dont l’embonpoint n'est vu pas vu uniquement comme un running-gag ou une tare sont bien peu nombreuses.

Parmi elles, il y a Loewen, l'héroïne de Confession d'une ronde. Sous ces dehors de rom-com classique, le roman de Mélanie Baranger s'inscrit dans la littérature feel-good, le body-positive, un hommage aux damoiselles tout en courbes, à la diversité des corps. C'est Loewen qui rend cette histoire si atypique et donc si intéressante. Des comédies romantiques de cet acabit, il y en a eu certes des tas. Mais ce personnage-ci échappe tant aux clichés du genre qu'il rend d'emblée toute l'intrigue beaucoup plus prometteuse.

Le message de l'auteure est clair : Acceptez-vous, faites-vous plaisir et aimez-vous. Il conforte l'idée que les choses, doucement, changent. Et qu'il est tout à fait possible d'être l'héroïne d'une oeuvre (et de sa vie !) même si nous n'entrons pas toutes nécessairement dans une taille 34, que nous mangeons un hamburger quand l'envie nous en prend et que nous ne nous tuons pas douze heures à la salle de sport.

Et toc, ça c'est pour le cliché de la femme soi-disant parfaite.


*Des débuts prometteurs : Confession d'une ronde démarre sur les chapeaux de roue et sous les meilleurs augures.

Lorsqu'on nous la présente, Loewen est à un tournant de sa vie : elle vient de mettre un terme à une relation toxique compliquée et, avec l'aide de ses amies, compte bien se réapproprier cet estime de soi totalement perdu au fil des années. Notre héroïne taille 44 est loin d'être la pauvresse victime et soumise qui attend sa marraine la bonne fée : c'est une femme intelligente, indépendante, forte, généreuse, sociale, cordon-bleu à ses heures, qui gère son emploi d'une main de maître. Elle est en plus l'heureuse propriétaire d'un jeune chat Miky - comme elle, le petit félin n'a guère eu un passé heureux et se reconstruit, avec sa maîtresse, tant bien que mal. L'amour fusionnel qui lie Loewen à son animal de compagnie est très touchant, le parallèle entre leurs deux histoires (rejet, abandon, souffrance) est d'une grande justesse et quiconque a déjà eu un chat pourra en témoigner : tout cela est parfaitement réaliste !

Autour de Loewen gravite des amies, toutes différentes, des femmes hélas trop vite survolées mais néanmoins attachantes : la désinvolte libidineuse Eve ; la pétillante Mélissa ; le généreux et plantureux trio composé de Lucile, Célia et Audrey ; les bonnes fées du show-biz que sont Camillia et Isabelle.

Et puis il y a Solange, hors-norme, exact opposé physique de Loewen, homosexuelle, perspicace et dévouée, profondément attachée à sa meilleure amie, à l'origine de sa folle aventure et de son regain de confiance. Solange va la pousser à participer à un concours baptisé Miss Pulp, ce qui lui permettra d'assumer ses formes, sa force de séduction et ainsi, se réapproprier sa confiance en elle. Du propre aveu de la narratrice, "Solange sort du lot. Elle l'écoute l'aide et la soutient". C'est aussi le personnage secondaire le plus développé de l'intrigue et ses apparitions comptent parmi les plus réussies du roman.

Si Confession d'une ronde semble à première vue être une rom-com plutôt inoffensive, certaines scènes sont particulièrement difficiles : la rencontre de Miky et Loewen, les remarques que la jeune femme endure de la part de son ancien petit-ami, la grossophobie banalisée dans un restaurant haute gamme, le regard parfois dur d'inconnu et, bien plus traumatisante et destructrice, la déception maternelle. Une maman trop mince, trop belle, trop oppressive, qui voit sa fille comme un échec parce qu'elle ne lui ressemble pas. La confrontation entre Loewen et sa mère est très violente et très juste ; elle met en lumière, d'une façon aussi simple que réussie, la relation complexe d'une ex reine du lycée avec son enfant qu'elle n'a jamais considéré à sa juste valeur... C'est déchirant, dramatique et totalement expiatoire pour la jeune femme.


*Une fin moins convaincante : Les trois quarts du livre sont très justes et palpitants. On assiste à la transformation de Loewen qui s'épanouit, prend confiance en elle, adopte un look qui lui plaît sans se soucier du regard des autres, multiplie les rencontres dans le monde du mannequinat grande taille... Elle trouve sa voie en acceptant ce corps qui a autrefois été la source de son malheur, ce qui rend son parcours d'autant plus formidable ! D'emblée, on a envie que Loewen réussisse, qu'elle s'accepte, qu'elle prenne enfin conscience de ses capacités physiques et mentales, qu'elle se rende compte qu'elle mérite d'être aimée pour l'ensemble de sa personne, à sa juste valeur... Et lorsqu'elle y parvient, le lecteur ne peut qu'être heureux pour elle.

Toute la partie centrée autour du concours de Miss Pulp est passionnante, très réaliste et graviter dans cet univers en compagnie de femmes qui revendiquent leurs rondeurs ou cherchent à les accepter est très inspirant. Loewen évolue au milieu de concurrentes courageuses, sympathiques pour la plupart, qui lui donne matière à réfléchir.

D'où le regret ultime : que la fiction tombe dans les classiques travers de la comédie romantique hollywoodienne durant sa dernière partie. Vous vous en doutez mais Loewen va rencontrer un soupirant. Et pas de n'importe qui puisqu'elle va s'éprendre de l'homme parfait, riche, séduisant, attentionné... Et célèbre, histoire de couronner le tout ! Cette partie est non seulement en rupture avec l'authenticité des premiers chapitres mais aussi très stéréotypée.

Le message aurait eu tout autant d'importance si son nouvel amant avait été un Monsieur-tout-le-monde : sans être doté d'un compte en banque vertigineux et d'un physique à la Bradley Cooper, ce nouvel amoureux aurait tout aussi bien pu l'aimer pour ce qu'elle était, lui faire prendre conscience que tous les hommes ne sont pas des salauds superficiels et manipulateurs, que tous ne lui briseraient pas le cœur. Mais non, elle s'amourache d'un acteur de série, ami de Ian Somerhalder et ex-conquête de Rose McGowan, si parfait qu'il en devient lisse.

Si Mélanie Baranger nous a présenté des personnages féminins forts aux antipodes des clichés habituels, il n'en va hélas pas de même concernant ses protagonistes masculins. Pour une auteure qui a su innover de bout en bout, on ne peut s'empêcher de trouver ce dénouement hors de propos... Dommage.

« Son poids ! La question qui occupe les pensées de tout le monde. Mais pourquoi personne ne comprend qu'elle, Loewen, se sent bien dans sa peau ? Elle n'a certes pas une énorme confiance en elle, mais sa silhouette n'est pas non plus désagréable. Pourquoi doit-on ressembler au standard de beauté de la société ? Est-ce que son entourage s'est demandé si, elle, elle voulait y ressembler ? Non, bien sûr que non, pourquoi prendre le temps de s'intéresser vraiment à la personne qui se cache sous cette enveloppe corporelle ingrate ? »

~ p 22

« De siècle en siècle, l'image de la femme a évolué, jusqu'à, aujourd'hui, être dégradée. La femme n'est plus une personne, mais très souvent considérée comme un objet. Regardez dans les publicités ! Dévêtues pour un parfum, une montre, une voiture, où est le sens ? Je pense qu'il est temps, à notre époque, d'accepter la femme dans toutes ses formes : mince, maigre, ronde. »

~ p 88

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