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L’avis des libraires - 60ème chronique : L'Histoire sans fin

L’avis des libraires - 60ème chronique

L'Histoire sans fin de Michael Ende

Fantasy, forces obscures & philosophie...

Bastien Balthazar Bux, un garçonnet de 10 ans, peine à trouver sa place… Incompris par son père, harcelé par ses camarades, désespéré par la mort de sa mère, il se retrouve en possession d’un étrange ouvrage, L’Histoire sans fin : le livre narre les péripéties d’un jeune Indien à la peau verte, Atreyu, sommé par la Petite Impératrice de sauver le Pays Fantastique qui sombre dans le Néant. Mais très vite, le doute s’installe : quel lien y a-t-il entre Bastien et l’intrigue se déroulant entre les pages du roman ?

Fréquemment, l’idée d’une chronique sur L’Histoire sans fin me traverse l’esprit. Face à l’ampleur de la tâche, j’avoue avoir souvent renoncé. Comment résumer ces 530 pages d’aventures, de féerie, de tragédie en l’espace d’une chronique ? Permettez-moi d’essayer. Comme beaucoup d’entre vous, j’ai découvert L’Histoire sans fin avec le film culte de Wolfgang Petersen comme tous les enfants, j’ai rêvé d’être Atreyu, de m’emparer du médaillon impérial l’Auryn et de sauver le Pays Fantastique. J’étais loin de me douter que je ressentirais le même sentiment d’exaltation en me plongeant, des années plus tard, dans l’ouvrage de Michael Ende. Et quelle n’a pas été ma surprise d’apprendre que l’intrigue que je croyais si bien connaître n’avait en réalité été adaptée que d’une seule partie du roman ? On peut en effet séparer la trame en 2 parties et la 2nde est beaucoup plus sombre et mature que la 1ère : le vernis des héros s’y effrite, la tragédie s’amorce, la discorde s’instaure entre les protagonistes… Qu’on ne s’y trompe pas : s’il a été écrit pour la jeunesse, L’Histoire sans fin est une œuvre d’une incroyable densité qui peut se savourer à tout âge – il est par ailleurs relativement difficile à lire, car la plume, si sublime soit-elle, est soutenue et parlera davantage aux ados qu’aux enfants. Les thématiques abordées sont puissantes et universelles : mise en avant de la force créatrice, incitation à la lecture pour les jeunes lecteurs (moyen d’évasion, de tirer des leçons, de lutter), dénonciation du harcèlement scolaire, acceptation de soi, retour à l’essentiel (famille, amis, devoirs) et refus de la superficialité…


Une sublime illustration de Graograman et du désert des couleurs par Splurch2006.

Découvrir L’Histoire sans fin, c’est grandir encore et toujours via un récit d’apprentissage où chacun se retrouvera : Bastien, notre héros, est un garçon en apparence lambda, un peu rond, maladroit, qui cherchera à s’embellir, à accroître sa popularité dans le Monde Fantastique avant de renoncer à sa beauté et sa force pour s’accepter tel qu’il est. A l’heure où les rêves de célébrité poussent de nombreux mineurs à la folie des grandeurs, ce rappel des valeurs est primordial. Au-delà du message, le Pays Fantastique est d’une richesse incomparable, foisonnant de créatures étonnantes : on y croise le Néant, l’antagoniste le plus terrifiant de tous ; Graograman le lion de flammes vivant dans un désert brûlant qui meurt tous les soirs pour laisser place à Perelin, une forêt luxuriante, la nuit ; le dragon porte-bonheur Fuchur et bien d’autres êtres encore… Jusque dans sa forme, l’ouvrage est réfléchi à la perfection : écrit de 2 couleurs, il permet de distinguer notre monde du Pays Fantastique. Le véritable tour de force d’Ende ? Avoir fait de son roman une formidable épopée que l’on souhaiterait, justement, sans fin.


« Il aspirait à être aimé tel qu'il était, bon ou méchant, beau ou laid, intelligent ou bête, avec tous ses défauts - et peut-être même à cause d'eux. »


Michael Ende : L'Histoire sans fin aux Editions Hachette. 520 pages. 19€90


Article paru dans le Pays Briard le 12.12.17

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