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L'avis des libraires - 27ème chronique : Le Lys et le Serpent

L'avis des libraires - 27ème chronique Le Lys et le Serpent de Níkos Kazantzákis :

Passion charnelle et amour destructeur

« Mes pieds sont ensanglantés dans le voyage de la vie. Les ailes de mon âme se sont brûlées dans la fournaise des désirs. » Voici l'histoire qui lie un peintre à sa muse, un homme à une femme. Une histoire qui va prendre une dimension tragique lorsque l’artiste va peu à peu succomber à la folie et ses pulsions macabres. Voici son journal intime, témoignage d’un esprit torturé, où les hallucinations ne sont jamais loin…

De Níkos Kazantzákis, les Français connaissent bien peu de choses. Son livre le plus célèbre, Alexis Zorba, est davantage réputé dans nos contrées pour son adaptation cinématographique Zorba le grec qu’en tant qu’œuvre littéraire. Écrit en 1906, Le Lys et le Serpent est le 1er roman de cet auteur grec majeur - Kazantzákis n’avait alors que 20 ans - et retrace la déchéance d’un couple, l'aliénation d'un homme. Sur ces amants maudits, guère d’information : l’auteur a choisi d’ôter toute description afin de rendre sa forme de journal intime la plus crédible possible. En relatant le parcours d’un peintre qui sombre dans la folie, s’enferme dans des délires morbides, il garde pourtant une plume mélancolique d’une redoutable efficacité. Le roman ressemble à un long poème en prose, une longue tirade au romantisme échevelé, à la sensualité sublime, au macabre glorifié. Le style de Kazantzákis a de quoi surprendre : il est vrai que son emportement, sa passion sont peu représentatifs de notre époque. C’est oublier qu’ici, l’œuvre est supposée être un journal intime ; aucune barrière, aucune fausse pudeur ne viennent atténuer les émotions du narrateur. Or, ces sentiments mis-à-nus sont ceux d’un homme épris qui s’égare dans ses hallucinations, sa violence amoureuse. Toutefois, lorsqu’est dissipé le sentiment de malaise lié à la démesure des premières lignes, c'est sur nous, lecteurs, que se referme le piège lyrique et mystique tendu par Kazantzákis. De dubitatifs, nous voilà séduits. Ce lys qui s’étiole, happé dans la gueule du serpent, c’est un peu nous au final...

Níkos Kazantzákis : Le Lys et le Serpent aux Éditions Cambourakis. 105 pages. 10 €


Article publié le 18.04.17

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