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L’avis des libraires - 120ème chronique : Candombe Tango, Tome 1 - Les revenants de Brezo

L'avis des libraires : 120ème chronique

Candombe Tango, Tome 1 - Les revenants de Brezo

de Theodore Koshka

Une enquête fantastique caliente

Dans l'Amérique Latine des années 70, le diable Sebastián et l'ange Rafael sont mandatés par la Mort elle-même pour enquêter sur Terre. Direction Brezo où, à quelques jours du Día de muertos, les trépassés ne profitent plus du repos éternel... A ces deux êtres surnaturels s'ajoutent bientôt Dad Mosqueira Etxeandia, l'un des rares inspecteurs intègres de la ville.


Des enfants assassinés, des petites frappes devenues zombies, un artefact égyptien, un commissaire russe au verbe délirant, un flic fougueux qui renâcle à assumer son homosexualité, des anciens amants aux pouvoirs surnaturels contraints de travailler ensemble, le tout dans une atmosphère résolument 70's et une ambiance latine des plus torrides...

Vous avez un sentiment de trop ? C'est tout à fait normal ! Le premier volume de Candombe Tango, Les revenants de Brezo, est imprégné d'une sorte d'effervescence, pris dans un tourbillon constant. Le rythme y est effréné, palpitant, les actions s'enchaînent sans laisser le temps au lecteur de s'ennuyer ne fut-ce qu'une seconde ! De quoi s'y perdre et pourtant...

En dépit de cette frénésie vertigineuse, Theodore Koshka manie le tout avec brio. Malgré la densité de sa trame, il parvient sans problème à guider le lecteur à travers son dédale d'intrigues, les motivations de son trio principal, les caractères rocambolesques de ses personnages secondaires, le tout en rendant les codes de son monde parfaitement accessibles.

En moins de 300 pages, Koshka établit un univers fascinant : l'Enfer et le Paradis échappent a tout manichéisme ; la culture américano-latine est omniprésente et traitée avec le plus grand respect ; les protagonistes affichent des personnalités hautes en couleurs, nuancées et attachantes... L'alchimie entre Sebastián, Rafael et Dad marche très bien, leurs répliques font mouche et la tension qui anime ce singulier trio est vite palpable. Malgré l'usage d'un ressort littéraire des plus éculés, l'auteur parvient à rendre ce triangle amoureux attrayant et surtout compréhensible : il semble en effet impossible de trancher entre deux êtres aussi exceptionnels et différents que le sont Sebastián et Rafael ! Le diable et l'ange, outre des mentalités diamétralement opposées, cultivent également des looks aux antipodes - d'une plume aiguisée, Koshka définit avec aisance leur style vestimentaire, leurs tatouages, leurs piercings et leurs particularités physiques... D'autre part, on peut saluer l'inventivité de l'auteur qui prête à chacun des traits que l'on aurait, de prime abord, attribués à l'autre : l'ange Rafael est frivole, noceur et irréfléchi ; le diable Sebastián posé, taciturne et mélancolique. Leurs différences de caractère est aussi une excellente manière d'exposer leur point de vue sur l'amour, le couple, la confiance... Le trio est indubitablement l'un des arguments coups de poing de cette saga fantastique. A tel point qu'il est évoqué, d'une jolie façon, par son titre : le tango candombe se joue en effet à trois mais se danse à deux... Il est d'ailleurs évoqué, subtilement, lors d'une conversation entre Sebastián et Rafael, alors qu'ils viennent de s'adonner à une chorégraphie particulièrement lascive.

Toujours du côté des personnages, on avouera cependant un coup de cœur très prononcé envers la Mort elle-même et sa flamboyante secrétaire Juanita : la faucheuse répond ici au doux nom de Mercedes Muerte, gère un cabinet d'affaires macabres et possède un bureau dont la décoration change continuellement...

Quant au style de Theodore Koshka, il est fluide et appréciable, animé par un talent certain pour les descriptions - un léger regret plane néanmoins sur les scènes charnelles, vainement explicites et au final plutôt inutiles.

Les revenants de Brezo est une bonne combinaison d'humour, de polar et de fantastique, un roman sensuel et original porteur d'une aura travaillée, dont la force réside sans nul doute dans ses protagonistes. Ce premier tome fait surtout office d'introduction réussie à une saga des plus prometteuses.

La suite de Candombe Tango se fait d'ores et déjà attendre...

 

~ La Galerie des Citations ~


« Enfin, ça avait toujours été le grand jeu des anges de là-haut de prendre des apparences de pauvres pour s'amuser un peu. Sans doute une perversion de plus à leur actif. Et après, c'était les diables qu'on accusait des pires péchés. »

~ p 22 / Réflexion de Sebastián

 

« Il trouvait la fidélité tout à fait dépassée. Il y avait trop de gens à aimer sur terre. »

~ p 51 / Rafael

 

« Je ne comprends pas pourquoi tout se danse à deux d'ailleurs. Il faudrait danser à plus. Rien qu'à trois tu imagines... Un genre de candombe tango...

-Ce que j'imagine surtout, c'est que se focaliser sur une seule personne, c'est déjà fatigant, alors deux ou plus... [...]

- C'est parce que tu es trop absolu. On ne peut pas tout donner et tout attendre d'une seule personne. Au contraire, qu'il y en ait plus serait libérateur.

- A mon sens, ça rend les liens plus superficiels [...]. »

~ p 175-176 / Discussion entre Rafael et Sebastián

 

« Il n'aurait jamais dû apprendre l'anglais. Il aurait pu apprécier de la pop sans se rendre compte que les paroles étaient stupides ou faisaient douloureusement écho à sa situation. »

~ p 184 / Dad

 

« Ça l'écartelait. Ça tirait. Ça faisait mal. C'était bon. C'était bien. C'était ce qu'il voulait. »

~ p 264 / Sebastián

 

« Il n'y avait qu'avec Rafael qu'il pouvait se montrer tel qu'il était : odieux, arrogant, avide et avili. »

~ p 265 / Sebastián

 

Theodore Koshka, Candombe Tango, Tome 1 - Les revenants de Brezo paru chez Mix Editions. 282 pages. 14 €


Article paru en version écourtée dans le Pays Briard le 09.04.2019

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