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  • Photo du rédacteurChloé

Cin’express : Février 2020

🎥 Cin’express :

Février 2020 🎥

 

🎬 Le Voyage du Docteur Dolittle : 2,5/5

A mille lieues de la comédie lourdingue des 90's portée par Eddy Murphy, cette nouvelle adaptation de l'oeuvre de Hugh Lofting se revendique clairement comme un grand film d'aventures familial. Un parti-pris rassurant qui rapproche davantage la trame des romans originaux.

De fait, le long-métrage de Stephen Gaghan ne lésine guère sur les moyens et en impose d'emblée par son esthétisme : animaux en images de synthèse plus que crédibles, paysages grandioses, ère victorienne délirante, manoir somptueux au capharnaüm fourmillant de détails...

Passée une très jolie introduction animée, la première heure est agréable à suivre, élevée par un Robert Downey Jr. épatant en docteur excentrique et brillant - un style que l'acteur a su perfectionner tout au long de sa carrière, de Tony Stark à Sherlock Holmes. Il donne à son personnage un tempérament nerveux, loufoque et attachant qui le hisse d'emblée en atout phare de cette adaptation. Irrésistible comme à son habitude, il cabotine tout en dégageant cette aura touchante et fragile qui lui va si bien. A ses côtés, le jeune Harry Collett incarne parfaitement son jeune apprenti pétri d'idéalisme et de naïveté : le tandem fonctionne bien, dégage une véritable sympathie qui demeurera intacte sur l'ensemble de leurs péripéties. En mystérieux bandit exotique, Antonio Banderas nous honore d'une apparition des plus réjouissantes.

On était donc en droit d'attendre beaucoup de ce Docteur Dolittle version 2020, sorte de vétérinaire exubérant, rejeton improbable d'Indiana Jones et Jack Sparrow.

Hélas, le film s'entête à miser davantage sur la comédie que sur le potentiel épique de son scénario. Résultat, à multiplier les vannes, il se montre de moins en moins inspiré et finit par s'enliser totalement dans son humour potache - le comble en revient à une blague scatophile qui survint à un moment clé du dénouement... Niveau résolution épique, difficile de faire pire !

En antagoniste, Michael Sheen a beau se démener comme un diable, il peine à s'imposer ; il nous délivre un jeu qui n'est pas sans rappeler les pires heures de sa carrière, à savoir son interprétation grandiloquente dans Twilight.

Si le film offre un panel de personnages secondaires à fourrure, à nageoires et à plumes plutôt sympathiques, notamment le perroquet fin psychologue Polly, le gorille trouillard Chee-Chee et surtout Plimpton l'autruche récalcitrante, il est également victime de personnalités détestables : la palme revient à l'écureuil Fleming, lequel obtient haut la main les répliques les plus agaçantes de tout le casting ! A lui seul, ce rongeur symbolise tout ce qui ne va pas sur cette production.

En dépit de tout cela, on retiendra un joli message sur la protection animale, la performance de Robert Downey Jr. et son indiscutable réussite visuelle. Pour le reste, on est loin du succès espéré. A réserver aux plus jeunes, exclusivement.

 

🎬 Judy : 3,5/5

C'est fraîchement auréolé de son Oscar de la meilleure actrice que Judy, biopic acidulé sur la fantastique Judy Garland, débarque dans les salles françaises.

Loin du tape-à-l’œil grandiloquent redouté, Rupert Goold, professionnel du monde théâtral à la filmographie réduite (seulement quatre films à son actif mais aucun échec), s'attarde avec beaucoup de pudeur sur les derniers mois de la comédienne. En découle un long-métrage sensible, délicat, à la mise en scène inspirée, sans effusion ni pathos. Quelques plans marquent véritablement l'esprit, comme cette scène où l'adolescente sauvage défie les diktats en plongeant contre la volonté de ses producteurs dans une piscine trop froide. D'une façon générale, les flash-backs narrant les débuts de la vedette à la MGM, les tensions avec Louis B. Mayer, la célébrité jouissive survenue après sa prestation dans Le Magicien d'Oz et la pression exercée sur l'adolescente pour la mettre au pas dans une industrie despotique, sont particulièrement bien utilisés.

En jeune Judy, la petite nouvelle Darci Shaw fait des étincelles. En immense star sur le déclin, étoile filante prête à s'éteindre, Renée Zellweger est effectivement merveilleuse ; sa prestigieuse statuette est amplement méritée - elle apparaît ici au sommet de son talent, renouant avec ses grandes prestations d'autrefois, elle qui, depuis plus d'une décennie, connaît une traversée du désert des plus ardues. Est-ce parce qu'elle s'est reconnue en cette icône brisée, huée par un public qui autrefois l'adulait, reléguée au rang d'has-been par les hautes sphères hollywoodiennes ? Qu'importe l'inspiration, l'auto-identification entre Renée et Judy. La prestation est là : époustouflante, vibrante, sur le fil. Zellweger incarne une femme perdue, qui se bat pour ses enfants mais finit par s'élever, seule, via sa passion de la scène. Solitaire et exploitée, en demande permanente d'amour et farouchement indépendante, c'est là tout le paradoxe de ce personnage brûlé par les feux de la rampe, paradoxe que l'actrice américaine rend avec une dignité brisée. Les failles de cette grande figure artistique sont traitées avec une élégance infinie, les travers sont montrés sans chercher à les excuser à tout prix. Parfois odieuse, souvent bouleversante, Judy/Renée traverse la scène comme le fantôme d'une époque révolue, en quête de sa gloire passée.

On regrette toutefois une dernière demi-heure qui s'éternise inutilement alors que le dénouement, lui, s'avère étonnamment expéditif. Qu'importe après tout : à défaut d'être un chef-d'oeuvre, Judy reste un joli film, convenu et poignant. Un joli film qui aura permis à Zellweger d'effectuer un retour de toute beauté. L'étoile, ici, se décline au pluriel : Renée et Judy, même combat.

 

🎬 Sonic le film : 3/5

Dire qu'on n'attendait rien du film live Sonic est un sacré euphémisme... Dès sa première bande-annonce, début 2019, le long-métrage est brutalement descendu sur Internet ! Les critiques (justifiées du reste) s'attaquent avec virulence au design de leur hérisson bleu favori, dézinguant le projet en bonne et due forme. Coup de théâtre : le réalisateur Jeff Fowler et ses sociétés de production décident de réagir en conséquence. La sortie est décalée de plusieurs mois pour remédier à d'importants changements esthétiques sur le petit héros. De ce coup de massue, l'équipe riposte par un superbe coup marketing : en écoutant les fans, en répondant favorablement à leurs doléances, ils viennent de s'offrir un nouveau départ en or, doublé d'une sacrée publicité.

De quoi échapper à la lapidation publique ? Clairement : OUI.

Si Sonic n'est pas un chef-d'oeuvre, il s'inscrit, tout comme Détective Pikachu, dans la lignée des - rares ! - bonnes adaptations tirées de jeu vidéo, respectueux du matériel original et très plaisants à suivre.

L'humour, omniprésent, est certes un peu pataud et rate parfois le coche, toutefois il marche généralement très bien, surtout pour le jeune public.

Film d'aventures familial par excellence, cette co-production SEGA/Paramount offre des scènes d'action ébouriffantes et n'hésite pas à pousser son concept à son paroxysme. La trame, survoltée, tiendra en haleine les enfants et devrait faire vibrer sans difficulté la fibre nostalgique des adultes. Ajoutons à cela une BO rétro qui reprend les compositions phares du jeu, Queen et The Poppy Family... Le plaisir coupable est à son apogée.

La forme est donc très distrayante et jouissive mais ce n'est pas son unique atout. Ainsi, le fond tient étonnamment bien la route : le scénario, plus malin qu'il ne le semble de prime abord, est doublé de bons messages. On notera des métaphores sur le racisme, l'adoption et l'acceptation de la différence, de même qu'une bonne réflexion sur l'ambition professionnelle et la solitude.

Sonic est d'ailleurs un très bon personnage principal, attachant et sympathique, déjanté et touchant - son caractère pré-adolescent lui permet de gagner d'emblée l'affection des enfants et justifie les délires hyper-actifs du protagoniste, son ton gouailleur et ses réactions souvent immatures.

Le tandem formé entre la mascotte super-sonique et le flic débonnaire Tom Wachowski (James Marsden, toujours à l'aise dans ce type de registre) fonctionne à merveille. Le duo de ce dernier avec la vétérinaire Maddie (Tika Sumpter) présente un joli couple mixte, fusionnel et complice, qui instaure une diversité bienvenue au sein des blockbusters. Cette héroïne, bien que secondaire, est d'ailleurs bien écrite et son temps de présence à l'écran est convenablement exploité.

Niveau performance, Jim Carrey en Dr Robotnik est tout naturellement l'attraction majeure du casting. Fort de ses prestations exubérantes et ses mimiques cartoonesques, il est comme toujours hilarant. Son savant-fou totalement déjanté rappelle ainsi les premières heures de sa carrière, de The Mask à Ace Ventura en passant par Disjoncté. Si on est loin de ses prestations les plus mémorables et des films qui ont assis sa notoriété d'acteur caméléon (The Truman Show, Eternel Sunshine of the Spotless Mind), Carrey est visiblement ravi d'endosser le costume de son méchant moustachu et n'hésite pas à en faire des tonnes : en roue-libre totalement assumé, toute en grimaces et jeu de jambes mémorable, porté par cette aisance rythmique si particulière pour déblatérer ses tirades, l'acteur s'éclate et nous avec. Il est d'ailleurs épaulé à la perfection par son acolyte l'Agent Roc, incarné avec un flegmatisme plus que probant par Lee Majdoub. Le décalage entre un Carrey hyperactif asocial et un Majdoub placide en totale admiration devant lui rend leur tandem particulièrement efficace.

Vous l'aurez compris mais le long-métrage de Jeff Fowler n'est en rien le navet tant redouté par les spectateurs. S'il est moins abouti visuellement que Détective Pikachu, Sonic reste une belle surprise à voir en famille, un film fantastique bourré de péripéties, généreux et prometteur. Pas de quoi bouder son plaisir en attendant une potentielle suite largement vendue par les scènes inter-génériques.

 

🎬Birds of Prey & la fantabuleuse histoire d'Harley Quinn : 4/5

Alors que Justice League et Suicide Squad laissaient présager le pire pour le DCU, le studio a effectué un retour en force fin 2019 avec l'excellent Joker ! Primé aux Oscars, DC semble désormais inverser la tendance et s’apprêter à prendre une belle revanche sur son concurrent de toujours : Marvel. Une tendance qui tend à se confirmer avec Birds of Prey et la fantabuleuse histoire d’Harley Quinn, laquelle est toujours incarnée par la non moins fantabuleuse Margot Robbie.

La réalisatrice Cathy Yan semble avoir retenu la leçon : des échecs de ses prédécesseurs, elle tire un film choral parfaitement exécuté. Décomplexé sur la forme entre son avalanche de paillettes et ses feux d’artifices à gogo, envoûtant par ses couleurs psychédéliques, délirant dans ses scènes d’action chorégraphiées au millimètre près, porté par un humour dévastateur, le long-métrage offre du divertissement sophistiqué et flamboyant dépourvu du moindre temps mort.

Yan assume pleinement son parti-pris : ces oiseaux de proie doivent être cools et ils le sont, ô combien ! La preuve qu'on peut botter le cul du patriarcat en talons compensés et salopette dorée sans perdre une once de crédibilité.

Par certains aspects, la production rappelle le ton décontracté et badass du Charlie's Angel version 2000, la violence jouissive d'un Tarantino, tout en revendiquant avec humour ses références aux classiques du 7ème Art - Orange Mécanique et son fameux Korova Milk Bar, Taxi Driver, Fedora ou encore Les Hommes préfèrent les blondes, dans un pastiche musical délirant très inspiré du fameux Diamonds are a girl's best friend.

Il conserve toutefois un esthétisme qui lui est propre, dans un univers très coloré et kitsch, que vient contrebalancer la crasse des rues mal famées de Gotham. Comme si Harley Quinn finissait par imposer sa loufoquerie au monde terne de Batman...

Si divertissant soit-il, le film s’avère pourtant sérieux dans le traitement de ses héroïnes. Contrairement à ce qu’on pouvait redouter, aucune n’est reléguée au second plan.

Bien qu'Harley soit la narratrice de cette histoire, proposant ainsi une chronologie déstructurée qui sied parfaitement à son caractère instable, chaque personnage parvient à exister.

Qu’il s’agisse d’Harley, de la détective Renée Montoya, de la vengeresse Helena Bertinelli ou de la chanteuse badass Dinah Lance, leur développement, leur parcours et leur émancipation ne sont jamais pris à la légère. Chacune, en effet, doit accomplir une sorte de parcours initiatique pour s'extirper du monde machiste auquel elle est confrontée : Montoya peine à être prise au sérieux par ses collègues masculins, lesquels s'accaparent tout son mérite ; Bertinelli prend sa revanche sur les mafieux qui ont anéanti sa vie et espère ainsi être en paix avec elle-même ; Dinah doit échapper à l'emprise toxique de son patron ; Harley doit bien entendue apprendre à exister de nouveau par elle-même, sans le Joker ni aucun autre pseudo-protecteur malsain.

Chacune se débrouille pour atteindre ses objectifs en solo mais c'est bel et bien en groupe qu'elles atteignent la quintessence de leurs capacités : une belle ode au Girl Power si souvent railler, sans niaiserie ni effusion.

Devant la caméra de Yan, ces méchantes filles ne sont jamais sacralisées pour autant, chacune est mémorable et impose sa propre personnalité au fil des péripéties. Sexy sans être sexualisées à outrance, toutes possèdent donc un tempérament qui leur est propre, tempérament qu'elles ne trahiront du reste jamais - la décision finale d'Harley en est l'exemple le plus probant.

Le ton est ainsi férocement féministe, sans être rébarbatif ou misandre : le rendu est fun, déjanté et engagé, plutôt atypique dans l’univers des blockbusters actuels.

Robbie, Mary Elizabeth Winstead, Jurnee Smollett-Bell, Rosie Perez et leur petite protégée Ella Jay Basco (Cassandra Cain) offrent d’ailleurs une belle diversité ainsi qu'une alchimie palpable : toutes les actrices sont mémorables dans leur rôle.

En antagoniste principal, Ewan McGregor s’impose tout naturellement en dandy dégénéré. Sadique, suave et cinglant, Roman Sionis/Black Mask véhicule un charme tour à tour sophistiqué et glaçant, passant de séducteur aux dents longues à psychopathe instable en l’espace d’une scène. Pervers narcissique poussé à son paroxysme, c'est bien lui qui gravite au cœur de l'intrigue, chacune des filles ayant une bonne raison de vouloir sa peau - et vice-versa. Il est leur prédateur naturel, celui qui soumet, qui violente, qui humilie, qui ne supporte pas qu'on lui fasse de l'ombre... La confrontation des oiseaux de proie face à ce gentleman au look sophistiqué, grand amateur d'écorchement et autres réjouissances, n'en est que plus puissante.

Pour pimenter ce cocktail explosif, entre casting impeccable et mise en scène inspirée, on ajoutera une bande-originale parfaitement adaptée, laquelle mêle les partitions originales de Daniel Pemberton à ADONA, Lauren Jauregui ou encore Charlotte Lawrence. L'actrice Jurnee Smollett-Bell interprète également dans un tableau saisissant de puissance et de douleur contenue l'emblématique It's a Man's Man's Man's World - ironie quand tu nous tiens...

Seules ombres au tableau : la gamine incarnée par Ella Jay Basco, élément déclencheur de l’intrigue, ne parvient jamais à être autre chose que la petite voleuse gaffeuse et peu attachante qui traîne sa moue boudeuse dans l’ombre du quatuor principal ; le personnage de Victor Zsasz reste peu exploité, cantonné au statut de subalterne entiché de Sionis ; et enfin, l’absence totale du Joker, lequel semble s’être purement et simplement volatilisé de Gotham, dont il est pourtant le roi du crime incontestable.

Toutefois, pas de quoi bouder son plaisir. Avec ses tenues à strass et ses punchlines décalées, Harley Quinn vient de s'imposer comme la reine terrible du blockbuster super-héroïque féminin et féministe.

 

🎬 Le Prince Oublié : 2/5

Il y avait bien longtemps que Michel Hazanavicius n'avait pas connu un tel revers de médaille... Il faut bien l'avouer : le réalisateur idolâtré de La classe américaine, OSS 117, The Artist ou encore Le redoutable s'est planté en beauté.

Son postulat semblait pourtant offrir des promesses infinies : Djibi, un père de famille célibataire (incarné par Omar Sy), raconte à sa fille Sofia de merveilleuses histoires pour l'endormir. Dans ces aventures de son cru, il est le Prince vaillant, celui qui surmonte tous les dangers. De ces histoires naît un monde enchanté, pareil à un immense studio de cinéma, où chaque personnage évolue librement et trouve refuge dans sa loge une fois son conte achevé. Mais, lorsque Sofia grandit et s'éprend d'un garçon de son âge, le piédestal de Djibi vacille et l'univers imaginaire menace de s'effondrer à son tour...

A priori, on pouvait espérer du Prince oublié une douce fable gentiment barrée sur le passage à l'adolescence, les rapports filiaux, le deuil, la force créatrice et l'hérédité. Hélas, l'univers créé par Hazanavicius manque cruellement de fantaisie et d'inventivité... Pire, la poésie ne se manifeste jamais, là où les thématiques s'y prêtaient parfaitement ! Ces studios n'ont rien de féerique, les héros qui s'y promènent sont d'une banalité affligeante, bref rien de bien foudroyant à l'ère Pixar.

Plus difficile à digérer encore : les protagonistes ne sont pas attachants, se montrant souvent odieux ou détestables, à l'exception de l'impeccable Bérénice Bejo et du jeune acteur prometteur Néotis Ronzon. Quant à l'humour et le sens du bon mot, si chers au réalisateur scénariste, ils sont aux abonnés absents.

Mais le plus impardonnable réside dans le fait que le scénario ne sait jamais à qui s'adresser ! Aux enfants ? Ces derniers s'ennuieront bien vite et décrocheront face à une trame brouillonne. Aux ados ? Le cynisme propre à cet âge les empêchera de s'identifier à la vision gentillette du long-métrage. Aux adultes alors ? Là encore, les longueurs et les bons sentiments écœurants de mièvrerie auront raison des plus de dix-huit ans. A vouloir toucher tout le monde, Hazanavicius ne touche malheureusement personne.

Un conte raté qu'on se hâtera d'oublier.

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