Chloé
Cinâexpress : The Crazies
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đŹ de Breck Eisner â avec Timothy Olyphant, Radha Mitchell, Danielle Panabaker đ Sortie : 9 juin 2010

Sâattaquer au film Ă©ponyme de George A.Romero, lâun des maĂźtres incontestĂ©s de lâĂ©pouvante, tenait pour ainsi dire du suicide⊠Romero, depuis 1969, est sans conteste une pointure du cinĂ©ma dâhorreur. Comment ne pas douter lorsque Breck Eisner, un parfait inconnu, est en charge de la rĂ©alisation ? Curieusement, ce remake troublant ne déçoit jamais les attentes. Mieux : il les surpasse. Car il y a dans The Crazies un style indĂ©niable, nerveux et chaotique, qui alterne une rĂ©alisation quasi-documentaire Ă une fureur dĂ©complexĂ©e. Depuis longtemps, le cinĂ©ma dâĂ©pouvante ne câĂ©tait pas offert un chef-dâĆuvre capable dâĂ©galer les grands films des annĂ©es 70. Avec The Crazies, câest chose faite. Par le sujet quâil aborde, terriblement actuel (celui du virus et de lâenjeu de la science lors dâune guerre), le scĂ©nario sâinscrit dans le film catastrophe tout en Ă©vitant son cĂŽtĂ© mĂ©lodramatique et grand spectacle. Dâune sobriĂ©tĂ© exemplaire, Eisner nâa rien Ă envier au grand rĂ©alisateur qui lâa prĂ©cĂ©dĂ©. Avec une habilitĂ© surprenante, il joue sur la paranoĂŻa, pose ses hĂ©ros dans des situations extrĂȘmes, profite du moindre moment de rĂ©pit pour capter lâattention du spectateur sur lâhorreur tapie dans chaque recoin. Ces moments dâangoisse, aussi courts quâefficaces, ne tardent pas Ă mettre les nerfs du public Ă lâĂ©preuve. AprĂšs une prĂ©sentation rapide de ses personnages, il sâapplique Ă briser leur monde et leurs convictions, leur imposant des choix toujours plus durs⊠A quel moment, au juste, lâhistoire bascule-t-elle ? En rĂ©alitĂ©, le bonheur prĂ©caire dans lequel sâillusionne ses habitants vacillent dĂšs la mise en place de lâintrigue. Les personnages principaux, rescapĂ©s du virus (mais pour combien de temps encore ?), sont en quĂȘte dâune vie normale, du mirage de bien-ĂȘtre et de sĂ©curitĂ© dans lequel ils ont si longtemps vĂ©cus, quitte Ă affronter lâensemble des fous qui rĂŽdent dans les parages⊠Leur confiance en lâEtat, sĂ©rieusement Ă©branlĂ©e, nâest que la continuitĂ© de cette recherche de bonheur effrĂ©nĂ©e quâils nâatteindront sans doute jamais. BrisĂ©s, affaiblis mais poussĂ©s par un instinct de survie terrifiant, ils affronteront le pire et apprendront Ă se mĂ©fier de tout et surtout dâeux-mĂȘmes. En campant les survivants de cette rĂ©gion rurale dĂ©sertique, Timothy Olyphant, Radha Mitchell, Danielle Panabaker et Joe Anderson sont incroyables⊠Surplombant le quatuor, Olyphant et Mitchell, magnifiĂ©s, forment un couple sensas qui livre un combat acharnĂ© contre la folie, seul Ă©lĂ©ment inoxydable du film. Si The Crazies reste un excellent thriller horrifique, il nâest pas pour autant dĂ©nuĂ© dâengagement, comme le montre ses prĂ©occupations politiques. Fable antimilitariste engagĂ©e, critique du contrĂŽle absolu quâexerce le gouvernement et des politiques de quarantaine, le scĂ©nario dĂ©nonce le systĂšme amĂ©ricain avec une aciditĂ© dĂ©routante. Au fond, une vision trĂšs noire et pessimiste de lâauto-dĂ©fense Ă©tatsunienne⊠The Crazies est un chef-dâĆuvre camĂ©lĂ©on, oĂč le film catastrophe cĂŽtoie le thriller psychologique, lâhorreur et lâaction. Angoissant Ă lâextrĂȘme et visuellement irrĂ©prochable portĂ© par des acteurs au sommet.


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