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Mille & un mots avec... Mickaël Brun-Arnaud

Mille & un mots avec...

Mickaël Brun-Arnaud

Un conteur à l’orée des bois


Alors que ses Mémoires de la forêt remportent un vif succès auprès du public et cumulent de nombreux prix (Babelio jeunesse, Dimoitou-Ouest-France, Talents Cultura), Mickaël Brun-Arnaud s’est prêté aux Mille & un mots

Une rencontre tout en douceur et bienveillance, à l’image de ses récits.


Bonjour Mickaël ! Avant d’évoquer ton parcours d’auteur, j’aimerais revenir sur ton amour de la littérature… Quel lecteur es-tu ? Quels auteurs te tiennent à cœur ?

Bonjour et merci pour cette belle opportunité de m'exprimer ! Je suis, je pense, un lecteur assidu : je lis plus de quatre-vingt romans et plus de deux cents bandes dessinées/manga pour les accompagner tout long de l'année. Mes genres de prédilection : la littérature américaine, avec le nature writing, les westerns et les grands espaces ; et à l'opposé, la littérature anglaise gothique. Mon auteur préféré, jusqu'à présent, est Larry Mc Murtry. Je suis un grand adorateur de sa série Lonesome Dove qui, à mon sens, possède les plus beaux personnages de la littérature ; et en particulier, les personnages féminins.


Peux-tu revenir sur ta passion de la culture nippone ?

Tout a commencé par l'achat d'un tome 1 de Dragon Ball d'occasion à 10 francs dans une brocante lorsque j'étais tout petit. C'est la bande dessinée japonaise qui m'a poussé à explorer la littérature, la cuisine et l'ensemble de la culture nippone


Cet attrait pour le Japon t’a poussé à ouvrir deux établissements dans le 5ème arrondissement de Paris. Comment sont nés la librairie Le Renard Doré puis Le Renard Café, en association avec la Pâtisserie Tomo ?

Le Renard Doré est né de ma volonté de créer une librairie "généraliste" du manga ; une librairie spécialisée où des néophytes pourraient se rendre en toute confiance pour découvrir un genre qui leur était jusqu'à alors refusé par les initiés. J'ai voulu ma librairie inclusive, fantaisiste, loin des stéréotypes japonais mais tout en y intégrant des éléments importants de la culture nippone : la saisonnalité et le rapport à la nature, le sens du service, l'élégance... L'ensemble est un hommage, entre autres, à la poésie de la filmographie des studios Ghibli. Le café est né de cette même volonté de proposer des expériences et des environnements en rapport avec une même passion. Tomo me semblait le partenaire parfait pour cette aventure.


Parallèlement à la librairie et au café, une autre aventure t’attendait : la rédaction d’un roman. As-tu une méthode d’écriture particulière ? Quelles sont tes habitudes d’auteur ?

Pour écrire, j'aime généralement m'isoler pendant une longue période et me consacrer entièrement à mon projet ; ce qui est très difficile lorsque tu es également chef d'entreprise et propriétaire d'un petit beagle adorable... J'apprends, depuis cette année, à distribuer mes écrits ; mais ce n'est pas facile ! Concrètement, j'aime réfléchir à un plan général que je vais explorer au fur et à mesure de mon écriture, histoire de me laisser surprendre !



En 2022, Mémoires de la forêt : Les souvenirs de Ferdinand Taupe, ton premier roman destiné à la jeunesse, paraissait aux Editions Ecole des Loisirs. Peux-tu revenir sur la genèse d’un tel projet ?

Ce projet est un hommage aux personnes que j'ai rencontrées tout au long de ma carrière de psychologue : les patients et patientes atteints de maladies neurodégénératives et leurs aidants. Par le biais de la littérature jeunesse et d'une histoire anthropomorphe, j'espérais toucher en plein cœur le maximum de lecteurs et lectrices, les sensibiliser à des pathologies et aux façons de communiquer avec ceux et celles qui n'ont plus les mêmes codes de communication. J'ai écrit ce projet pendant le premier confinement, en partant de deux postulats : "Et s'il n'existait qu'un seul et unique exemplaire de chaque livre ? " mais aussi "Et si tout partait d'une coquille de noix ? ".


Si je te demandais trois mots pour définir ton œuvre, quels seraient-ils ?

Amitié, bienveillance et mémoire !


Pourquoi avoir privilégié des animaux anthropomorphes pour incarner tes héros ?

Je pense que les animaux permettent de procéder à une véritable distanciation, d'être impliqué sans l'être ; d'apporter des éléments joyeux, fantaisistes et confortables dans une problématique difficile. Pour sensibiliser sans donner de leçons.


En parlant d’animaux, le renard semble être ton animal totem… On le retrouve dans chacun de tes projets. D’où te vient cette affection pour les goupils ?

Même si je suis plutôt "ours", le "renard" m'accompagne depuis maintenant plusieurs années. Il est à la rencontre de ma région natale, la Provence, et mes affections nippones où le kitsune a énormément de symboliques associées !



Tu es diplômé en psychologie. Dans quelle mesure ce parcours a-t-il forgé ton approche bienveillante des personnages, la complexité de leur mentalité ?

Dans mon métier, j'ai dû, je pense, travailler très rapidement sur les notions de perte et de deuil. La pratique de la psychologie en milieu hospitalier, et dans des services de gérontologie, m'a mis face à ma propre mortalité, aux conséquences psychologiques de la sénescence. Je pense que, face à quelqu'un qui s'en va et quelle que soit la manière dont il s'en va, notre rôle est de mettre, si possible, nos sentiments de côté, et d'accompagner ces itinérants vers leur dernier voyage avec tout l'amour, la douceur et la bienveillance que notre humanité nous permet. C'est un moment de la vie dont le seul enjeu, à mon sens, est de partir en paix. Quand le corps et l'esprit de l'autre s'éteignent, nous sommes les derniers gardiens du passé.


L’histoire, bien qu’accessible au plus grand nombre, a différents niveaux de lecture qui toucheront différemment petits et grands. Que souhaites-tu insuffler aux enfants et aux adultes ?

Derrière tout comportement qui me heurte ou que je ne comprends pas, il y a une raison, une émotion. J'ai du mal à croire qu'il existe des personnes volontairement malfaisantes dans le monde qui nous entoure, chacun cache une émotion derrière ses actions. Mémoires de la forêt n'a pas de vrai méchant, le temps et la mort en sont les seuls antagonistes.


L’ambiance sylvestre donne à ton intrigue une atmosphère très singulière, à la fois poétique et mélancolique. Il y a une touche très Ghibli dans un contexte très européen. Qu’incarnent les bois à tes yeux ?

Je pense que je suis resté sur la vision de Bruno Bettelheim dans La psychanalyse des contes de fée : je pense que les bois incarnent le lieu du changement, et plus personnellement, par leur longévité, je crois qu'ils incarnent également, en quelque sorte, la mémoire du monde. Alors, pourquoi pas celle d'une toute petite taupe très courageuse nommée Ferdinand ?


Comment s’est déroulée la collaboration avec Sanoe, l’illustratrice de ton texte ? Vous connaissiez-vous au préalable ? Lui avais-tu donné quelques indications sur tes ambitions et tes attentes ?

Nous nous sommes rencontrés grâce à une précédente collaboration au Renard Doré ; et, à ce moment-là, j'avais un rendez-vous de programmé avec l'École des Loisirs. Sanoe m'a conseillé sur la façon d'appréhender le rendez-vous et est repartie, le soir venu, avec mon manuscrit sous le bras. Inspirée par les chapitres qu'elle lisait, elle a commencé à esquisser Archibald et Ferdinand dans le train. C'est ainsi que notre aventure commune a commencé !



Ton univers forestier et sa galerie de personnages appellent à plusieurs suites… Combien de tomes te viennent en tête lorsque tu songes à ton joli monde ?

J'ai prévu quatre tomes des Mémoires, et j'en ai déjà écrit trois. Chaque tome sera en rapport avec une saison différente. Au bout d'une année, la boucle sera bouclée !


Ce premier roman a été unanimement plébiscité par les lecteurs et les professionnels du milieu… Comment vis-tu cette reconnaissance ? Est-elle une source de pression pour les suites annoncées de Mémoires de la Forêt ?

Ce qui m'a bouleversé, c'est que les Mémoires ont réussi à remettre le sujet des maladies neurodégénératives sur la scène de la littérature et de l'actualité, et ont permis, à mon sens, à chacun et chacune de libérer des émotions cachées du passé. Un grand nombre d'entre nous ont du composer avec un grand-parent malade, ou avec un parent devenu "aidant" ; et j'ai reçu de nombreux témoignages racontant que la lecture des Mémoires a été cathartique, qu'elle a permis de dédramatiser des situations de leurs histoires personnelles. C'est ma plus belle victoire.


Quels projets nous réserves-tu pour le futur ?

De l'écriture, toujours de l'écriture ! Et d'autres surprises dont je ne peux parler pour le moment...


Peux-tu nous parler de ton prochain livre, Les vallées closes, annoncé pour janvier 2023 ?

Ce roman est un drame social, presque un roman noir, qui conte les destins entrelacés de trois personnages sur les terres de ma Provence natale. Voici le synopsis proposé par mon éditeur :

Qui peut dire ce qu’il s’est vraiment passé entre Paul-Marie, fonctionnaire quadragénaire bien sous tous rapports, et Enzo, jeune adulte atteinte déficience intellectuelle, la nuit où il l’a recueilli au bord de la route ?

Dans ce village reculé où les préjugés sont rois et où l’on condamne toute forme de différence, la vérité importe peu. Et Paul-Marie est contraint de se cacher dans le grenier de Claude, sa mère, pour échapper à la vindicte populaire. Paul-Marie, Enzo et leurs mères respectives, nous livrent tour à tour leurs histoires. Passé et présent se répondent dans ces récits faits de sang et de larmes, de drames et de fatalité, mais aussi de tendresse maladroite et d’amour chuchoté.

Une tragédie moderne poignante sur le déterminisme social autant qu’un roman fort sur l’amour maternel dont l’inconditionnalité ravage parfois tout.


Que peut-on te souhaiter pour la suite ?

Une adaptation des Mémoires de la forêt en anglais. C'est mon rêve le plus cher, aujourd'hui ; de pouvoir partager ma forêt avec le monde entier.


Merci à Mickaël pour sa gentillesse et ses réponses !

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