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L’avis des libraires ~ 225ème Chronique : Femmes libres de la mythologie

L’avis des libraires ~ 225ème Chronique :

Femmes libres de la mythologie :

12 portraits qui nous inspirent

d'Anne Lanoë & Alice Dussutour

Féminisme Mythologique

Les mythologies abondent de figures saisissantes, de héros au tempérament marquant et au parcours épique : guerriers pugnaces, manipulateurs de renom, disciples des tout-puissants, ennemis des Dieux, simples mortels, héritiers d’êtres supérieurs… Que leur destin ait été radieux ou terni par la mauvaise fortune, leur histoire a survécu au temps, louée par les poètes, magnifiée par les peintres, interprétée par les romanciers, mise en image par les cinéastes.

Les légendes grecques, bien sûr, ne sont pas en reste. En la matière, les hommes comme les femmes ont laissé un souvenir impérissable dans l’imaginaire collectif.

Elles répondent au nom de Gaïa, Aphrodite, Déméter, Athéna, Méduse, Artémis, Cassandre, Thétis, Penthésilée, Circé, Ariane et Antigone... Si toutes sont très différentes, elles partagent néanmoins une même qualité : qu’importe les armes utilisées ou l’objectif final, ce sont des battantes. C’est à ces personnages surgis de l’Antiquité, déesses ou humaines, que notre album du jour rend honneur.

Comme le dit si bien Anne Lanoë dans son préambule #mytho, ces femmes « luttent pour faire valoir leurs droits et pouvoir exister, être libres, vivre selon leurs convictions ». Ce ne sont pas tant des « exemples à suivre » au pied de la lettre que des icones « de courage et de libre-pensée » - emblèmes que nous pouvons interpréter, nous réapproprier pour en tirer le meilleur. Si ces héroïnes ou anti-héroïnes sont fascinantes, complexes, braves, entières mais aussi parfois cruelles et terribles, elles se sont néanmoins érigées en figures indémodables, affranchies des époques.

Penthésilée, reine des Amazones

Le défi réside surtout à les placer dans un cadre bien défini : celui de l’album jeunesse. Contrairement au très joli Mes plus belles histoires de princesses de l'Antiquité de Roxane Marie Galliez et Cathy Delanssay, l’ensemble s’avère étonnamment peu édulcoré. Lanoë ne cherche pas à atténuer les plus sombres penchants de ces protagonistes, ni à amoindrir les drames ou les violences subies. C’est ici que réside la véritable force des portraits choisis : elle les place certes à hauteur d’enfants, leur permettant d’être accessibles aux plus jeunes, mais ne s’emploie jamais à les sacraliser. Un exercice de vulgarisation quasi-philosophique dont elle s’acquitte avec brio.

On peut par ailleurs souligner la diversité des figures choisies : l’animalité féroce de Circé, les prouesses physiques de Penthésilée, la rébellion dévote d’Antigone, l’amour maternel de Thétis ou de Déméter, l’insoumission d’Artémis, la détermination de la sage Athéna, la passion d’Ariane ou d’Aphrodite... Ne sont pas exclues les grandes martyres de la mythologie, comme la malheureuse médium Cassandre à laquelle nul n’accorde foi ou Méduse, transformée en gorgone par jalousie.

Chaque portrait commence par une courte introduction (l’autrice prend soin de mentionner l’équivalent romain de chaque personnalité lorsqu’il existe) et s’achève sur quelques lignes venues souligner la pertinence de son choix.

Ariane, l'amoureuse

Enfin, impossible de conclure cette chronique sans louer les illustrations d’Alice Dussutour. Pour s’attacher à pareil projet, on pouvait difficilement rêver mieux que cette dessinatrice féministe, au style très reconnaissable.

Pour rendre hommage à la multitude de portraits proposés, la créatrice dresse une galerie très diversifiée : types de carnation, couleurs de cheveux, variations autour des coiffures et des tenues, corps tatoués ou peaux vierges, éphélides, grains de beauté… On peut louer l’idée que la déesse mère, Gaïa, soit représentée avec une peau rose vif et des cheveux bleus – elle ne ressemble à aucune femme, tout en étant l’origine de toutes. Les Néréïdes jouent sur leur nature fantastique, dévoilant une chatoyante crinière rose, parme, bleue ou verte.

Les morphologies répondent aux représentations antiques de la féminité, pulpeuses et souvent dénudées. Si la chair est régulièrement montrée, elle l’est toujours de façon très artistique, sans objectivation.

Dussutour dépeint avec autant d’adresse le charme occulte de Gaïa, la force brute de la reine des Amazones ou la détresse de Cassandre. Chaque illustration témoigne d’une réussite évidente, à la fois épurée et éclatante !


Pour toutes ces raisons, Femmes libres de la mythologie est donc un incontournable de la littérature jeunesse. Un ouvrage qui nous rappelle l’importance du courage, de la force et de l’abnégation, sans mépriser la douceur ou l’affection. A mettre entre toutes les mains, filles comme garçons, dès 11 ans.

Gaïa, la déesse mère libérée

Femmes libres de la mythologie : 12 portraits qui nous inspirent d'Anne Lanoë & Alice Dussutour aux Editions Fleurus, 48 pages, 14€95.

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