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L'avis des libraires - 237ème chronique : La Réfugiée des Highlands

L'avis des libraires - 237ème chronique :

La Réfugiée des Highlands de Gaida Mendoza

Un périple dans l'Ecosse médiévale

Anna doit bientôt se marier, une union dont elle ne veut pas. Elle prend alors la fuite et part en excursion sur les terres écossaises.

Mais l’intervention d’une entité surnaturelle va changer la donne : la voilà propulser dans le passé, à une époque dont elle ne connaît rien, confrontée à des mœurs différentes des siennes ! En ces landes d’un autre temps, elle va rencontrer Ariyal...


La région montagneuse des Highlands, un souffle de magie, une tendre passion et des rebondissements à foison… C’est le voyage auquel vous convie Gaida Mendoza. Pour sa première parution, cette dernière a opté pour une romance historico-fantastique – un pari audacieux qui entremêle donc trois genres aux codes bien précis.

Ici, on pense d’emblée à la saga Outlander. Comment ne pas y songer ? Sitôt que sont réunis amour impossible, voyage dans le temps et landes écossaises, il est difficile d’occulter la franchise (très lucrative !) signée Diana Gabaldon. Passée son postulat, la Réfugiée n’a cependant pas grand-chose en commun avec le couple Fraser. Pour le mieux ! Car en dépit d’évidentes similitudes entre les deux univers, Gaida a su créer un monde qui lui est propre.

Premier atout : l’intrigue est concentrée en un unique tome. La romancière ne ressent pas le besoin d’étirer inutilement son pitch sur plusieurs ouvrages. Pas de risque de lassitude : l’ensemble est mené tambour battant, regorge d’action, fourmille de rebondissements, n’accuse aucune longueur. Les scènes de combats et d’altercations comptent d’ailleurs parmi les plus réussies. Elles sont limpides, violentes, renforcent à merveille la sensation de chaos et d’urgence, sans jamais tomber dans la surenchère. Le tout se dévore ainsi très vite, en quelques heures de lecture.

Par instant, cet atout se retourne hélas contre l’autrice. L’enchainement survolté provoque parfois un sentiment de précipitation, certains passages semblent un peu confus. La trame est séparée en deux parties et la scission entre les deux laisse quelque peu perplexe : le ton change radicalement, prend une tournure surprenante qui pourrait laisser une partie du public sur le côté. Gaida veut accrocher ses lecteurs et elle y parvient – sans leur laisser toutefois l’opportunité de respirer ou de se focaliser sur le développement. Plutôt que d’adopter un style feuilletonnant, il aurait peut-être été préférable de creuser les enjeux ou les personnages, de laisser s’instaurer une ambiance… C’est d’autant plus frustrant car ni les protagonistes ni l’atmosphère ne manquent d’atout !

On sent l’affection que l’autrice porte à cette Ecosse médiévale. Les paysages sauvages, les étendues boisées, les descriptions de ces rivages escarpés baignés par l’aube, sont un réel régal à lire. Elle en dépeint les merveilles sans nier pour autant les difficultés, les injustices et la cruauté qui y fleurissent. Il n’y a pas d’idéalisation, ni de vision fantasmée. Comme la Gaélie elle-même, l’époque comporte son lot de beautés et de dangers, d’avantages et de risques. L’autrice souligne assez finement les similitudes entre cette ère révolue et notre XXIème siècle. En voulant fuir une union arrangée, Anna s’expose ironiquement à un mariage encore plus rude. Le poids des traditions, qu’il s’agisse de celui du laird ou d’une jeune fille de bonne famille, des contraintes liées au pouvoir ou de la pression parentale, est ici bien montré. La condition féminine, quelle que soit l’époque, n’est jamais idyllique…

De même, l’amour que la romancière voue à ses héros filtre à travers les mots. Elle parvient à rendre Anna et Ariyal attachants, à conférer à leur couple une dimension concrète, une histoire plausible et ce malgré la cadence effrénée de leurs péripéties. L’alchimie entre la volcanique Anna et le glacial Ariyal est visible dès leurs premiers échanges ; sans nul doute, ces deux-là font des étincelles.

Les personnages secondaires sont pour la plupart marquants, parviennent à étoffer l’univers de façon sympathique. On peut regretter que l’arc autour de Keira et Cainnech soit trop vite clos, tout comme celui de l’effrit. Ces figures survolées promettaient beaucoup…

Si certains éléments sont un peu prévisibles, la plume de Gaida rend cette aventure très plaisante à découvrir. Certes, elle tombe parfois dans certains excès mais pêche davantage par envie de bien faire que par absence de style. Malgré quelques maladresses, la plume garantit déjà beaucoup. Elle est pleine de personnalité, vive, fluide, use d’un vocabulaire varié et riche... Elle ne tend jamais vers la simplicité, cherche à peaufiner une forme qui lui est propre.

La Réfugiée des Highlands vous garantit une romance palpitante, portée par un rythme exalté. Des débuts prometteurs pour une jeune autrice qui ne l’est pas moins !


La Réfugiée des Highlands de Gaida Mendoza aux Editions Gloriana, 368 pages, 18€50. Dès 13 ans.


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