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L’avis des Libraires - 223ème Chronique : Kaamelott, Vol. 1 à 9

L’avis des Libraires - 223ème Chronique :

Kaamelott, Vol. 1 à 9

de Alexandre Astier & Steven Dupré

Systématiquement drôle mais toujours épique

Alors que la Table Ronde vient tout juste d'être installée à Kaamelott, le Roi Arthur Pendragon pousse ses chevaliers à s'investir dans diverses quêtes pour le bien et la prospérité du Royaume de Logres - un premier pas vers le Graal.

Toutefois sa fine équipe, toujours prompte aux engueulades, contestations et bourdes en tous genres, rencontre quelques difficultés pour honorer ses missions...


Livre I - L'avènement du Roi Astier

Il est difficile de résumer ce qu'est Kaamelott et, plus encore, ce qu'elle incarne pour la culture francophone. L'œuvre en question est étudiée dans des masters, s'impose en sujet de thèses ou s'invite dans les conférences. Une foule de parutions traite de son lexique, ses références historiques, sa pertinence sur la vie médiévale, sa genèse, sa philosophie. De nombreux vidéastes consacrent des chaînes YouTube à son sujet (notamment l'excellent Sy Play). C'est dire si le sujet est passionnant et ses thématiques variées ! Toutefois, en admettant que vous ayez vécu toute votre vie au fin fond d'un trou perdu en Carmélide prodigieusement doté d'une connexion internet, essayons d'expliquer ce qu'est la série, sans trop jouer les divulgâcheurs ni les élitistes.

Entre disciples d'Alexandre Astier, on se reconnaît d'emblée très vite. Mais c'est toujours un peu délicat, de parler de la série aux néophytes. Et bien plus encore de la louer devant ceux qui n'ont jamais pris la peine de lui accorder du crédit ou de suivre son évolution.

Kaamelott, c'est tout d'abord une comédie au format court destinée à remplacer Caméra Café sur M6. Rien de bien surprenant. Après tout, le public a toujours été féru de ce type de programmations très codifiées - Un gars, une fille ; Scènes de ménages ; Nos chers voisins etc. Mais Astier avait déjà décidé de jouer les trublions et d'envoyer gentiment valser toutes les conventions. Un peu comme Arthur, dont il est à la fois le créateur et l'interprète, Astier est précurseur sur de nombreux sujets. Et il entend bien mener son projet comme il l'entend. L'idée de génie, la voilà : proposer une variation piquante du mythe arthurien.

La shortcom classique se mue alors en une comédie fantastique à l'inspiration légendaire parfaitement maîtrisée. Drôle, irrévérencieuse, décomplexée, féroce, anachronique mais aussi étonnamment intelligente, Kaamelott fait mouche par son écriture et ses personnages. Elle établit son jargon, impose ses propres codes ; une foule d'expressions est aujourd'hui entrée dans le langage courant, en particulier les répliques de Karadoc, Perceval et Léodagan. Le casting est superbement choisi, chaque acteur incarnant parfaitement la dualité propre à chaque rôle - tous les personnages cumulent des qualités et défauts contradictoires, à l'exemple de Bohort, aussi courageux que couard.

L'humour repose sur tous les ressorts établis : les comiques de caractère, de gestes, de l'absurde, de mots, de répétition, de situation, le tout servi avec une bonne dose d'ironie. Les sarcasmes d'Arthur et Léodagan marchent toujours à la perfection, autant que l'ingénuité brillante de Perceval ou la poltronnerie exacerbée de Bohort. Il y a aussi le décalage provoqué par les multiples anachronismes et clins d’œil aux œuvres contemporaines, en complicité avec les spectateurs. Durant les six livres, on jonglera ainsi sur le bagou très familier, les alexandrins, les sombres monologues, l'amour courtois. Une prouesse qui résulte non seulement de la plume d'Astier mais aussi des comédiens incroyables qui portent le texte et l'interprètent à la perfection.

Résultat ? La série parle aux pégus comme au gratin. Elle touche la plupart des publics, sans distinction d'âge ou de genre. A la surprise générale, Kaamelott triomphe. Astier aussi.

Le succès critique et publique étant au rendez-vous, M6 valide bien sûr 600 épisodes supplémentaires calibrés sur la même recette. Mais Astier ne l'entend pas ainsi. La facilité l'indiffère. Au risque de perdre une partie des spectateurs, il a d'autres ambitions pour ses chevaliers. Il poussera son concept jusqu'au bout, fera voler en éclats les limites du format. Le budget augmente, la liberté aussi. Et ses aspirations peuvent désormais se concrétiser.

La bande-originale s'enrichit, les plans sont plus travaillés, les effets spéciaux également. Astier s'émancipe des studios étroits, des lieux supposés représenter Kaamelott. Le tournage s'exporte au Château de Montmelas-Saint-Sorlin, les errances de ses protagonistes le poussent jusqu'au Lac Vert de Passy ou au Mont Mézenc, à Ploemeur et Melrand. Son ultime saison lui ouvre les portes de la Cinecittà.

La forme s'épanouit mais le fond n'est pas en reste. Dès le second Livre s'esquisse le changement, sont distillés çà et là des indices sur la tournure que va prendre l'intrigue. Les deux saisons suivantes confirment cette évolution. Les personnages gagnent en profondeur, leurs relations s'étoffent, de nouveaux antagonistes font leur apparition et les enjeux voient leur intensité croître. La philosophie et la poésie alternent avec les blagues, quand Astier ne parvient pas habilement à les entremêler. A l'image de la très belle relation entre Perceval et Arthur, excellent condensé de tout l'humour, la tendresse et la sagacité dont témoigne la série. Les thématiques abordent l'hérédité, la dépression, l'amitié, la manipulation, les amours trahis, la politique, toute la complexité des rapports humains. Elles traitent aussi de grandeur, d'abandon et d'espoir.

Si la comédie est toujours présente, qu'Astier conserve une verve hors du commun, elle reste parfois en retrait, laisse à l'émotion tout le loisir de s'installer et permet aux spectateurs de ressentir le déchirement de ses héros - Arthur et Lancelot en tête. Une montée dramatique qui s'effectuera sur l'ensemble de la série, avant d'atteindre son apogée tragique dans les Livres V et VI ; ces derniers se permettant du même coup de balayer le format court au profit d'épisodes plus longs et forcément plus denses. Et le phénomène d'achever sa métamorphose en chef-d'œuvre.

Astier, toutefois, n'en a pas fini avec Kaamelott. Le périple initiatique du fils Pendragon doit encore se poursuivre même s'il lui faudra, une fois encore, s'émanciper de son format et aller à l'encontre des facilités. Le final de la série augure une suite encore plus audacieuse. Une suite qui, tout naturellement, s'exporte sur grand écran douze ans plus tard.

Ce premier volet, pour notre grand plaisir, renoue à la fois avec les thématiques des Livres V et VI mais aussi avec l'humour des heures folles de la série, le tout porté par une bande-originale superbe, des costumes détonants et des décors magnifiques. Si l'on regrette l'absence de quelques personnages et les sous-intrigues vite balayées autour de certaines figures majeures, on ne peut que louer l'ensemble, prémices forts prometteurs d'une toute nouvelle trilogie.

Puis nous voilà, de nouveau, comme les derniers clampins, à guetter un second volet ! Si Astier nous a promis que son univers ne traînerait pas une nouvelle décennie avant de s’illustrer sur grand écran, l’attente pour redécouvrir les chevaliers et leur Sire dans les salles obscures paraît déjà bien longue.

Fort heureusement, pour pallier le manque, une série contemporaine à la toute première saison de Kaamelott existe depuis 2006. Une bande-dessinée qui, elle, est toujours en cours et se dévoile par le prisme de la littérature...


Livre II - L'adoubement du format papier

Succès oblige, il n’a pas fallu longtemps au monde littéraire pour courtiser Alexandre Astier.

Pourtant, lorsqu’on lui propose de transposer son œuvre en bande-dessinée, il impose très vite ses conditions. Artiste exigeant et artisan entier, il s’est toujours fermement opposé à ce que Kaamelott tourne à la franchise sans âme. Hors de question de retranscrire à la bulle près les gags bien connus des fans - d’autant que les scénarii sont déjà disponibles aux Editions Télémaque, dans un format broché très soigné.

Sur le sujet, il est donc formel : la moindre variation autour de la saga doit apporter une nouvelle dimension, de nouvelles opportunités. Pour ce support inédit, qui ne subit aucun corset budgétaire et ne bride pas l’imagination, il faut miser sur des intrigues originales. La bande-dessinée représente une occasion unique d’étoffer son univers, plus spécifiquement celui de la saison 1, de montrer les personnages en pleine action et de les voir mener leurs quêtes dans des lieux inenvisageables pour le petit écran. Bien avant que le cinéma n’offre à Astier l’occasion de penser sa saga en grand, le 9ème Art lui proposait déjà d’autres perspectives.

En créateur absolu, il dirige chaque pan de sa saga avec une précision d’orfèvre, la polit dans ses plus infimes détails, sa plus discrète enjolivure. Or, s’il est à la fois auteur, acteur principal, réalisateur, producteur artistique et compositeur de la série, Astier sait qu’il ne peut cette fois pas œuvrer seul. S’il chapeaute toujours le tout, qu’il reste l’unique scénariste à bord du projet et gère le découpage des planches, il a besoin d’un dessinateur talentueux pour donner vie à ses aventures.

Alors que bon nombre d’illustrateurs français auraient adoré s’atteler au projet, Astier leur préfère Steven Dupré, un artiste flamand qui ne connaît absolument pas son parcours, ni son œuvre la plus célèbre. Astier veut Dupré pour mettre en images ses nouvelles histoires, les transcender d’un souffle épique. Malgré le manque d’enthousiasme flagrant de ce dernier, il le paie pour réaliser des planches d’essai et en a dès lors la certitude : Dupré est le choix idéal. Pari concluant, rencontre créative. La collaboration Astier/Dupré marche pour sa complémentarité, son respect mutuel et s’avère donc des plus fructueuses. Au fil des tomes, on ressent d’ailleurs une plus grande liberté pour l’illustrateur, lequel bénéficie davantage de planches entières, de place pour exprimer son talent.

Kaamelott version BD repose une fois encore sur le même parti-pris. Elle garde la ligne directrice chère à la série : si le fond est comique et décalé (sur les premières saisons tout du moins), la forme doit être aussi soignée que possible, répondre aux codes esthétiques d’une fresque de medieval fantasy travaillée.

Or, Dupré est familier du Moyen-Age comme des mondes imaginaires ; il prise également la fusion des genres, ce dont témoigne sa série Midgard, laquelle traite des péripéties d’un viking… Et d’un alien ! Sans surprise, il réalise donc un excellent travail. Son trait est réaliste, fourmille de détails, confère à l’ensemble un aspect tangible. On croit – de nouveau – à cet univers, à sa métamorphose sur papier. Il parvient à coller aux physiques des protagonistes bien connus tout en conférant un faciès marquant aux nouveaux venus.

S’il s’attache à retranscrire les mimiques habituelles des personnages, il met surtout son savoir-faire au service de l’action, des monstres, des ethnies magiques, des paysages grandioses, des moments de pure fantasy… Et autant dire qu’en la matière, il a largement de quoi laisser libre cours à son inventivité ! Astier a en effet puisé dans les folklores gréco-romains, nordiques et anglophones. Au gré des péripéties, Dupré a donc eu tout le loisir de s’atteler aux basilics, nains, orques ou encore à une certaine créature écossaise…

Enfin, on peut aussi appuyer l’excellent travail du coloriste belge Benoît Bekaert sur les six premiers volumes. Picksel lui a depuis succédé avec brio, avant que Roberto Burgazzoli ne prenne le relais. Si on ignore qui sera en charge du tome 10, on ne peut qu’apprécier la palette déployée par Bekaert et Picksel.

Côté fond, on retrouve bien entendu le ton jubilatoire, audacieux, décalé et brillant propre à la saga – tous les personnages sont de retour et parfaitement fidèles à leurs incarnations du petit écran, pour notre plus grand plaisir. La transposition est tellement convaincante qu’il nous semble, durant la lecture, entendre le timbre des comédiens attitrés ! Lors des habituelles digressions du tandem Perceval/Karadoc, on imagine fort bien les intonations de Franck Pitiot et Jean-Christophe Hembert ; dans les réflexions cassantes de Dame Séli, la voix de Joëlle Sevilla ; les jérémiades de Bohort avec les exclamations paniquées de Nicolas Gabion ; le ton rude déployé par Lionnel Astier lorsqu’il se glisse dans la peau de Léodagan… C’est tout simplement saisissant ! Une sacrée prouesse qui souligne une fois encore le talent de dialoguiste d’Astier, sa capacité à retranscrire parfaitement l’âme de ses anti-héros quel que soit le support.

La joyeuse troupe s’avère d’ailleurs très en forme durant ces neuf tomes. Entre les débats improbables, les bourdes de chacun, les engueulades récurrentes et les (légères) erreurs de compréhension, notre bon Sire a toujours quelques difficultés à coordonner ses drilles !

Autre point fort : Astier a eu à cœur de mettre chaque personnage à l’honneur : Merlin et Elias dans Le duel des mages, Léodagan, Séli et Guenièvre dans Contre-Attaque en Carmélide, le duo Karadoc/Perceval dans Les Sièges de Transports ou Le Serpent géant du lac de l’Ombre… De même, Bohort, Lancelot et le Père Blaise tiennent régulièrement des rôles majeurs au sein des rebondissements. Des protagonistes secondaires mais cultes tels que Loth, Galessin, le maître d’armes, Hervé de Rinel, Calogrenant, Guethenoc, Grüdü ou Venec ont droit à quelques apparitions savoureuses. On notera que notre cher Provençal le Gaulois bénéficie d’une intrigue qui lui est totalement dévolue, à savoir Perceval et le dragon d’airain – sans doute l’un des meilleurs tomes de la BD, à la fois drôle, touchant et héroïque.

Car oui le tout est sans conteste au service de grandes aventures. Les intrigues, avec leur bestiaire florissant, leurs antagonistes sombres et leur dimension haletante, portent de façon grandiose les fidèles bras-cassés de la Table Ronde. Une fois n’est pas coutume, ce sont les succès d’Arthur et ses chevaliers qui sont au cœur de chaque tome. Même si, Kaamelott oblige, les résolutions aux péripéties sont parfois très décalées et hilarantes, bien loin des conclusions solennelles des fresques de fantasy traditionnelles.

D’une façon générale, la BD peut à la fois être lue par les spectateurs les plus aguerris mais aussi être découverte par ceux qui n’ont pas encore eu la chance de s’atteler à la réécriture arthurienne. A coup sûr, elle séduira un nouveau public tout en parlant aux fans. Ces derniers décèleront néanmoins de nombreuses références à la série originale. Le Serpent géant du lac de l’Ombre était par exemple déjà présent dans les explications embrouillées de Karadoc et Perceval durant l’épisode 54 de la saison 1 ; il en va de même pour les fameux sièges de transports, évoqués dans l’épisode 64, Le Chaudron rutilant. Enfin, dernier joli clin d’œil à la série : toutes les intrigues se concluent autour de la Table Ronde, héroïne à part entière de Kaamelott.

Les passionnés s’amuseront aussi à déceler les éléments annonciateurs des saisons ultérieures. Lancelot cède par exemple à ses pulsions violentes face à Perceval et son furet dans le tome 4, tout en se montrant despotique avec les villageois qu’il est chargé de protéger. Au cours de ce même tome, Mevanwi (déjà méprisée par Karadoc), est également décriée par Perceval, prédisant les évènements de la saison 3.

Toutefois, c’est bien dans les deux derniers volets, L’Antre du basilic et Les Renforts maléfiques, que l’augure est la plus évidente. Si chaque tome devait se focaliser sur une aventure unique, les créateurs ne se sont pas privés de contrer les règles établies et de concevoir les deux derniers volumes comme un diptyque – hommage revendiqué aux BDs d’Hergé. Un diptyque qui se permet de mettre davantage l’accent sur l’épopée pure, avec une touche assez sombre et mélancolique qui n’est pas sans rappeler les désillusions subies par Arthur dans les dernières saisons…

Une maîtrise qui donne une envie folle de découvrir Karadoc et l’icosaèdre, dixième tome très attendu de la saga ! Pour quelqu’un comme moi qui a facilement tendance à être blasée, c’est très important ce que cette série fait. C’est systématiquement drôle mais toujours épique.


Livre III - La quête de nouveaux horizons

La lecture de la BD achevée, il faudra désormais s’armer de patience en attendant Karadoc et l’icosaèdre puis, enfin, le retour en salles de Kaamelott. D’ici là, que nous réserve Alexandre Astier ?

Si le grand marionnettiste de la saga est toujours très discret sur ses (multiples) desseins, les fans guettent depuis longtemps Kaamelott Résistance, un projet à la forme indéfinie qui devrait couvrir la période trouble entre la fin de la série et le début du film – soit une dizaine d’années à présenter, centrée sur le Royaume de Logres où le tyran et ses mercenaires saxons affrontent les rebelles restés fidèles à Arthur. Mini-série, recueil de nouvelles ou roman à part entière… Tout cela relève pour l’heure de la pure spéculation. Quoi qu’il en soit, le projet promet d’être palpitant et on a grande hâte d’en savoir plus.

Mais pour ceux qui souhaiteraient s’attarder davantage sur la patte Astier, rappelons que l’artiste ne se limite pas à Kaamelott. Il est l’acteur-auteur-réalisateur-compositeur de l’incroyable drame intimiste David et Madame Hansen, où il offre à Isabelle Adjani l’un de ses plus grands rôles ; il nous a proposé deux excellents films d’animation dérivés de la saga Astérix, Le Domaine des Dieux et Le secret de la Potion magique ; enfin, il nous a offert deux pièces révolutionnaires, Que ma joie demeure ! et L’Exoconférence.

Outre ses projets personnels, il a également prêté son talent d'acteur à une chronique de vie douce-amère (Home Sweet Home) avant d'intégrer le casting de la comédie déjantée Pop Redemption. Aux côtés de Flavia Sorrentino et Pascal Boille, il a créé un livre-cd pour enfants dont il est à la fois le compositeur et l'interprète - le très doux Comptines et poésines des saisons. Dernière escapade en date : narrateur d'un roman audio. Il appose son timbre sur les mots de Jean Teulé pour l'excellente fresque historique Entrez dans la danse.

Alors si Kaamelott, c’est la vie, n’oubliez pas qu’Astier a réalisé en parallèle d'autres œuvres marquantes… Et qu’il lui en reste sûrement bien d’autres à nous proposer. Longue vie au roi.


Kaamelott, Vol. 1 à 9 de Alexandre Astier & Steven Dupré, aux Editions Casterman environ 48 pages et 13€95 par tome.


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