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L’avis des libraires - 187ème chronique : Rouge Sang & Noir Corbeau Tome 2 - La Santa Muerte

L’avis des libraires - 187ème chronique :

Rouge Sang & Noir Corbeau Tome 2 -

La Santa Muerte

de Justine Robin

Nouvelle virée en compagnie des Faucheuses

Après la destruction de leur Sanctuaire, les Faucheuses n’ont eu d’autre choix que de fuir. Traquées par les Semeurs de Vie, les survivantes réclament vengeance. Les secrets et les dangers se multiplient. A l’écart, la Santa Muerte, cette mystérieuse entité mexicaine, veille... Amélia, Rain et leurs compagnons pourront-ils se tirer de ces obscurs événements ?


Souvenez-vous... En 2019, L'Apprentie Faucheuse débarquait avec force et fracas en librairie. Ce premier tome du diptyque Rouge Sang & Noir Corbeau s’avérait être une belle découverte entre hommage au fantastique, références mythologiques foisonnantes et personnages marquants à la Joss Whedon. Nul doute, l’enchantement opérait ! Une vraie réussite dont il nous tardait de découvrir la suite, d’autant que le final promettait un retour explosif. Un an plus tard, Justine Robin nous dévoile les nouvelles péripéties d’Amélia dans un second volet : La Santa Muerte.

Alors, cet opus est-il à la hauteur de son prédécesseur ? Sans conteste, il n’a pas à rougir de la comparaison. On retrouve dans ce tome tout ce qui constituait la force du précédent : une écriture fluide, une protagoniste rétive imparfaite mais attachante, des personnages secondaires mémorables, des caractères ambivalents, un univers original, un folklore riche, des références bien choisies, de l’humour savamment dosé, un rythme déchaîné et un soupçon d’épouvante.

J. Robin continue d’explorer les multiples facettes de son héroïne, ses doutes et ses forces, ses zones d’ombres comme ses moments de bravoure, captant ainsi toute l'essence d’Amélia. A mille lieues des "Mary Sue" trop souvent proposées par les genres de l'Imaginaire, l’apprentie faucheuse est d'une nature complexe. Elle est constament sur le fil, détestable et partiale par instant, puis touchante et valeureuse dans les pages qui suivent. Si on peine à l'apprécier de temps à autre, on ne peut nier le fait qu'elle soit terriblement humaine, authentique.

Amélia, c'est un peu cette amie qui cumule les mauvais choix mais dont les actes restent compréhensibles quand elle les décide - il est impossible de lui en vouloir ou de la haïr totalement, ce qui est une preuve indéniable du talent de sa créatrice. C'est là où le terme de "Whedonien" prend tout son sens : dans Buffy ou Firefly, les héros mettaient régulièrement les spectateurs à mal par leurs mauvaises décisions, leur conduite déplorable ou leur violence morale. Mais le public les pardonnait et continuait de suivre les péripéties de la Tueuse ou des renégats du Serenity pour une simple raison : ils aimaient ses protagonistes. Le même processus est à l'œuvre chez J. Robin. On ne peut abhorrer ni Amélia ni Rain, et peu importe la gravité de leurs actes ou la cruauté de leurs paroles...

D'autant qu'ici chacun gagne en profondeur, de même que la relation trouble qui les lie, entre désir insatiable, amour inavoué et discorde meurtrière.

Rain, protagoniste masculin attitré de la saga, est toujours aussi plaisant. Charmeur et intriguant, le démon-esclave est davantage au cœur de l'action. Se découvrent au fil des chapitres son passé, ses sentiments, sa complexité – Rain n’en est que plus attachant, incisif et séduisant.

Difficile d’être insensible au charme de cet Ankou ténébreux qui, néanmoins, se fait quelque peu voler la vedette par le tandem majeur de ce deuxième tome : Doña Sebastiana, entité phare de la culture mexicaine, et Faustine, sa petite acolyte vaudou. Introduites précédemment, elles occupent une place centrale pour notre plus grand plaisir ! La fameuse Santa Muerte se révèle énigmatique, sensuelle et fascinante, là où sa mini (mais redoutable) compère apporte une nuance comique bienvenue. Faustine est géniale, mignonne et flippante à la fois, elle mérite amplement son statut de mascotte.

De même, les seconds rôles signent un retour jubilatoire, avec une mention spéciale accordée à Heaven, penchant séraphique d’Amélia, grande rivale mais ennemie involontaire. Cette figure féminine forte mérite un arc centré sur sa personne tant il y a à dire sur son compte !

Quant aux nouveaux personnages, ils valent sincèrement le détour – on pense d'emblée au Cavalier Discorde, lequel aurait gagné à être plus développé. Cela étant, la trame entourant les Cavaliers de l'Apocalypse reste très bien menée, de même que leur place au sein de ce monde.

L’ensemble des (anti) héros, leur alchimie, leur ambivalence et leur singularité, constitue à n’en pas douter le plus grand atout du récit.

Cette suite s’inscrit donc dans la parfaite continuité du premier, offrant un enchaînement plus sombre, plus épique et plus riche : les retournements de situation sont légions, les scènes de combat dantesques et l’émotion souvent au rendez-vous.

Le monde de J. Robin réitère son lugubre envoûtement, le renforce encore sur ses lecteurs. Si bien que, malgré l’annonce d’un diptyque, on se plaît à rêver d’une trilogie : un troisième et dernier volet pour conclure, en beauté, les aventures de la faucheuse à la cape rouge sang et de son vassal aux cheveux noir corbeau…

 

Rouge Sang & Noir Corbeau Tome 2 - La Santa Muerte écrit et illustré par Justine Robin, Editions Le Héron d'argent. 325 pages. 20€.


Article paru en version écourtée dans le Pays Briard du 29.09.20

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