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Il était fait pour moi #En 3 points


Titre : Il était fait pour moi

Auteur : Rebecca Serle

Genre : Romance, chronique de vie, Young Adult

Date de parution originale : 2013

Résumé de l'éditeur : Shakespeare n’a rien compris. Son chef d’œuvre le plus connu ? Complètement à côté de la plaque. Vous voyez bien de quoi je parle, Roméo et Juliette. Cette histoire ne parle pas seulement d’amour. C’est avant tout un drame. Qui a fait des morts. D’ailleurs, ça n’était pas censé se finir comme ça. Si vous lisez attentivement, vous vous apercevrez qu’il y avait déjà quelqu’un dans le tableau avant que Juliette n’arrive. Quelqu’un que Roméo aimait beaucoup. Elle s’appelait Rosaline. De l’avis général, Roméo et Juliette, aveuglés par leur passion, ont été les malheureuses victimes du destin. C’est faux. Juliette n’avait rien d’une douce et innocente jeune fille torturée par la fatalité. Elle savait exactement ce qu’elle faisait. Et Roméo ? Roméo avait déjà une âme sœur, moi. Il était fait pour moi. C’est avec moi qu’il aurait passé le reste de l’éternité si elle n’était pas venue me le prendre. Peut-être qu’alors la catastrophe aurait été évitée. Peut-être qu’ils seraient encore vivants. Et si la plus grande histoire d’amour jamais contée n’était pas la bonne ?

#En 3 points * Roméo et Juliette rencontre Gossip Girl : La première chose que je dois avancer lors de cette chronique, c'est que je ne suis pas DU TOUT le public cible. Même à l'âge supposément requis, je ne l'aurai probablement pas été. Il était fait pour moi reprend tous les poncifs des séries pour ados type Gossip Girl, 90210, New Port Beach, Dynastie, Famous in Love (dont le scénario est d'ailleurs inspiré d'un autre roman de Rebecca Serle) et j'en passe... A savoir, des jeunes gens riches et beaux qui se tirent dans les pattes pour leurs histoires de cœur avec dérapages tragiques à la clef. Oui, rien de nouveau ici : on est dans le milieu américain super aisé, où chaque ado possède une bagnole au prix exorbitant, où avoir une maison secondaire sur la plage à Malibu est banal et où une simple tenue lycéenne équivaut à 3 mois d'économies pour n'importe quel étudiant lambda... Bref, le milieu bling-bling californien dans toute sa splendeur. Si vous êtes réfractaires à ces stéréotypes, un conseil : fuyez. Pour ma part, j'ai choisi de passer outre et de voir ce que Serle pouvait tirer de ce parti-pris. Et si les clichés sont légions, je dois dire que cette lecture était loin du fiasco attendu.


« Ce seul mot suffit à me faire perdre mon calme. Amis. C'est ce que je me suis répété pendant des années, ce dont j'ai essayé de me convaincre de toutes mes forces ces derniers mois. C'est lui qui est venu me chercher, qui m'a dit que j'étais belle, m'a invitée à dîner, m'a embrassée. C'est par lui que tout a commencé, et maintenant que je ne veux plus qu'une chose, qu'on soit ensemble, il pense pouvoir faire marche arrière aussi facilement ? »

~ p 199 / Rosaline


* Une héroïne sympathique... et des personnages plutôt réussis dans l'ensemble : Le personnage central de Rosaline est relativement agréable à suivre. Si elle est d'une nature réfléchie, tenace et vive, qu'elle bénéficie d'un sens de la répartie plutôt aiguisé, elle n'est pas pour autant exempte de défauts. Elle doute beaucoup de ses charmes, souffre de la comparaison avec ses amies Charlie et Olivia... Par-dessus tout, elle craint le regard des autres - une petite pique bien sentie à l'égard de son milieu social où aucun faux pas n'est toléré. Elle peine de fait à assumer ses désirs. Son personnage est foncièrement positif, notamment lorsqu'elle doit gérer sa peine de cœur vis à vis de Roméo/Rob, la trahison que lui inflige Juliette et, en même temps, choisir de dépasser tout cela pour se focaliser sur sa vie et une potentielle autre idylle. Il était fait pour moi parle avant tout de la difficulté à grandir et à se confronter à ses responsabilités, du premier chagrin d'amour et du deuil, trois thèmes qu'il aborde avec beaucoup de justesse. Bref, une adolescente traitée de façon réaliste, ni parfaite, ni horripilante.

Ses parents sont aussi attachants, très affectueux et compréhensifs envers leur fille unique, ils forment un couple moderne et fusionnel.

Les personnages adolescents secondaires - spécifiquement Roméo et Juliette - sont en revanche plutôt imbuvables. Pour atténuer quelque peu la virulence de l'adjectif, disons que le couple maudit pouvait déjà, à l'origine, être facilement tête à claques si on restait hermétique aux délires du Barde... Quant au reste de la petite bande de Rose, ils gagnent en maturité et en profondeur au fil de l'oeuvre, étant également marqués de près ou de loin par la tragédie. Charlie est sûrement la plus intéressante à ce niveau : sous ses airs de reine de promo despotique, elle cache une vraie fêlure et une fidélité à toute épreuve.

Heureusement, Len vient relever le niveau. Le pianiste ténébreux, marginal et cynique, bénéficie d'une véritable alchimie avec notre narratrice : leurs joutes verbales fonctionnent, leurs interactions ne manquent jamais d'intérêt et leur relation prend suffisamment de temps pour se construire de façon crédible. Il est également plaisant de voir qu'il ne correspond pas aux codes de la beauté classique, tant par son look que par ses spécificités physiques (cheveux indisciplinés, tâche de vin qui occupe la majeure partie de son bras, stature peu athlétique...). Résultat : Rob et Juliette, on proscrit mais Rosaline et Len, on valide sans soucis.


« Ses doigts virevoltent sur le clavier, comme un tourbillon de vent assaille une dune, soulève chaque grain de sable telle une invitation au jeu. »

~ p 274 / Len montre ses talents de pianiste à Rosaline

* Une adaptation très convaincante : On ne peut nier que la romancière maîtrise son univers jusqu'au bout des ongles et sait le rendre addictif. L'ouvrage se dévore d'une traite, bénéficiant en cela d'une plume fluide et efficace. La trame réussit sa transposition contemporaine et la présenter du point de vue de Rosaline, le premier coup de cœur de Roméo/Rob, permet de suivre l'histoire d'un œil neuf. La justification de la haine entre les Montaigu et les Capulet est bien trouvée, matinée de répercussions politiques et familiales. La radicalité de Rebecca Serle a également de quoi surprendre ; elle choisit, dès sa seconde partie, d'amorcer un virage sombre au sein de son intrigue : les derniers chapitres, très noirs, n'épargnent pas son public prépubère. La tragédie, bien ancrée au XXIème siècle, ne perd rien de sa force. Voilà une jolie référence à la pièce shakespearienne, qui commençait également comme une comédie pour s'achever dans le sang et les larmes. C'est une évidence : l'auteure aime et respecte le matériel original. Dernier bon point, le livre évite de tomber dans le drame pathétique pour se focaliser avec sobriété sur les états d'âme de son héroïne, avec secrets de famille rocambolesques et révélations trépidantes en bonus. Il est donc loin du clinquant scénaristique attendu - un choix louable qui se reflète jusqu'au choix de sa couverture française, une photo très simple mais très belle signée Steven J. Gelberg.

En conclusion, Il était fait pour moi est exactement ce qu'il ambitionne d'être : une romance YA, vaguement basée sur l'oeuvre de Shakespeare, qui n'a d'autre prétention que de séduire ses (très) jeunes lectrices. Dans son genre, c'est une totale réussite et une surprise des plus plaisantes...


« C'est bien le drame du libre arbitre : chaque décision, chaque choix que nous faisons privilégie une chose au détriment d'une autre, écartée irrémédiablement. »

~ p 299 / Rosaline

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