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  • Photo du rédacteurChloé

Bilan ciné 2019

🎥 Bilan ciné 2019 🎥

2019 s’achève et avec elle, 12 mois de cinéma aux nombreuses toiles... J'ai vu une centaine de films, dont 77 sortis cette année. Et, lorsque je fais le compte, que je regarde avec un peu de recul ce qui nous a été proposé, que j'organise ma petite rétrospective perso, je dois dire qu'il s'agit de l'un de mes meilleurs bilans ciné que j'ai eu à rédiger depuis très très longtemps.

D'autant que pour le coup, j'ai plutôt géré car très peu de longs-métrages que je désirais voir me sont passés sous le nez et honnêtement, je ne pense pas qu'ils auraient eu beaucoup de poids sur mes classements :

  • Alita

  • Anna

  • Cats

  • Charlie's Angels

  • Docteur ?

  • Elisa & Marcela

  • Hors normes

  • Le chant du Loup

  • Les incognitos

  • Les misérables

  • Midsommar

  • Polar

  • Tolkien

  • Une vie cachée

  • Vita & Virginia

  • X-Men - Dark Phoenix

A part ça, tout comme pour les années précédentes, les règles pour figurer dans ce classement sont simples : le film doit être dispo en France sur n'importe quelle plateforme (cinéma, VOD, DVD, Blu-ray, Streaming), en VF ou VOSTFR (qu'il s'agisse de sorties officielles ou de fansub) et uniquement depuis 2019. #thankscaptainobvious !

Ah je précise qu’After, Ibiza, C'est quoi cette mamie ?!, Holmes & Watson ou encore Terminator - Dark Fate ne sont pas mentionnés dans ce bilan parce qu'il y a des limites à ma dévotion cinéphile ! Et puis franchement, l'intérêt de bitcher, c'est de ne pas savoir à l'avance à quel point la proie de votre future diatribe haineuse est mauvaise - en l’occurrence les cas cités ci-dessus ne laissent planer que peu de doutes sur la qualité du bousin alors autant s'épargner cela et s'orienter sur le positif.

Parce que oui, 2019 a été merveilleuse.

J'ai été surprise, j'ai été déstabilisée, j'ai parfois eu peur, j'ai pas mal pleuré, j'ai beaucoup ri aussi et j'ai chanté à tue-tête au rythme des bandes-originales entêtantes qui ont accompagné des images phares, images qui seront probablement amenées à devenir cultes pour les générations suivantes...

En dépit de ces comédies laborieuses (qui, de toute façon, commencent déjà à lasser les spectateurs), je reprends doucement confiance dans le cinéma français ; j'ai été bluffée par la capacité de Guy Richie à réinventer l'un de mes dessins animés cultes ; j'ai adoré, lorsque le sujet était bien traité, le discours d'émancipation, la fougue féministe qui a embrasé les gros blockbusters et les productions plus modestes ; j'ai été ravie de découvrir sur grands écrans la conclusion honorable de certaines sagas cultes ; j'ai retrouvé les Xavier Dolan et Woody Allen de la grande époque ; en salle comme sur mon petit écran, j'ai aussi découvert de nombreux longs-métrages liés à l'imaginaire auxquels beaucoup de spectateurs avaient, eux aussi, accordé une place phare, qu'il s'agisse de SF, de fantastique ou d'épouvante, un cinéma de genre qui me tient et me tiendra toujours à cœur...

2019 m'a offert des virées intenses dans les salles obscures, avec des coups de foudre inattendus ponctués de rares coups de gueule. Bref, 2019, c'était plus top que flop à mon sens.

Surtout, c'était une façon parfaite de conclure la décennie et d'en entamer une nouvelle, avec d'autres promesses, d'autres défis, de voir le 7ème Art évolué pour sortir du carcan où il commençait à s'asphyxier dans un modèle bientôt dépassé.


Sur ce, allons-y :

 

Je rappelle qu'il s'agit ici de mes coups de cœur, que la sélection ci-dessous est donc éminemment personnelle. Je reste persuadée qu'on tombe amoureux d'un film de la même façon que l'on s'éprend d'une personne : sans logique ni objectivité, il nous arrive de nous éprendre d'un long-métrage dont on perçoit tous les défauts, toutes les failles et les imperfections, parce qu'il a su toucher quelque chose en nous, nous faire du bien ou nous émouvoir.

Prenons un exemple : je SAIS que Parasite est un film génial, qu'il est largement supérieur à d'autres de mon classement... Qu'il est plus engagé que Rocketman, mieux réalisé que Green Book, moins mercantile que Joker. Pourtant, si je lui reconnais bon nombre de qualités, je sais aussi qu'il ne m'a pas touchée autant que j'aurai aimé l'être : c'est en réalité le long-métrage de Bong Joon-ho où j'ai été le moins impliquée émotionnellement. Là où Snowpiercer et Okja m'avaient laissée dévastée par l'expérience que je venais de vivre, marquée par leurs idées et leur mise en scène, je n'ai pas ressenti cette fameuse vague irrépressible qu'avait fait naître en moi les deux précédents films du surdoué sud-coréen.

De la même manière, je sais que beaucoup préféreront The Lighthouse à Cold Skin ou Toy Story 4 à la version live Aladdin. Et tant mieux.

C'est la diversité des goûts qui rend l'Art si beau, si passionnant et si riche en débats. D'ailleurs, il n'y a pas d'ordre au sein des tops et des flops car les sélectionnés sont tellement différents qu'il n'y aurait pas grand sens à les trier. Les classements suivants sont bien entendus totalement subjectifs et je vous encourage à me délivrer les vôtres ;) !

Bref, on est parti pour une récap' rapide de ces films qui m'ont marquée en 2019.


👍 Mentions honorables 👍


Aladdin : Sans conteste l'une des meilleures adaptations live jamais signée par Disney ! Premier point fort : le film est d'une beauté renversante - visuellement, c'est une escapade éblouissante dans l'univers des mille et une nuits qui nous est proposée ici. Entre féerie et grandeur, l'esprit du DA est parfaitement retranscrit. Ritchie maîtrise incroyablement cet univers et se l'approprie. Sa patte est donc bien visible tout en respectant l'oeuvre originale : le rythme effréné des courses-poursuites (où il excelle toujours autant) est contrebalancé par de très beaux plans séquences qui permettent d'imprégner le public de cette magie si particulière. Et puis il y a les chorégraphies, dont Ritchie parvient à capter toute la frénésie et l'intensité... En effet, le film revendique un côté très bollywoodien ; les passages chantés et dansés illustrent à la perfection ce parti-pris. Cet Aladdin étant une co-production américano-indienne, il semble emprunter de nombreux éléments au cinéma hindi - les chorégraphies endiablées et les couleurs chatoyantes notamment... Niveau musique, la partition d'Alan Menken est toujours aussi sublime et les titres cultes de 1997 n'ont pas pris une ride. Le long-métrage dure 2h08 mais semble étonnamment court : il est mené tambour battant dès son introduction sur Nuits d'Arabie, avec cette effervescence jouissive que le réalisateur affectionne tant, sans pour autant laisser la sensation d'avoir été bâclé. Il n'y a pas une seconde de flottement dans le long-métrage, tout s'enchaîne à une vitesse vertigineuse tout en exposant convenablement ses protagonistes et son intrigue. Et que dire du casting ? La distribution est parfaite - à quelques détails près. Mena Massoud campe le personnage éponyme avec maestria ; Naomi Scott (Jasmine), mutine et impétueuse, lui donne la réplique avec aisance : leur alchimie est palpable, leur couple fonctionne très bien, glamour et taquin à la fois. Will Smith incarne un Génie résolument contemporain : il est très loin de la vision de Robin Williams et, quoi que surprenante, cette idée est excellente. Les deux Génies sont si diamétralement opposés qu'ils sont incomparables ! En conclusion, Aladdin est un grand et beau film d'aventures comme on en voit peu, entre magie et péripéties, romance et show musical... Le tout est délirant, jouissif et mené d'une main de maître par Guy Ritchie. Une adaptation libre qui séduira les puristes comme les petits nouveaux : elle nous propose un rêve bleu de plus de deux heures, une balade en tapis volant qu'on serait mal avisé de refuser.


Doctor Sleep : Au delà des références appuyées aux deux génies qu'il révère (King et Kubrick, donc), Flanagan s'émancipe rapidement du simple film-hommage. Son Doctor Sleep existe par lui-même, en tant que long-métrage à part entière. Et quel film ! Ce qui frappe en premier lieu, c'est sa beauté - la scène de projection astrale, poétique et sinistre, fera date, de même que la symbolique des esprits allant d'un labyrinthe glacé pour Danny à une cathédrale pour Rose en passant par un mur de tiroirs savamment agencé pour Abra. Certains passages mettant en scène la puissance du shining sont véritablement impressionnants. Le réalisateur multiplie les plans les plus audacieux, les effets de caméra les plus ingénieux. Loin du froid clinique de Kubrick, son cinéma vibre de vie, de mouvements.Entre deux scènes coup de poing, il prend néanmoins le temps de développer ses personnages, de poser son univers, d'instaurer une attente chez les spectateurs, de ménager l'épouvante, de créer une véritable ambiance. L'intrigue, très dense, est ainsi rondement menée. Les acteurs sont tous magistraux, avec une mention spéciale pour le trio principal (McGregor/Curran/Ferguson). Doctor Sleep a réussi l'impossible : respecter l'oeuvre de King, offrir une suite honorable au Shining de Kubrick et exister par lui-même. Une excellente surprise au charme funeste et envoûtant, d'une inventivité folle.

Ça - Chapitre 2 : Malgré d'évidents défauts, la suite tant attendue reste éminemment attachante, sincère et efficace, plus intimiste, moins racoleuse que de nombreux blockbusters horrifiques actuels. Ce chapitre 2 se focalise volontiers sur la psychologie des personnages, sur le développement de chacun. Le film pourrait sembler bavard, prétentieux, indigeste mais il ne l'est pas : les dialogues, les rapports humains, véhiculent une véritable justesse. La performance du casting permet une implication sans faille des spectateurs aux côtés de ces loosers magnifiques, de suivre avec un plaisir intact les retrouvailles de la bande vingt-sept ans plus tard. Tout comme son prédécesseur, le long-métrage accorde une personnalité poussée à chaque protagoniste. Le Club des Ratés, si attachant dans le premier opus, l'est encore ici et l'alchimie entre eux est palpable : on retrouve à la perfection Bill, Beverly, Richie, Eddie, Ben, Mike et Stan sous les traits cette fois de James McAvoy, Jessica Chastain, Bill Hader, James Ransone, Jay Ryan, Isaiah Mustafa et Andy Bean. Bill Skarsgård, de son côté, est toujours aussi sensationnel en Grippe-Sous : chaque apparition du clown tueur est soignée à l'extrême, parfaitement millimétrée, iconisant encore d'avantage la créature. Pour le reste, Muschietti travaille toujours autant ses visuels : la fête foraine et ses néons, la prolifération de ballons rouges, les corps décharnés... L'ambiance est glauque, malsaine, soulignée par la partition de Benjamin Wallfisch. Une fois encore, la menace représentée par Grippe-Sous n'est pas l'unique source de tourments des ratés. Le long-métrage a parfois du mal à trouver son ton entre l'épouvante, l'humour et le drame humain, ce qui le rend moins réussi que le premier volet, un peu décevant, certes. Pourtant, lorsqu'il parvient à trouver son équilibre, le résultat est à la hauteur de ses ambitions.

La favorite : Les femmes, ici, ont des serres à la place des ongles, un poignard au lieu de langue et de la glace en guise de cœur. Elles sont manipulatrices, calculatrices, terrifiantes… Captivantes. Rarement portraits de femmes, si sombres soient-ils, n’auront été si fascinants à contempler. Telles des Joconde corrompues, rongées par l’ambition, elles gardent leur part de mystères.A l’image de ces anti-héroïnes, La Favorite échappe à toute forme d’académisme, tant sur la forme que sur le fond. C’est un film dur, impertinent, profondément dérangeant où la violence physique côtoie l’amoralité la plus virulente. Dans les plus hautes castes comme dans les cuisines, on fait payer la beauté de l’une en la brûlant à la soude, on humilie l’autre pour son esprit brillant dans les salons. Féroce et tragique, la concurrence d’Abigail et Sarah, loin des habituelles futilités de courtisans, s’apparente davantage à une lutte destructrice. C’est à la fois captivant et terrible à observer tant Lánthimos a le don de mettre à jour les facettes les plus sombres de l’âme. Si tous les acteurs sont incroyables, le trio féminin, au cœur du film, est au-delà du mot. Il est prodigieux. Emma Stone campe impeccablement une jeune ambitieuse aux dents longues qui se révèle dans toute sa férocité à mi-parcours ; Rachel Weisz est épatante de panache et de charisme ; Olivia Colman est stupéfiante en reine déchirée, brisée et manipulable, plus perspicace qu’il n’y paraît au premier abord. La cour d’Angleterre n’aura jamais été si violente, si mortelle, si irrévérencieuse, que par la caméra de Yórgos Lánthimos. Un combat en jupons dont aucune combattante ne sort indemne… A l’image des spectateurs.

El Angel ex-æquo Extremely Wicked, Sockingly Evil and Vile : En Argentine, le jeune assassin Puch va irrémédiablement briser les stéréotypes autour des tueurs en série, de la même façon que Ted Bundy avait ébranlé les certitudes des Américains quant à la représentation traditionnelle de ces monstres à l’apparence humaine. Deux jolis démons aux physiques charmants, aux antipodes de ces serials killers abjects dont les vices se peignent sur les visages : ils sont mortellement séduisants, irrésistibles, l’innocence incarnée. Puch est un fils à maman, Bundy un conjoint exemplaire. L’un assassine par jeu avec un détachement impitoyable ; l’autre viole et tue pour assouvir un besoin irrépressible. Dans un cas comme dans l’autre, rien ne peut justifier la portée de tels actes – aucun traumatisme, aucun drame personnel, la déviance est là, profonde, ancrée, sans qu’on ne parvienne à en déterminer la cause, à se livrer à de la psychologie de comptoir… Ils n’en sont que plus incompréhensibles, intouchables, quasiment mystifiés et c’est bien là leur premier atout : voilà ce qui les rend si fascinants, ce qui les nimbe de cette aura artistique, ce qui a capté l’attention de réalisateurs talentueux pour porter leur road-trip destructeur à l’écran. Sortis la même année, Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile (centré sur Bundy) et El Ángel peuvent facilement être mis en parallèle : tous deux ont su à merveille retranscrire le magnétisme malsain, le parfum de soufre et de foutre qui colle à la peau de ces Apollons tortionnaires. Pourtant, Extremeley Wicked et El Ángel traitent leur sujet d’une façon diamétralement opposée. Le premier place le spectateur dans le cercle intime de Bundy, montre la façon dont il était perçu par son entourage. Le second prend le parti-pris inverse : tout nous est montré à travers les yeux de Carlitos, avec toute la mégalomanie, la légèreté et la désinvolture qu’impliquent pareil choix. Les œuvres sont donc étrangement complémentaires, opposées dans leur traitement mais rassemblées par leurs thématiques. Qu'il s'agisse de l'un ou l'autre, les prestations hallucinantes de Zac Efron et Lorenzo Ferro, la mise en scène implacable de Joe Berlinger et Luis Ortega, le brio de la bande-originale, le rythme parfaitement maîtrisé, l'esthétique rétro, font de ces films des plongées cauchemardesques mais diaboliquement séduisantes dans la peau de ces Apollons meurtriers.


❤ Top 2019 ❤


Edmond : Voici une immense réussite, un grand film en costumes à la française, jouissif et enthousiasmant.... Le défi a dû être grand pour Michalik de porter dans les salles obscures sa pièce nommée sept fois aux Molières. Pourtant, là encore, il remporte le défi haut la main ! Passé la surprise de découvrir un tout nouveau casting, une nouvelle vision de la pièce, un nouveau regard... Le spectateur se laisse happer par le Edmond incarné par Thomas Solivérès. Jeune, timide, angoissé, Solivérès a su, à merveilles, capter la nature sensible et tourmentée de Rostand - pour la première fois, il tient un grand rôle dans un film d'envergure ! Il investit tout l'écran, solaire, irradiant de génie. Ce choix pourtant singulier est payant et la première grande réussite de Michalik : l'ensemble du casting est tout simplement excellent. Côté scénario, on retrouve tous les atouts de la pièce : la verve incroyable, les dialogues truculents à souhait, l'histoire parfaitement exécutée... Sur le principe de la biographie romancée, Michalik imagine, en partie, comment Edmond a pu inventer Cyrano, et ce en un temps record, alors que les créanciers et la Comédie-Française menaçaient l'ensemble de la troupe. Là, le fantasme prend le pas sur la réalité : ce qui aurait permis un tel élan d'inventivité, c'est l'arrivée de l'esprit et de la beauté dans le quotidien plutôt morne d'Edmond. L'esprit en la personne de M. Honoré, un gérant de café à la langue bien affûtée ; la beauté en la présence d'une jeune habilleuse, Jeanne, la conquête de Léo, lui-même étant acteur et grand ami d'Edmond. Ainsi, les répliques de la véritable pièce s'entremêlent-elles avec celles de son auteur, justement en train de la composer. Nouvel effet de miroir, deux triangles amoureux : Cyrano/Roxane/Christian d'un côté, Edmond/Jeanne/Léo de l'autre. Cette idée centrée sur la source créative a déjà fait ses preuves au cinéma (Molière de Laurent Tirard ou Shakespeare in Love de John Madden notamment) et, de nouveau, la magie opère. Le scénario, une nouvelle fois, est tout simplement irrésistible. Porté par un casting impeccable, voici un long-métrage tour à tour sensationnel, imprévisible, inspiré, audacieux, touchant, poétique. N'en doutez point : à la fin du film, Michalik fait mouche.

La Belle époque : Très vite, La belle époque impose ce constat : le dernier long-métrage de Nicolas Bedos échappe aux règles, aux codes. Il propose du jamais vu, la preuve concrète que le 7ème art peut encore et toujours se ré-inventer. Comme pour la plupart des ovnis apparus au hasard des écrans, le film suscite bon nombre d'émotions contradictoires au sein de son public. Il laisse perplexe, songeur, ému, amusé, colérique, enfiévré, tire les spectateurs hors de leur zone de confort. Il décontenance, par ses changements radicaux de ton ; passant de la comédie caustique à l'ironie douce-amère, se faufilant du drame intimiste à la violence du quotidien. Là encore, ce qui lie le tout, donne à cet ensemble improbable toute sa grâce et sa réussite, repose sur la plume de Bedos, son art ciselé des dialogues, sa virtuosité du rythme. Par ce film, il parle du couple, de notre rapport à la technologie, de notre mélancolie face au passé, de notre place dans le présent. Il a ce talent inné d'appuyer sur les petits travers douloureux, les traits hideux d'un tempérament, les contradictions humaines, et d'orienter sur les névroses les plus secrètes la lumière de ses projecteurs : devant sa caméra, ceux-ci sont indiscutablement sublimes, percutants et vivants. Il se distingue aussi par son absence totale de manichéisme, tant dans ses protagonistes que son message. Sur la forme, le réalisateur-scénariste-dialoguiste-compositeur (excusez du peu) emprunte tant au théâtre qu'au cinéma, avec ses décors en carton pâte, son éclairage tape à l’œil. L'illusion bien connue des planches se superpose à la beauté des plans, à l'ingéniosité de la mise en scène. Le mordant de la verve s'allie à la beauté des images, imposant d'emblée quelques scènes cultes. N'ayons pas peur des mots jetés dans cette chronique, ni des maux relatés au sein de cette histoire : La belle époque est non seulement un beau film, un grand long-métrage mais surtout un indéniable chef-d'oeuvre. Nicolas Bedos n'a pas fini de nous émerveiller.


Marriage Story : Marriage Story fait partie de ces longs-métrages qui broient le cœur par l'extrême réalisme de son traitement, parce qu'il ne souligne que trop bien la facilité avec laquelle l'existence vole en éclats en l'espace d'une décision, fut-elle commune. Avec beaucoup de pudeur et de sensibilité, Baumbach filme donc l'histoire d'un mariage et son pire cas de figure - son échec. Avec ses fêlures, sa fin inéluctable et le flot d'émotions irrépressibles qui en découle : la colère, l'amertume, le chagrin, l'angoisse, les confrontations, la difficulté à reprendre pieds... L'ancien amour s'étiole lentement avec le risque de céder à la haine la plus violente. Le deuil de leur relation, la fin d'une vie de famille rangée, d'une collaboration amoureuse et professionnelle sont au centre de ces 2h16 et traités avec une frénésie vertigineuse, emboîtant à la perfection les derniers vestiges d'un mariage. Pour autant, le film est cru sans donner dans le mélo inutile, vrai sans exagération aucune. C'est sa sincérité et son absence de pathos outrancier qui le rendent si touchant et si prenant. Les dialogues, magnifiquement écrits, n'ont rien à envier à d'illustres dramaturges contemporains tant ils frappent fort, d'une précision hallucinante. La mise en scène, sobre et inspirée, à laquelle se superpose la musique virevoltante de Randy Newman, rend le visionnage d'autant plus saisissant. Face à la caméra, Scarlett Johansson et Adam Driver offrent des prestations sublimes, sur le fil, d'une justesse incroyable, confirmant que, bien au-delà de leur participation dans des franchises à succès, ils sont et restent avant tout de formidables artistes. Aussi beau qu'éprouvant, Marriage Story narre le chant du cygne d'une relation avec une force, une élégance et une retenue exemplaires. Une chronique aigre-douce sur le (dés)amour mais surtout un très grand film à la clef.

Matthias & Maxime : Xavier Dolan retourne ici à ses premiers amours : la chronique de vie douce-amère, l'orientation sexuelle, l'acceptation de soi, les rapports familiaux complexes, les amitiés bruyantes et... l'amour justement. Celui qui se teinte de pulsions inavouables, qui consume les deux protagonistes, qui les déchire et les rassemble. Certes, le scénario est assez traditionnel et sonne comme un retour aux sources pour le jeune cinéaste ; la mise en scène inspirée, la bande-son éclectique et les comédiens habités hissent toutefois largement le film au-dessus des productions romantiques actuelles. Elle se distingue d'ailleurs par une certaine sobriété, une pureté ingénieuse. L'acteur-réalisateur n'a pas son pareil pour filmer le désir, la valse des corps et des sentiments, cette lente découverte de l'autre. Des élans souvent à l'étroit dans le quotidien. Les étiquettes n'ont pas leur place dans Matthias & Maxime, aucun protagoniste ne rentre dans des cases : ils existent au delà de leur orientation sexuelle, à travers leurs sentiments, leur sensualité à fleur de peau, leur cheminement intérieur. C'est sans nul doute le film le plus intimiste de Dolan depuis J'ai tué ma mère, le plus optimiste aussi. Le long-métrage s'avère curieusement feel-good, porteur d’une rare revendication : le droit au happy-end. Les histoires d'amour existent encore. Et elles ne finissent pas toujours mal, contrairement au vieil adage. La preuve : nous, nous sommes tombés éperdument amoureux de Matthias et Maxime.

Brooklyn Affairs : LE coup de foudre inattendu de 2019 ! Pour son second long-métrage où il évolue à la fois en tant que réalisateur et acteur principal, Edward Norton signe un film ambitieux, à la croisée des genres, bien au-delà d'une simple traque dans un New-York en pleine ébullition. Au cœur d'un scénario machiavélique rondement mené sur une quête de la vérité, on retrouve en effet l'un des anti-héros les plus attachants et déroutants qui nous ait été délivré par ce type de production : Lionel Essrog (Norton), un détective atteint du syndrome Gilles de La Tourette, offre un mélange de loufoquerie, d'attachement, d'intelligence et de mélancolie absolument irrésistible. Du long de ses 2h20, Brooklyn Affairs est un film noir extrêmement dense, qui brasse nombre de thématiques fortes sans jamais paraître inégal ou ampoulé. Loin du long-métrage attendu, ce dernier est avant tout social et politique. Norton dépeint des rêveurs grandioses, des ratés magnifiques, et il le fait à la perfection. Malgré les thèmes forts abordés ici, aucun rebondissement pathos, aucune scène tire-larmes - le message est assez fort pour se soustraire à ce racolage mélo. L'humour alterne avec l'émotion, les scènes d'action se superposent à des moments de pure tension, le film est frénétique quand il le faut, posé lorsque sa trame l'exige, en un rythme absolument parfait. Tout le casting se révèle brillant et les acteurs portent des personnages troubles aux ambitions ambiguës (Bruce Willis, Gugu Mbatha-Raw, Alec Baldwin, Willem Dafoe)... Une distribution impeccable de bout en bout, à laquelle Norton laisse toute la place nécessaire pour exister et évoluer. Ajoutons à cela l'efficacité de la mise en scène, certains plans remarquablement pensés, innovants et immersifs, la reconstitution formidable des années 50, le tout souligné par la bande-originale très jazz de Daniel Pemberton. Un polar somme toute très classe qui reprend ses classiques tout en se démarquant par ses engagements et ses protagonistes. Edward Norton réussit son pari haut la main en adaptant Les Orphelins de Brooklyn de Jonathan Lethem et délivre un chef-d'oeuvre labyrinthique, puissant et magistralement interprété.

Rocketman : Dès les premières images et l'apparition ubuesque d'Elton John en costume de démon à paillettes, déambulant d'un pas décidé dans des couloirs immaculés, le charme opère.Et très vite, un constat : le film ne sera pas un biopic classique. Ni lisse, ni conformiste, Rocketman ne trahira ni n'idéalisera le chanteur mais sera parfaitement à son image - déjanté, décomplexé, brillant, déprimant, kitsch, addictif, touchant, intense, follement improbable et délicieusement rock... La mise en scène fourmille d'idées, les chorégraphies et les tableaux musicaux sont d'une inventivité délirante. L'académisme et la bien-pensance n'ont pas davantage leur place au sein de Rocketman que dans la discographie d'Elton John. La banale biographie se transforme donc en véritable comédie musicale où tous les acteurs démontrent un talent hallucinant. Le portrait est authentique et donc loin d'être toujours flatteur, tout en s'abstenant de juger. On ne condamne pas un parcours, on l'expose, avec sincérité et compassion, par le prisme de l'Art et non du voyeurisme. Jamais ne seront occultés ses failles, ses troubles, ses erreurs, de même que sa grandeur, sa passion ou ses prouesses scéniques et vocales... Egerton incarne le chanteur avec toute la sincérité d'un grand acteur : ni imitation, ni parodie, son interprétation toute en finesse, sur le fil, insuffle à son rôle la mélancolie et le génie de John. A ses côtés, Jamie Bell, qui incarne Bernie Taupin (le parolier et meilleur ami du chanteur), est sensationnel. L'alchimie entre Bell et Egerton est palpable et le duo parfaitement complémentaire. Mais le plus fascinant, au final, c'est de constater à quel point Rocketman parlera aux fans comme aux néophytes. Chacun y trouvera son compte. Car le long-métrage décrit un parcours au final universel : s'accepter, lutter contre ses démons, s'émanciper des personnes toxiques, connaître l'amour, s'épanouir dans la plus belle des amitiés, se battre pour ses idées, ne rien lâcher professionnellement et, enfin, être en paix avec son "moi intérieur" - ce qu'on a été et ce qu'on sera, ce qu'on est au quotidien... Sous les paillettes, les shows et le business, il y a l’authenticité et la complexité d'un homme, transcendées par une équipe passionnée. C'est là où réside toute l'universalité des propos, toute la beauté des images, toute la force du sujet. L'implication émotionnelle est si forte, le film si ambitieux et honnête qu'on lui pardonne volontiers une scène inutilement niaise et un final un peu trop abrupt. Voici une apothéose détonante à laquelle personne n'était préparé.


Green Book : Succès inattendu sur le territoire américain en 2018, Green Book a créé une seconde fois la surprise en s'imposant comme le grand vainqueur de la 91ème cérémonie des Oscars. Une ovation des plus méritées car le film de Peter Farrelly, d'ordinaire friand de comédies potaches, se révèle une réussite flamboyante, caustique et intimiste.

Inspirée de l'histoire vraie du pianiste afro-américain Don Shirley et de son chauffeur homme de main d'origine italienne Tony Vallelonga, la trame retrace leur voyage dans le Sud des années 60, où le racisme est encore omniprésent. Un périple qui va amener au rapprochement de ces deux êtres radicalement opposés mais singulièrement complémentaires. Don, virtuose, brillant, excentrique et vaguement snob, rentre très vite en altercation avec Tony, frustre père de famille empli de préjugés qui s'avère également loyal, droit et spontané. L'opposition au sein de ce tandem improbable va aboutir à un lent apprivoisement mutuel, puis une amitié sincère, où chacun va profondément impacter l'autre. Les protagonistes, bien qu'imparfaits, s'avèrent touchants, véhiculent une humanité et une authenticité qui leur est propre. Les prestations éblouissantes de Mahershala Ali, secret et singulier, et Viggo Mortensen, dans un rôle à contre-emploi, transforment une franche réussite en coup d'éclats.

Si Green Book aborde des thématiques fortes et sensibles, tels que le poids du milieu social, l'intégrité, l'honneur, l'homophobie, le racisme (banalisé ou non), il ne tombe jamais dans le pathos. Mieux : il est souvent drôle, décalé, refuse systématique de tomber dans le mécanisme bien huilé du mélodrame larmoyant et moralisateur. En découle un buddy-movie historique et improbable, où les dialogues font mouche à coup sûr et où le scénario s'attarde davantage sur les personnalités hors-normes de son tandem.

Dans cet équilibre délicat qu'est la comédie engagée, le long-métrage parvient à susciter de véritables moments d'émotion, où les sentiments émergent à fleur de peau, s'immiscent subtilement dans le jeu de Mortensen et Ali.

Certes, on pourrait reprocher à la réalisation d'être trop académique - toutefois, on préfère y voir une volonté de s'effacer totalement derrière l'histoire, préservant une trame puissante de toute fioriture.

Un road-movie positif, infiniment bienveillant et intelligent, porté par le duo mémorable Viggo Mortensen/Mahershala Ali. Une ode à la tolérance naviguant au cœur des paysages magnifiques étasuniens, sans élitisme, qui brille par son message touchant.

Cold Skin : Cette fable noire et tragique, inspirée du roman d'Albert Sánchez Piñol, se distingue par son ambiance lyrique, sa photographie sublime, les paysages hors-du-temps de Lanzarote, le maquillage bluffant, la violence et le dantesque des scènes se déroulant dans le phare... La trame aurait pu être écrite par Lovecraft et les visuels peints par Caspar David Friedrich tant le fond comme la forme sont sidérants de beauté. Le dernier long-métrage de Gens est sans nul doute son plus beau, son plus abouti, son plus complexe aussi. Cold Skin ne se limite pas à l'horreur - cette dernière est d'ailleurs plutôt secondaire - mais tend vers différents genres : le conte, l'épouvante, la philosophie, le parcours initiatique, le survival, le fantastique... Il explore avec une sensibilité infinie le parcours d'un jeune météorologue exilé sur une île désertique, devant composer avec le gardien de phare aux motivations troubles Gruner et une horde de créatures amphibiennes prête à lancer l'assaut nuit après nuit. On peut évidement y voir une allégorie fantastique de la xénophobie, de cette peur farouche de l’autre, si différent, si inconnu. Si bien que, très vite, une question se pose : qui est l'être civilisé et qui est la bête ? Dans son univers, le Beau et la Bête s’y fréquentent dans de sombres contrées battues par les vents, menacés par la barbarie humaine, exilés au cœur d’un paysage sauvage où le noir du sable s’oppose au bleu glacé de la mer. Dans Cold Skin, la peau est froide mais le cœur est bel et bien chaud. De quoi tomber intensément amoureux de ce film à la croisée des genres.


Once Upon a Time in Hollywood : Qu'on apprécie ou non l'homme, qu'on soit réceptif ou pas à son art, il est unanimement admis qu'un nouveau Tarantino est toujours une sortie majeure. Et de fait Once upon a Time... In Hollwyood est, purement et simplement, l’événement de 2019 ! Le dernier Tarantino reprend bien sûr tous les codes de son réalisateur : son art du dialogue, ses personnages de ratés magnifiques, son déluge de références, sa fixette sur les pieds, sa violence exaltée, sa bande-originale calibrée avec un soin chirurgical, son casting irréprochable, ses habituelles têtes d'affiche... Mais Once upon a Time... a su transcender son postulat de base, celui d'un acteur étiqueté has-been et de son cascadeur attitré, un duo de paumés attachants naviguant dans une période charnière du cinéma, côtoyant de près les pourtant inaccessibles Sharon Tate et Roman Polanski. Au milieu de cette époque en pleine effervescence, une pléthore de protagonistes iconiques, réels ou non. DiCaprio en acteur dépassé, alcoolique, pathétique mais terriblement attachant, est aussi incroyable qu'à son habitude ; Brad Pitt, lui, incarne à merveille le cool tarantinesque, tout en ajoutant à son rôle de baroudeur cascadeur son sex-appeal naturel. La bromance entre les protagonistes est palpable, de même que l'alchimie entre DiCaprio et Pitt. Une très belle amitié virile, atout phare des tribulations un peu vaine de nos deux (anti)héros devenus persona non grata. Once upon a time.... in Hollywood retrace une période fantasmée par le regard admiratif de Tarantino, ces années 60 si chères au réalisateur. Si le long-métrage colle au plus près de l'esprit de cette décennie, il s'octroie évidement de grandes libertés - tout comme il l'avait fait pour Inglourious Basterds. Le film a été fait pour le cinéma au sens le plus large du terme, ceux qui le construisent, ceux qui le font grandir au quotidien devant et derrière la caméra, ceux qui le regardent, ceux qui le vivent. Ceux qui l'aiment. En presque 3 heures, le créateur terrible de Reservoir Dogs signe une histoire dense, soigne son ambiance avec une minutie exaltante et se veut volontiers contemplatif afin d'accentuer l'imprégnation du public... Quitte à laisser certains spectateurs sur le carreau. Mieux vaut être informé sur les faits et leur temps avant de se présenter dans les salles obscures donc, si l'on souhaite saisir toute la subtilité de ce chef-d'oeuvre. Car oui, Once Upon a Time... In Hollywood n'est pas seulement un grand Tarantino. C'est un grand film, tout court.

Joker : Il y aura un avant et un après Joker, une remise en question profonde du genre. La ville de Gotham, telle que dépeinte par Phillips et Phoenix, est une métropole terne à la violence omniprésente, curieusement proche de notre société mais poussée à son paroxysme, dans toute sa crasse, sa perversité et sa misère humaine. Le chômage, la criminalité et la crise financière ont raison des institutions supposées soutenir les faibles et les malades. La ville est pourrie jusque dans ses dorures, dans sa haute société et renvoie ainsi un reflet de notre époque, comme un miroir grossissant qui accentuerait les pires défauts de notre ère. C'est dans ces moments, précisément, où le film s'avère le plus implacable : lorsqu'il pointe du doigt des dérives curieusement actuelles. Sous les traits d'Arthur, le personnage principal, Joaquin Phoenix respire ce mal-être, le suinte par tous ses pores. Position voûtée, dos bossu, d'une maigreur affolante, rictus inquiétant et regard fixe. Dès les premières images, la folie est là, dans les gestes, les mimiques, les regards. Dans le désespoir patent du protagoniste, sa souffrance qu'il porte inlassablement depuis des années. La déchéance - ou l'élévation selon les points de vue - sera magistrale, violente, inéluctable. Le film n'excuse rien mais montre, insiste sur le parcours de son sombre héros, pousse les spectateurs à l'exercice le plus périlleux : s'identifier à un psychopathe, le comprendre et l'aimer. Souffrir avec lui et assister impuissant au carnage annoncé. S'il ne peut atteindre sa superbe dans les carcans modernes, il anéantira tout et renaîtra sous sa forme la plus exterminatrice. Un discours nihiliste qui parlera à bon nombre de défavorisés mais aussi aux personnalités les plus extrémistes - le parallèle avec l'actualité est terrible, il prend aux tripes, assène ses coups avec une précision terrifiante. Le film revendique clairement son engagement et sa faculté à déranger, à traîner le public hors de sa zone de confort. Aussi pardonne-t-on au film quelques facilités, des clins d’œil légèrement trop appuyés. Les imperfections ajoutent à son charme, tout comme son potentiel dramatique surexploité jusqu'à l'asphyxie. Lorsqu'il flirte avec le mélodrame et menace de tomber dans le pathos, le long-métrage se redresse aussitôt, en funambule, jonglant avec ses travers sans jamais donner dans la surenchère. Politique, grandiose, anxiogène, visionnaire, bouleversant, éprouvant, intense, dérangeant... Au final, bon nombre d'adjectifs colle à cet OVNI tonitruant et dépourvu de manichéisme, hallucination cauchemardesque et cruellement contemporaine. Joker vient de changer Hollywood avec son sourire sanglant, son rire malade, son corps de pantin désarticulé et sa pensée radicale.

 

☣ Flop 2019 ☣

On ne va pas s’appesantir longtemps sur le sujet et non, je ne m'enquiquinerais même pas à aérer le texte avec des images ! C'est mauvais, offensant et je ne vois pas pourquoi je me casserais les fesses pour la mise en page de longs-métrages qui ont, eux, allègrement, torché leur sujet.

Allons-y pour une récap' express pleine de haine, de rage et de lassitude !

  • Cœurs ennemis : Un triangle amoureux en costumes qui suinte le mélo à chaque image. Dénué de passion et de souffle, cette fresque historique sur fond de 2ne Guerre Mondiale réussit l'exploit de rendre les ébats des divins Keira Knightley et Alexander Skarsgård aussi fades qu'un téléfilm érotique M6. Cette tragédie sirupeuse, embourbée dans son pathos, tirera sans doute des sanglots aux plus cœurs d’artichauts d'entre vous, les autres s'ennuieront ferme et nous, on crie au gâchis !

  • Tall Girl : Décidément, Netflix a le chic pour s'associer aux comédies romantiques douteuses ! Concernant cette 2nde place du flop, j'étais partagée entre Tall Girl et The Perfect Date - après réflexion, il s'avère que ce dernier est sauvé par un très bon personnage bien interprété (merci Laura Marano), ce qui n'est hélas pas le cas du premier. Tall Girl, pour résumer grossièrement, est aussi exaspérant qu'oubliable, sorte d'ersatz à la production japonaise culte Lovely Complex. Un casting insipide, une réalisation inexistante, un scénario vu et revu, une pincée de racisme, une overdose de clichés... De quoi regretter sincèrement le très bon Alex Strangelove.

  • Le dindon : Et une comédie française moisie dans le flop, une ! La première d'un trio particulièrement indigeste servi cette année par notre belle patrie (ironie). La plupart des acteurs cabotinent à n’en plus finir, le scénario souffre de sérieux problèmes de rythme, les vannes tombent à plat, la transposition dans les 60’s ne marche absolument pas… Il semble évident que Feydeau, vu à l’époque #metoo, est un pari risqué – un pari qui ne paye pas. La dernière collaboration Lespert/Gallienne est d’un ennui mortel, inconséquente au mieux, malaisante au pire. Le dindon, à n’en pas douter, c’est nous !

  • Fast & Furious - Hobbs & Shaw : Sur le papier, l’idée est géniale. Il est vrai qu’elle constituait le point fort du dernier film Fast & Furious en date : l’alchimie entre Dwayne Johnson et Jason Statham marchait à la perfection, leurs joutes verbales étaient hilarantes et leur statut d’emblème de blockbusters donnait à leurs affrontements un potentiel jubilatoire inégalable auprès des fans. Le potentiel est là, donc. Et pourtant, pourtant... Le traitement laisse franchement à désirer : la trame est paresseuse, la réalisation manque d’envergure, les scènes d’action sont poussives et les vannes marchent une fois sur trois. Le spin-off réussit l’exploit d’être encore plus insipide visuellement que son prédécesseur – on regrette du même coup l’absence de James Wan, réalisateur du septième volet... Le plus impardonnable reste le traitement humoristique. Le potentiel comique de voir le Transporteur ET The Rock réunis échoue lamentablement. S’il était plaisant de voir Hobbs et Shaw se balancer des piques à quelques reprises dans le huitième film, les observer se comporter en rivaux décérébrés durant plus de deux heures est autrement plus difficile à supporter. Il revient quand Vin Diesel déjà ?

  • Le coup du siècle : Ce n'est ni mordant, ni culotté, ni féministe mais, à l'exact opposé, d'une lourdeur, d'un conformisme et d'un sexisme qui donnent matière à grincer des dents. L'intrigue, pas inintéressante en soit, est totalement plombée par la performance de Rebel Wilson. Cette dernière est encore une fois prisonnière de son rôle fanfaron et gaffeur, véritable ersatz de son personnage de Pitch Perfect. La comédienne défraie certes les standards étriqués infligés aux actrices mais se voit toujours proposer le même genre de rôles, trahissant l'absence totale d'évolution de l'empire hollywoodien quant à ses diktats. Résultat : Wilson cabotine, surjoue, s'ennuie à mort et nous avec. Le coup du siècle est un coup manqué.

  • The Silence : Pour la 6ème place du flop, j'ai longuement hésité entre cette daube Netflix et Ma... Au final, j'estime que le second a au moins le mérite d'offrir une conclusion relativement satisfaisante, ce qui n'est pas le cas du premier. The Silence s'embourbe dans la musique grandiloquente, le gore facile, le mélo pathétique, les effets spéciaux ratés... Mais de fait, le plus impardonnable, c'est qu'il vire dans le grand n'importe quoi scénaristique pour aboutir à une conclusion bâclée : personnages rescapés trop rapidement, passage éclair sur le voyage jusqu'au camp de survivants, retrouvailles forcées avec le love interest de l'adolescente... Soit la production n'avait plus de budget nécessaire pour montrer des scènes primordiales, soit le scénariste a souffert de sérieuses lacunes quant à la rédaction de son histoire. Reste des acteurs impeccables et une idée prometteuse, totalement noyée par une équipe incompétente. La version low-cost de l'excellent Sans un bruit.

  • Qu'est-ce qu'on a encore fait au Bon Dieu ? : La suite d'un succès (déjà contestable) ne peut désormais plus miser sur l'effet de surprise. Résultat : un copié-collé fade, encore moins drôle, qui suinte la morale convenue et les bons sentiments. Cette conclusion mièvre n'est évidemment ni subversive, ni osée : elle rentre toujours singulièrement dans les clous et fait en plus office de bonne propagande chauvine, niant au passage les questions légitimes des français sur les boulversements de leur pays ! Les personnages féminins sont encore une fois relégués au second plan là où la sympathie véhiculée par le quatuor masculin (Ary Abittan, Medi Sadoun, Frédéric Chau et Noom Diawara, toujours impeccables) ne suffit pas à sauver le scénario de la débâcle. Christian Clavier et Chantal Lauby ne semblent que peu concernés par le sabotage respectif de leur carrière déclinante. Alors oui, la question se pose : qu'est-ce qu'a fait le cinéma français pour avoir à endurer ça ?

  • 47 Meters Down Uncaged : Certains d'entre vous se remémorent peut-être 47 Meters Down, un thriller claustrophobe efficace mettant en scène deux sœurs prisonnières d'une cage d’observation, au fond de l’océan, cernées par les requins et bientôt à court d'oxygène. Un long-métrage honnête, porté par le duo Mandy Moore/Claire Holt, qui misait avant tout sur la sobriété des effets spéciaux et le potentiel anxiogène de son scénario. Cette suite n'a en commun que son titre racoleur et annihile d'un coup le potentiel d'une franchise correcte. Entre ses personnages insupportables, ses CGI hideux et sa mise en scène catastrophique, Uncaged est un nanar de premier ordre, risible et stupide, à peine plus évolué qu'un Sharknado. Une daube qui coule à pic dès sa première demi-heure.

  • Murder Mystery : La dernière exclusivité Netflix en date promettait une comédie d’action sur-vitaminée, vague parodie d’Agatha Christie… Le problème ? L’humour, gras et fade, enchaîne une succession de bides tout simplement sidérante. L’intrigue est prévisible au possible, cumule les péripéties sans parvenir à rehausser l’intérêt du public ne serait-ce que dix minutes. Les scènes d’action sont tournées sans panache ni envergure. Quant aux protagonistes, s’ils sont tous assez oubliables, le personnage masculin principal remporte aisément la palme ! Résultat : 1h40 qui semble s’éterniser dans un tourbillon de blagues insipides, de vannes lourdingues et d’action bas-de-gamme ! La seule question que le spectateur parvient à se poser est la suivante : comment un casting pareil a-t-il pu s’embarquer dans cette galère ? Affligeant de bêtise, on zappe et on oublie.

  • Joyeuse retraite ! : Les péripéties de ce couple sexagénaire bien décidé à déménager au Portugal loin des ennuis et de la grisaille se révèlent bien fades. Les acteurs ont beau être irréprochables et s'investir dans leur rôle du mieux possible, leurs personnages ne brillent ni par leur sympathie, ni par leur caractère. La faute à une écriture qui multiplie les poncifs et s’essouffle bien vite, dès sa première demi-heure. La trame est tellement bâclée qu'elle ne se donne même pas la peine de résoudre toutes ses sous-intrigues, notamment l'homosexualité cachée d'un protagoniste secondaire ; une ficelle grossière qui au final n'aboutit à rien, hormis garantir LA blague LGBT... Cette énième production centrée sur le milieu bobo, pas caustique ou subversive pour deux sous, sent légèrement la naphtaline. Evidemment, la conclusion dégouline de bons sentiments et de prévisibilité - il ne faudrait surtout pas remettre en question la bien-pensance à la française. Une comédie poussive et fainéante qu'on placerait bien en maison de retraite...

 

Catégorie "Déception(s) quand tu nous tiens"

(pas mauvais en définitive mais j'en attendais tellement plus)

 

Autres films de 2019

Ces films qui ne sont pas mes coups de cœur mais restent néanmoins drôles, touchants, distrayants, (sur)prenants ou juste sympathiques.

Barème : / sympa ✩ bon ✩✩ très bon

✩✩✩ excellent

 

Séances de rattrapage

(Que des bons films sortis précédemment mais vus en 2019,

de très belles découvertes dans le lot...)

Barème : / film bon ✩ très bon ✩✩ excellent ✩✩✩ coup de cœur

  • Ant-Man

  • Ant-Man & la Guêpe

  • Calendar Girl

  • Excess Baggage

  • Films stars don't die in Liverpool ✩✩

  • Heaven Help Us ✩✩✩

  • Incassable

  • Iron Man 2

  • Iron Man 3

  • Jean-Christophe et Winnie

  • Le bon numéro

  • Le mystère des fées

  • L'homme sans âge

  • L'incroyable Hulk

  • Manhunt

  • Pulp Fiction ✩✩✩

  • Reservoir Dogs ✩✩

  • Shining ✩✩✩

  • Soyez sympas, rembobinez !

  • Spider-Man : Into the Spider-Verse ✩✩

  • Still Crazy

  • The Little Stranger

  • The Mortal Instruments - La cité des ténèbres

  • The Skeleton Twins ✩✩✩

  • Tremors

 

Et 2020 dans tout ça ?

Personnellement cette année 2019 a dépassé de très loin mes espérances en matière de toiles... Sur les longs-métrages que j'avais le plus envie de voir au cours des 12 derniers mois, je suis ravie de voir qu'aucun flop ne traînait dans le lot ! Par contre, un Xavier Dolan (pas celui attendu, certes), Aladdin, Once Upon a Time in Hollywood et Edmond ont bien gagné leur place dans les favoris ; de même, La favorite et Ça - Chapitre 2 ont rejoint mes mentions honorables. Un succès, je vous dis !

Le problème c'est qu'il y a nettement moins de films qui me tentent en 2020 - moitié moins pour être exacte et encore, j'ai eu beaucoup de mal à en dénicher dix... Voici donc les films que j'irai probablement voir en cette nouvelle année - dans le désordre le plus complet :

  • Jojo Rabbit : Après avoir désacralisé le super-héros Thor dans Ragnarok, le trublion Taika Waititi revient en force avec ce film dédié aux jeunesses hitlériennes, vues par le prisme d'un garçonnet inadapté socialement... La forme s'annonce délirante, délicieusement outrageuse et singulièrement osée, bien loin des mélodrames habituels sur le sujet, et devrait dézinguer tous les clichés du genre. Vraisemblablement plus intelligent et sensible qu'il n'y paraît au premier abord, Jojo Rabbit a bien mérité sa sélection aux Oscars, où il concourt notamment dans la catégorie meilleur film. Cerise sur le gâteau : on retrouve Scarlett Johansson, Sam Rockwell et Alfie Allen au casting. Vivement le 29 janvier !

  • Annette : Voici une comédie musicale réalisée par un compatriote détonnant qui devrait faire grand bruit. Avec pour tête d'affiche Marion Cotillard et Adam Driver, doit-on s'attendre à La La Land sauce française ? Rien n'est moins sûr vu le parcours de Leos Carax... Une chose est sûre : l'équipe a déjà de quoi piquer la curiosité ! Et puis entendre Marion et Adam chanter, c'est toujours un plaisir.

  • Sans un bruit 2 : Mon coup de cœur horrifique de 2018 va avoir droit à une suite cette année... Si cette idée me comble autant qu'elle me laisse dubitative, j'avoue l'attendre malgré tout avec grande impatience. L'équipe est la même (devant et derrière la caméra), à laquelle s'ajoutent, niveau casting, Cillian Murphy et Djimon Hounsou... On croise les doigts.

  • Rebecca : Et un film Netflix, un ! La nouvelle adaptation du roman culte de Daphne du Maurier, déjà porté sur le grand écran par Hitchcock et sur le petit pour la BBC, met Lily James, Armie Hammer et Kristin Scott Thomas sur le devant de la scène. Son réalisateur Ben Wheatley, réputé pour ses partis-pris radicaux (High-Rise) devrait proposer une version résolument dérangeante et macabre, à l'image de l'oeuvre originale.

  • Black Widow : Si Marvel risque de perdre une partie de son public après la conclusion très satisfaisante offerte par Endgame, on ne peut que s'enthousiasmer par ce long-métrage ENFIN centré sur l'héroïne emblématique des Avengers, toujours incarnée par la divine Scarlett Johansson.

  • The King's Daughter : Après 5 ans d'attente, le public devrait ENIN découvrir ce film fantastico-historique tiré du singulier roman La Lune et le Roi-Soleil de Vonda McIntyre. Je guette sa sortie tous les ans depuis son annonce et j'avoue que ce serait cool si, enfin, le film de Sean McNamara sortait en salles pour 2020. On croise les doigts !

  • The True History of the Kelly Gang : Un western avec George MacKay, Russell Crowe, Nicholas Hoult et Charlie Hunnam sous la direction de Justin Kurzel (Les Crimes de Snowtown ; Macbeth), réalisateur shakespearien par essence... Voilà qui promet un grand spectacle crépusculaire. Annoncé en 2019, toujours pas sorti, on espère une distribution en salle cette année !

  • Jungle Cruise : Une aventure bien barrée portée par Dwayne Johnson, Emily Blunte et le trop méconnu Jack Withehall. On espère une franchise façon La Momie ou Pirates des Caraïbes mais il est clair que ce sera soit une franche réussite, soit un nanar de premier ordre...

  • Comment je suis devenu un super-héros : Alors que Marvel et DC continuent à s'affronter pour régner sur l'empire américain, la France semble nous réserver une belle surprise avec ce long-métrage inattendu porté par Pio Marmaï.

  • Dune : Adaptation de la saga culte de Frank Herbert par Denis Villeneuve, ce Dune 2020 devrait tenir toutes ses promesses et donne de nouveau à Timothée Chalamet, décidément incontournable, le rôle principal...

  • West Side Story : L'adaptation de la comédie musicale culte aurait tout d'un projet douteux si elle n'était pas réalisée par Steven Spielberg... Forcément, le projet intrigue. A découvrir en salles en décembre 2020 donc.

 

Et pour vous 2019, ça donne quoi ?

Grandiose ou décevante, cette année ciné ??

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