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  • Photo du rédacteurChloé

Cin’express : Août 2019

🎥 Cin’express : 🎥

Août 2019

🎬 Descendants 3 (Direct-to-Video) : 2/5

Chaque génération à sa saga Disney Channel. Pour le meilleur comme le pire. Après le raz-de-marée High School Musical, c'est la déferlante Descendants qui a gagné le cœur des pré-ados.

Cette réinterprétation poussive des contes, orientée pop sirupeuse et baby rock, mettant en scène les enfants des méchants Disney, n'avait rien de bien mémorable mais le succès a été au rendez-vous. Résultat : une trilogie.

Le premier volet était kitsch à souhait et d'une débilité rarement atteinte mais la suite lui était légèrement supérieure, tant dans les chorégraphies que les aventures vécues par les personnages.

Cette amélioration laissait espérer un dernier opus satisfaisant... Et c'est raté !

La conclusion s'avère nettement moins réussie que son prédécesseur, s'élève à peine au-dessus du premier volet. Niveau musical, c'est d'une fadeur absolue ; niveau chorées, on a régressé au delà du tolérable. Deux exceptions notables toutefois : Do What You Gotta Do et Nigh Falls qui tire sérieusement sur Immigrant Song de Led Zepplin. Problème ? Les deux chansons se suivent et une fois passées, vous n'aurez rien à vous mettre de potable dans l'ouïe durant une heure...

Mal prend, comme à son habitude, les pires décisions sans que personne ne lui en tienne rigueur bien longtemps. Il faut d'ailleurs tout le charme de son interprète pour ne pas faire de cette pseudo héroïne la reine des têtes à claques.

Car oui s'il est bien un point sur lequel la saga n'a pas à avoir honte, c'est son casting. Son quatuor de jeunes acteurs principaux (Dove Cameron, Sofia Carson, Booboo Stewart et le regretté Cameron Boyce) est toujours aussi compétent et attachant. Quant aux nouveaux comédiens, débarqués dans le deuxième opus (China Anne McClain, Thomas Doherty, Dylan Playfair), ils sont des plus sympathiques. Pour ce final, on note également la présence du génial Cheyenne Jackson en Hadès qui offre une performance truculente à souhait, doublé d'un bon duo avec Dove Cameron.

Sur ce troisième opus, hélas, il y a aussi deux acteurs qui se livrent à un concours hallucinant de sur-jeu : la nouvelle antagoniste (Sarah Jeffery) et Jedidiah Goodacre aka le prince Chad Charmant, sous-fifre peu probant depuis les débuts de la trilogie et dont l'inutilité est toujours frappante.

Le plus triste là-dedans ? Se dire que c'est le réalisateur-chorégraphe Kenny Ortega qui est aux commandes. Qu'il est loin le temps des danses lascives de Dirty Dancing et de la parade déjantée de La Folle Journée de Ferris Bueller ; qu'il semble fini l'âge d'or des détonants Newsies, Hocus Pocus et Extravagances...

 

🎬 Fast & Furious - Hobbs and Shaw : 2/5

Depuis son changement radical de direction, la saga Fast and Furious connaît un second souffle bienvenu. Exit la sobriété fauchée et le tuning beauf à outrance des premiers films. La série mérite désormais amplement son appellation de rapide et déchaînée tant elle a poussé son postulat à son paroxysme ! Scènes d’action ébouriffantes quoique hautement improbables, cascades décomplexées, scénario fun sans prise de tête, protagonistes attachants... Des divertissements de haute gamme, effrénés et jouissifs, qui assument totalement leur parti-pris. Après un septième volet explosif et étonnamment touchant, suivi par un huitième opus inégal, ce nouveau film s’éloigne de l’intrigue principale pour suivre deux personnages secondaires mémorables : Luke Hobbs et Deckard Shaw. L’idée est, bien sûr, de lancer une série dérivée avec d’autres héros déjà familiers aux yeux du public et de pérenniser la franchise après le départ de Dom et sa bande... Pour y parvenir, quoi de plus approprié que d’asseoir durablement le tandem Hobbs/Shaw, l’un des atouts phares du précédent long-métrage ?

Sur le papier, l’idée est géniale. Il est vrai qu’elle constituait le point fort du dernier film en date : l’alchimie entre Dwayne Johnson et Jason Statham marchait à la perfection, leurs joutes verbales étaient hilarantes et leur statut d’emblème de blockbusters donnait à leurs affrontements un potentiel jubilatoire inégalable auprès des fans. Le potentiel est là, donc. Et pourtant, pourtant... Le traitement laisse franchement à désirer. La déception est à la hauteur de l’attente suscitée par un pitch centré sur le duo.

Jugez plutôt : la trame est paresseuse, la réalisation manque d’envergure, les scènes d’action sont poussives et les vannes marchent une fois sur trois. Le spin-off réussit l’exploit d’être encore plus insipide visuellement que son prédécesseur – on regrette du même coup l’absence de James Wan, réalisateur du septième volet... Histoire de planter un peu plus vite les clous du cercueil, Hobbs and Shaw reprend du même coup l’idée la plus douteuse de la franchise et s’enlise dans une sous-intrigue de science-fiction bancale absolument négligeable. Autre point négatif, la continuité qui semble avoir été totalement abandonnée en cours de route. La personnalité d’Hobbs n’a plus rien à voir avec celle du personnage de F&F. Quant au frère chéri de Shaw, Owen, il n’est que rapidement évoqué ; en revanche, les voilà dotés d’une sœur badass à souhait : Hattie.

On pourrait y voir une ambition féministe (la saga, entre Letty, Ramsey et Elena n’a jamais manqué d’héroïnes fortes) mais encore une fois, le développement la concernant est plutôt bancal. Oui, la petite dernière de la fratrie Shaw est indubitablement cool mais elle débarque sans crier gare et sera probablement réduite au statut de love-interest attiré d’Hobbs dans leurs prochaines aventures. Reconnaissons-lui néanmoins le talent de son interprète, Vanessa Kirby.

Le plus impardonnable reste le traitement humoristique. Le potentiel comique de voir le Transporteur ET The Rock réunis échoue lamentablement. S’il était plaisant de voir Hobbs et Shaw se balancer des piques à quelques reprises dans le huitième film, les observer se comporter en rivaux décérébrés durant plus de deux heures est autrement plus difficile à supporter.

Marketing oblige, on a le droit a une apparition inutile de Kevin Hart, estampillé comic-relief de Johnson depuis Jumanji, et de Ryan Reynolds qui vient faire un petit coucou tout aussi inutile avant Deadpool 3. Le seul but de leurs apparitions est de donner dans la référence facile et d’en rajouter encore dans l’humour potache, leurs personnages n’ayant visiblement aucun rôle prévu dans le scénario. Niveau clin d’œil sympa, on notera en revanche celui fait à Statham, Shaw possédant une voiture similaire à celle conduit par l’acteur dans Braquage à l’italienne.

Au milieu de tout cela, Idris Elba et Helen Mirren s’avèrent toujours aussi impeccables, tout comme Johnson et Statham. Pour continuer dans les points positifs, la BO reste plutôt sympathique. Quant aux paysages (Hawaï et l’Angleterre principalement), ils sont véritablement magnifiques même si la mise en scène pataude de David Leitch ne permet pas d’en apprécier la grandeur.

Il n’empêche que cette virée autour du monde reste surtout parfaitement inutile. Il revient quand Vin Diesel déjà ?

 

🎬 Once upon a Time... in Hollywood : 4/5

Qu'on apprécie ou non l'homme, qu'on soit réceptif ou pas à son art, il est unanimement admis qu'un nouveau Tarantino est toujours une sortie majeure. Et de fait Once upon a Time... In Hollwyood s'annonce, purement et simplement, comme l’événement de 2019 !

Le dernier Tarantino reprend bien sûr tous les codes de son réalisateur : son art du dialogue, ses personnages de ratés magnifiques, son déluge de références, sa fixette sur les pieds, sa violence exaltée, sa bande-originale calibrée avec un soin chirurgical, son casting irréprochable, ses habituelles têtes d'affiche...

Mais Once upon a Time... a su transcender son postulat de base, celui d'un acteur étiqueté has-been et de son cascadeur attitré, un duo de paumés attachants naviguant dans une période charnière du cinéma, côtoyant de près les pourtant inaccessibles Sharon Tate et Roman Polanski.

Le Hollywood dépeint dans cette épopée cinéphile est pourtant d'un réalisme foudroyant : une plongée immersive dans les studios des 60's, durant cet été caniculaire aux relents de marijuana. La télévision est en pleine évolution, les hippies scandent leurs chansons, le manoir Playboy est à son apogée. Le western est en passe de devenir ringard, les films d'art martiaux connaissent un succès retentissant. Les célébrités du moment (Bruce Lee, Steve McQueen, James Stacy) côtoient d'anciennes étoiles sur le déclin, proches de la disparition, cristallisées par un Leonardo DiCaprio truculent au sommet de sa forme. L'univers des années flower power, son ambiance, son charme et ses dérives, est parfaitement exploré par Tarantino, conteur fasciné et fascinant d'une ère révolue.

Au milieu de cette époque en pleine effervescence, une pléthore de protagonistes iconiques, réels ou non.

DiCaprio en acteur dépassé, alcoolique, pathétique mais terriblement attachant, est aussi incroyable qu'à son habitude ; il délivre son interprétation-caméléon à la perfection. Beaucoup d'auto-dérision, une pointe d'angoisse aussi face à l'avenir pour l'acteur fétiche de Scorsese, visiblement très impliqué dans le personnage de Rick Dalton.

Brad Pitt, lui, incarne à merveille le cool tarantinesque, tout en ajoutant à son rôle de baroudeur cascadeur son sex-appeal naturel. Dangereux, sexualisé à chaque apparition (notamment lors d'un plan iconique sur un toit), décontracté en permanence et vaguement cynique, le personnage de Cliff Booth est très réussi. Vu le travail dantesque de recherches effectué par Tarantino, on peut penser que le personnage est inspiré par un cascadeur ayant réellement existé et côtoyé la secte Manson, Donald Shea. La bromance entre les protagonistes est palpable, de même que l'alchimie entre DiCaprio et Pitt. Une très belle amitié virile, atout phare des tribulations un peu vaine de nos deux (anti)héros devenus persona non grata.

Autour d'eux gravitent la jeune actrice surdouée Trudi Fraser (excellente Julia Butters), probablement calquée sur une autre comédienne précoce, à savoir Judi Foster ; une adolescente hippie à la sensualité provocante (sulfureuse Margaret Qualley) ; un producteur opportuniste (Al Pacino, inénarrable) ; un couple de directeurs-cascadeurs incarné avec brio par Kurt Russell et Zoe Bell.

Comme dit plus haut, le film mélange fiction et réalité, on croise donc des personnalités emblématiques de l'époque, comme les acteurs James Stacy (Timothy Olyphant), Bruce Lee (Mike Moh) et Steve McQueen (Damian Lewis)... On retrouve aussi Sharon Tate (Margot Robbie), Roman Polanski (Rafał Zawierucha) et leur entourage direct, à savoir le coiffeur ami-confident Jay Sebring (Emile Hirsch), Abigail Folger (Samantha Robinson) et Wojciech Frykowski (Costa Ronin). Bref un panel de stars pour incarner des personnalités toutes aussi révérées 50 ans plus tôt...

Tarantino nous laisse brièvement apercevoir le temps d'une scène le gourou Charles Manson - Damon Herriman, qui l'incarnait déjà brillamment dans la série Mindhunter. Le spectateur sera également amené à faire connaissance avec sa "famille" lors d'une excursion particulièrement malsaine au Ranch Spahn. Les acteurs prêtant leurs traits à ces psychopathes faussement peace & love sont tous très convaincants, à commencer par Madisen Beaty en Katie, Mikey Madison en Sadie, Dakota Fanning en Squeaky ou encore Lena Dunham en Gypsy. De la bande, on retiendra surtout la performance d'Austin Butler, lequel s'émancipe grandement de son image de bellâtre gentillet en incarnant le meurtrier Tex.

Once upon a time.... in Hollywood retrace une période fantasmée par le regard admiratif de Tarantino, ces années 60 si chères au réalisateur. Si le long-métrage colle au plus près de l'esprit de cette décennie, il s'octroie évidement de grandes libertés - tout comme il l'avait fait pour Inglourious Basterds.

Le film a été fait pour le cinéma au sens le plus large du terme, ceux qui le créer, ceux qui le font grandir au quotidien devant et derrière la caméra, ceux qui le regardent, ceux qui le vivent. Ceux qui l'aiment. En témoigne cette scène d'anthologie où la Sharon Tate campée par Margot Robbie observe la vraie Sharon Tate à l'écran, incarnant le rôle de Freya Carlson dans Matt Helm règle son comte. Celle qui contribue à créer se retrouve simple spectatrice et regarde avec bonheur le public réagir à sa prestation. Une mise en abîme aussi belle qu'évidente.

Le long-métrage de Tarantino est étrangement feel-good, malgré les hauts et les bas traversés par les personnages. Tant pis s'il faut pour cela modeler les faits, s'affranchir d'une vérité déprimante. Et qu'importe ceux qui qualifieront cette réalité alternative de méprisante ou irrespectueuse. Le titre s'est chargé de nous prévenir d'emblée avec son "Il était une fois". On revendique l'idée de conte de fées, avec ses princesses qui crèvent l'écran et en guise de princes charmants affrontant les méchants, deux enfants du cinéma désabusés et un peu déphasés sans doute, à savoir Booth et Dalton. Un titre qui appelle au happy-end, un happy-end que l'on souhaite de tout cœur et que Tarantino désirait sans nul doute aussi.

Le choix du titre est brillant, un coup de génie en soi. On note avec plaisir ce triple clin d’œil aux contes, non seulement parce qu'il s'agissait de l'un des premiers matériaux littéraires à être transposés sur grand écran mais aussi par l'intermédiaire d'un dialogue entre la petite Trudie, fan de Walt Disney, et Rick, dépassé par l'intelligence de sa jeune interlocutrice. Enfin, Once upon a time rappelle également un autre réalisateur culte, à savoir Sergio Leone et ses classiques Once Upon a Time in the West et Once Upon a Time in America.

Du reste, le long-métrage n'est pas exempt de défauts. On peut évidement être gêné par la vision plutôt détestable de Bruce Lee dans une scène pourtant hilarante ou par la sacralisation à outrance de Sharon Tate, si parfaite qu'elle semble singulièrement déshumanisée. Quant à la voix off qui apparaît quand bon lui chante, elle n'a aucun intérêt, trop ponctuelle pour prendre réellement son importance narrative. C'est d'autant plus regrettable que les images parlent d'elles-mêmes, suffisamment en tout cas pour se passer de la voix (certes magnifique) de Kurt Russell.

On notera aussi quelques incohérences dans la réalisation, notamment le fait d'indiquer clairement aux spectateurs qui est tel ou tel personnage mais de façon totalement aléatoire. Tate et Polanski sont intégrés dans l'histoire naturellement ; en revanche, pour identifier les stars Steve McQueen, Cass Elliot et Michelle Phillips, Tarantino choisit purement et simplement de faire apparaître directement leurs noms devant les acteurs les incarnant. Chose qu'il ne fait jamais pour le reste du casting. On peut à la rigueur y voir une référence aux stars présentées sur le tapis rouge lors des Oscars mais si tel est le cas, le clin d’œil reste trop confus pour être utile.

Enfin, si Tarantino considère son dernier-né comme son film le plus personnel, il est clair que ce dernier n'est pas adressé à tous les publics. Ses thématiques, son époque, son déroulement sont difficiles à saisir pour les non-cinéphiles et ceux qui n'ont aucune connaissance spécifique des 60's et du drame Tate. En presque 3 heures, le créateur terrible de Reservoir Dogs signe une histoire dense, soigne son ambiance avec une minutie exaltante et se veut volontiers contemplatif afin d'accentuer l'imprégnation du public... Quitte à laisser certains spectateurs sur le carreau. Mieux vaut être informé sur les faits et leur temps avant de se présenter dans les salles obscures donc, si l'on souhaite saisir toute la subtilité de ce chef-d'oeuvre.

Car oui, Once Upon a Time... In Hollywood n'est pas seulement un grand Tarantino. C'est un grand film, tout court.

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