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L’avis des libraires - 132ème chronique : Les promesses de nos lendemains

L'avis des libraires : 132ème chronique

Les promesses de nos lendemains de Tiphaine Hadet

Julien Doré, drame & demain

Bientôt quadragénaire, Valentine se retrouve du jour au lendemain séparée de son mari et maman célibataire de trois enfants.

Contre l’âpreté du quotidien, elle trouve sa plus belle échappatoire sur un forum où s’illustrent des auteurs indépendants. De concours de nouvelles en concours de nouvelles, elle se lance dans un nouveau défi littéraire : écrire des paroles pour le chanteur Julien Doré. Lors de la soirée de remise des prix, Valentine pourrait enfin rencontrer face à face son groupe d’écriture et surtout Léa, l’une des membres, qui a pris une place singulière dans sa vie.

Mais, alors que son existence virtuelle est au beau fixe, Valentine doit endurer les déboires personnels et les drames de son existence, notamment familiaux...


Il y a un peu plus d'un an, en juin 2018, paraissait ma chronique sur

Le bonheur arrive toujours sur la pointe des pieds de Tiphaine Hadet. Cet ouvrage tendre, sincère, bien écrit, m’avait réconciliée avec le genre de la comédie romantique et occupait une place de choix dans mon bilan littéraire. Loin de mes préjugés, j’avais découvert un feel-good book en puissance imprégné de Soleil, de vacances et de bonne humeur.

En 2019, c’est avec beaucoup d’attentes que je me suis immergée dans son second roman : Les promesses de nos lendemains. Et c’est avec joie que j’ai retrouvé par instant ce qui m’avait tant plu dans son précédent ouvrage – sa plume craquante, sa profusion de bons mots, sa tendresse dépourvue de niaiserie, ses personnages à la langue bien pendue, ses protagonistes un peu perdus qui cherchent à retrouver un sens dans leur quotidien...

D’emblée, on s’attache à Valentine. Une femme simple, intelligente et tourmentée, qui s’inquiète pour ses proches tout en cherchant à vivre pleinement une existence mise trop souvent entre parenthèses – un combat résolument moderne qui parlera à beaucoup d’entre nous. Ses relations avec ses enfants, fusionnelles, sont parfaitement mises en avant ; de même que l’écriture et le rôle salvateur qu’elle joue dans le quotidien de notre héroïne.

L’auteure nous régale également de personnages féminins hauts en couleurs, notamment sa belle-mère Edwige, sa sœur Claire et surtout Léa, cette amie virtuelle devenue soutien indispensable. La relation entre cette dernière et Valentine est au cœur du roman et particulièrement appréciable : malgré leurs différences d’âge et de buts, leurs parcours opposés, les deux femmes nouent une connexion très forte basée sur la confiance, l’entraide et la sincérité. Les promesses de nos lendemains n’est pas uniquement une ode au monde virtuel et ses multiples possibilités, pas plus qu’une chronique de vie familiale ou un parcours d’épanouissement personnel, ni même une histoire autour des vertus thérapeutiques de l’écriture : c’est en fait – et avant tout – un bel hommage à l’amitié.

Qui dit Tiphaine Hadet dit également musique… Les chansons tenaient une place particulière dans Le bonheur arrive toujours sur la pointe des pieds et c’est également le cas ici : outre Julien Doré (dont les morceaux s’invitent jusque dans le titre des chapitres), le roman propose une playlist plutôt diversifiée entre variété française culte, standards américains et tubes récents.

Enfin les plus attentifs auront noté un clin d’œil plutôt sympathique à une romancière positive et inspirante, Stéphanie Pélerin, et à son diptyque Ivana.

Toutefois, on regrettera une sous-intrigue beaucoup trop mélodramatique, doublée d’une réflexion plutôt bancale sur le poids des déboires sentimentaux d’une mère sur le destin de son enfant…

Quant à l’humour, s’il est toujours relativement bien dosé, on peut s’étonner de l’acerbité dont fait preuve l’auteure sur certains sujets… La virulence des propos est parfois déroutante, notamment lorsque sont évoqués les vegans (forcément extrémistes), les trentenaires célibataires sans désir de se caser (présentés comme des curiosités) ou les catholiques (arriérés pour la plupart). Si tout est dit sous-couvert de blagues, il est surprenant que cela soit énoncé de façon si manichéenne, là où Tiphaine Hadet s’oppose d’ordinaire aux stéréotypes et à l’étroitesse d’esprit…

Quelques réserves qui ne m’ont pas empêchées d’achever l’ouvrage d’une traite… Et de me replonger avec un plaisir intact dans la discographie de Julien Doré ! Après tout, l’été approche. De quoi rêver d’ailleurs, un bon roman entre les doigts et de la musique plein la tête, au bord d’un lac.

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~ La Galerie des Citations ~

« Franck s’était barré avec une nana qui porte un prénom de voiture [Mégane] et qui a vraisemblablement la carrosserie d’une Lamborghini. Désormais, je me consolais en imaginant sa tête à elle lorsqu’elle a découvert que les performances physiques du quadra père de mes enfants relevaient plus d’une 2 CV que d’un modèle dernier cri. »

~ p 16 / Valentine

« Je baisse le volume afin de laisser de la place à une éventuelle alerte provenant de l’étage. De toute manière, au regard du programme, entre les informations qui vont encore nous annoncer des centaines de morts aux quatre coins de la planète ou un divorce « people » dont je me moque comme de ma première culotte à pois rouges et une émission menée à la baguette par un dictateur-présentateur au rire énigmatique qui donne son avis sur tout le monde sans avoir une once de crédibilité, entendre ce qui passe sur l’écran ne rendra pas l’instant plus instructif ni plus agréable. »

~ p 21 / Valentine

« Ses interventions sur la plateforme nous font souvent penser qu’il est le fils spirituel de Jean-Claude Van Damme et d’Alain Delon, la beauté et le charisme en moins, si l’on s’en tient à la photographie qu’il a utilisée pour sa présentation »

~ p 23 / Valentine sur Stéphane

« Durant mes jeunes années, je ne parvenais à m’évader que grâce aux livres. Ceux que mes parents daignaient m’offrir.Des classiques qui m’ennuyaient régulièrement. Et ceux que j’empruntais à la bibliothèque et qui ne sortaient jamais à découvert entre les murs du foyer. Truman Capote. Oscar Wilde. Des romans sentimentaux. De la littérature britannique, américaine, contemporaine, fantastique, régionale. Des best-sellers. Des inconnus. »

~ p 37 / Valentine

« En cinq couplets et un refrain, elle nous donne à lire une version contemporaine d’une dissertation freudienne sous acides. Je ne sais pas si ça peut plaire à l’artiste mais, chez moi, ça ne déclenche qu’une envie galopante de déboucher une bouteille de vin devant un film romantique avec Julia Roberts. »

~ p 109 / Valentine

 

Article paru en version écourtée sur le site du Pays Briard le 28.06.2019.


Tiphaine Hadet, Les promesses de nos lendemains aux Éditions City. 304 pages. 17€90

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