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  • Photo du rédacteurChloé

Cin’express : Avril 2019

🎥 Cin’express :

Avril 2019 🎥

 

🎬 Shazam : 2,5/5

Principales rivales de Marvel, les productions DC Comics sont loin de faire l'unanimité. Ainsi, un Wonder Woman des plus enthousiasmants n'est guère parvenu à faire oublier Suicide Squad (ratage absolu) et Justice League (ersatz mal géré d'Avengers).

Autant dire que les spectateurs, tout comme les studios, attendaient beaucoup de Shazam. Une comédie survoltée avec un antihéros en tête d'affiche, misant clairement sur un public adolescent, un ton décomplexé, anti prise de tête... Dans les faits, Shazam aurait du être le grand succès publique et critique attendu par DC : la comédie super-héroïque par excellence, tous publics de surcroît, avec en tête d'affiche un casting des plus sympathiques. Zachary Levi, Mark Strong et Djimon Hounsou encadraient des jeunes acteurs au potentiel certain, à savoir Asher Angel (dernier poulain des écuries Disney Channel) et surtout Jack Dylan Grazer, excellent dans le dernier Ça et My Beautiful Boy.

Dans la réalité, le résultat est - beaucoup - plus mitigé.

La première partie du film, centrée sur les errances du jeune héros Billy, ses difficultés à s'acclimater et à trouver sa place, sa quête désespérée pour retrouver sa mère, sa rencontre avec Freddie... Tout cela marche très bien et les jeunes protagonistes se révèlent des plus attachants. Parallèlement, lorsqu'il évoque des thèmes majeurs tels que la famille, l'amitié ou le passage à l'adolescence, l'ensemble marche plutôt bien.

C'est dans son aspect héroïque que le film échoue. Ce qui est plus que problématique puisque c'est là son genre principal.

Shazam traîne un humour poussif et enfantin dès l'apparition de son super héros bodybuildé. Certaines vannes marchent mais elles sont noyées dans la surenchère de blagues enfantines assénées sur l'ensemble du long-métrage.

Zachary Levi a beau avoir un fort potentiel comique, il se retrouve vite en roue libre ! Il n'est guère aidé en cela par les aspects dramatiques de son personnage, qui se voit affronter un super vilain en carton, pas effrayant pour deux sous - quel dommage de voir Mark Strong dans un rôle pareil.

Visuellement, soyons lucides, le film est souvent bancal. Les effets spéciaux alternent des scènes dantesques avec des visuels plutôt laids, notamment ceux des antagonistes surnaturels. Ils sont du même coup d'autant plus difficiles à prendre au sérieux.

On passera également sur une incohérence majeure : celle du personnage de Billy qui, d'ado mature, devient soudainement d'une débilité à toutes épreuves sous les traits de Shazam.

Shazam est donc une déception, un potentiel gâché qui échoue totalement sur les deux points mis en avant par le marketing : l'humour et l'héroïsme. Reste un jeune casting talentueux qui sort clairement grandi du blockbuster, un aspect teen-movie qui marche plutôt bien et un dénouement des plus sympathiques.

Pour le reste, les plus de vingt-ans auront du mal à y trouver leur compte. Marvel peut encore dormir sur ses deux oreilles : les Avengers et Deadpool n'ont rien à craindre.

 

🎬 Unicorn Store (exclusivité Netflix) : 4/5

Quelques semaines après son triomphe au cinéma avec Captain Marvel, la pétillante Brie Larson s'illustre sur Netflix. Avec Unicorn Store, elle réalise son premier long-métrage. Une double réussite, puisqu'elle y tient également le rôle principal.

On s'en doutait mais Larson a des choses à dire, des défis personnels à relever, des idées à faire passer. Depuis sa confirmation en tant qu'étoile montante des écrans, elle sélectionne ses projets avec soin, se fait plus rare, impose son côté audacieux. Des choix payants qui lui vaudront dans la foulée d'être récompensée aux Golden Globe et aux Oscars.

Le talent de l'actrice n'est plus à confirmer, en revanche, côté réalisation, tout est à prouver. Et autant le dire, Unicorn Store est une excellente surprise. Rafraîchissante, pétillante et joliment barrée, cette chronique de vie nimbée de fantastique est une très belle métaphore du passage à l'âge adulte.

On y suit les péripéties de Kit, une artiste incomprise par ses parents, recalée de son école d'Art, inadaptée sociale, qui galère à intégrer la "vie active". Un boulot peu épanouissant, une boîte étouffante, un quotidien gris... Le monde du travail tranche singulièrement avec la personnalité haute en couleur de notre héroïne et son amour pour les licornes. Aussi lorsqu'elle est contactée par un vendeur loufoque (très bien interprété par Samuel L. Jackson) qui lui propose d'acquérir une licorne au terme d'une longue liste de choses à faire, Kit saute-t-elle sur l'occasion.

On apprécie la réalisation efficace de Larson, qui joue énormément sur les couleurs pour ériger un parallèle entre un univers extérieur terne et la vie à laquelle Kit aspire, pailletée et lumineuse. Le magasin de licornes, kitsch et rococo, est opposé à l'agence de communication asphyxiante et grise où elle est embauchée en intérim...

Mais le film n'est pas pour autant un bonbon rose écœurant impossible à digérer ! En effet, il est avant tout une très bonne critique de la société et de ce qu'elle nous impose : rentrer dans les codes, avoir un vrai travail, arborer un look vestimentaire qui ne détonne pas, se soumettre au regard des autres, subir les sous-entendus d'un patron un peu trop intéressé, affronter une publicité oppressante et sexiste à l'égard des femmes, endurer un marketing qui ne tolère pas une once d'originalité ou de créativité...

Kit est très loin d'être la greluche niaise qui ne jure que par les arc-en-ciels et les chevaux à cornes. Cette passion de petite fille qui la rend si heureuse fait d'elle une marginale aux yeux des autres. Parce qu'elle a conservé justement cette part d'enfance, cette aspiration rêveuse d'avoir un jour sa propre licorne, elle est jugée comme bizarre, crédule. Mais si elle aime tant cet animal imaginaire, c'est avant tout parce qu'il lui a apporté la compagnie à laquelle elle aspirait tant, qu'il a trompé avec elle des heures de solitude, qu'il incarne un amour infini et fidèle... Ce qu'elle aurait aimé avoir et dont elle a été - ou s'est elle-même - privée.

Si elle révèle parfois un caractère d'adolescente égocentrique, elle n'en reste pas moins touchante et déterminée : elle refusera jusqu'au bout de se conforter à un parcours qui l'intégrerait certes à la communauté mais qui surtout la rendrait profondément malheureuse et éteinte.

La morale d'Unicorn Store pourrait être la suivante : conservez une féerie infantile, des songes doux et rassurants mais ne vivez pas repliés sur eux. C'est à vous d'insuffler la magie dans notre vie, de lui apporter la fantaisie qu'il lui fait si souvent défaut. Le dénouement final, inattendu et touchant, souligne parfaitement cet équilibre qu'il faut obtenir pour s'épanouir.

Une fable puissante, sensible et colorée, totalement décalée, loin du cynisme actuel.

 

🎬 The Silence (exclusivité Netflix) : 1,5/5

A première vue, The Silence se voulait être la réponse de Netflix à l'excellent Sans un bruit, l'une des productions horrifiques les plus maîtrisées de ces dernières années.

Et, durant la première heure, le film de John R. Leonetti parvient parfaitement à donner le change : une ambiance pesante et angoissante à souhait, un générique suffocant, des situations qui mettent la famille au bord de la rupture, des acteurs au top - Kiernan Shipka, Stanley Tucci et Miranda Otto, excusez du peu...

Seulement, très vite, The Silence subit ce qu'on appelle communément l'effet soufflé : quelques minutes seulement après la première mort impactante du film, le long-métrage connaît un fiasco complet et l'intérêt du spectateur retombe aussi sûrement que la spécialité culinaire du même nom.

Là où Sans un bruit était subtile, réellement effrayant et tragique, The Silence s'embourbe dans la musique grandiloquente, le gore facile, le mélo pathétique, les effets spéciaux bâclés... Cette surenchère casse vite non seulement toute la tension du long-métrage mais elle s'appuie beaucoup trop sur ces chauves-souris mutantes pour réellement convaincre. Or, les plus grands réalisateurs du genre l'avaient bien compris : plus le monstre est caché, plus intense sera la pression exercée sur les spectateurs, plus réussi sera le film. Une leçon que Leonetti n'a visiblement pas apprise.

Mais, bien plus impardonnable, cette seconde partie de film qui vire dans le grand n'importe quoi scénaristique : un nouvel antagoniste apparaît, ce qui, encore une fois pourrait être prometteur - démontrer que la menace ne vient pas uniquement des monstres mais également des Hommes confrontés à cette situation extrême. Sauf que la menace incarnée par ce révérend à la tête d'une secte est trop vite balayée pour éviter l'échec. Et non, balancer des références aux Oiseaux Hitchcock ne rend pas subitement une scène terrifiante, cela donne juste envie de regarder le classique incroyable qui l'a inspiré !

Dès lors tout s'enchaîne et le film, qui dans un premier temps avait eu à cœur de développer ses personnages et ses enjeux, expédie son dénouement à une vitesse indécente ! Conclusion bâclée, personnages rescapés trop rapidement, passage éclair sur le voyage jusqu'au camp de survivants, retrouvailles forcées avec le love interest de l'adolescente... Soit la production n'avait plus de budget nécessaire pour montrer ces scènes primordiales, soit le scénariste a souffert de sérieuses lacunes quant à la rédaction de son histoire.

Reste des acteurs impeccables et une idée prometteuse, totalement noyée par une équipe incompétente. Effet soufflé, on a dit.

 

🎬 Avengers - EndGame : 3,5/5

Alors que Game of Thrones accapare la sphère sériphile, du côté des salles obscures, LE film événement grand public de 2019 est sans aucun doute le dernier Avengers. Après des mois d'attentes, de craintes et de théories plus improbables les unes que les autres, les spectateurs ont pu découvrir le dénouement du « Cycle des gemmes de l'infini », initié avec Iron Man en 2008. Onze ans à suivre les péripéties de Steve Rogers, Tony Stark, Thor, Bruce Banner, Natasha Romanoff ou encore Clint Barton pour découvrir, finalement, la fin d'une ère.

Ce dernier opus se devait d'être épique et, sans surprise, il l'est. 3 heures jouissives de pure nostalgie qui retrace l'intégralité du cycle à grand renfort de rebondissements, de batailles et de répliques bien senties. En plus d'une décennie, l'implication des fans a atteint son paroxysme, le casting possède une alchimie inégalable et les personnages ont eu tout le temps nécessaire pour se développer, exister seul ou en groupe.

L'action et l'humour font donc la part belle à Endgame, malgré son postulat tragique - Thor y est particulièrement hilarant.

Pour autant, l'émotion et les enjeux ne sont pas absents de ce nouveau volet : en signant la fin d'une ère, le Marvel Cinematic Universe devait se séparer de certains personnages emblématiques, leur offrir un dénouement à leur mesure. C'est sans doute lorsqu'il prend une tournure dramatique, qu'il s'attarde sur les sentiments des personnages, que le long-métrage est le plus réussi.

Tout comme ce fut le cas dans Captain America - Civil War, le scénario s'attarde longuement sur les sentiments, les doutes et l'héroïsme de chaque protagoniste. L'amitié, la famille et l'amour (sous toutes ses formes) sont au centre du film. Les scènes les plus poignantes jouent nettement sur les liens qui unissent l'équipe, leurs rapports à l'autre, leur sens du sacrifice, les limites qu'ils sont prêts à franchir pour protéger ou venger ceux qu'ils aiment.

Que ce soit dans le rire ou les larmes, les Avengers sont plus percutants que jamais.

Si l'on peut également se plaindre d'un certain déséquilibre sur le temps de chaque héros à l'écran, se recentrer sur les premiers Vengeurs (Captain America, Iron Man, Thor, Hulk, Black Widow ou Hawkeye) était à priori le choix le plus judicieux : l'aventure s'achève avec la bande qui l'a initiée. De plus, sur le long terme, la multitude de personnages s'avérait plutôt difficile à gérer et s'attarder sur chacun était tout simplement impossible. La décision est payante même si le manque d'exploitation de certains protagonistes est des plus frustrants.

Tony et Steve sont bien entendu au cœur de l'intrigue, de même que Natasha, pilier féminin central de la saga. Grand absent du précédent Avengers, Clint prend enfin ses galons et, interprété avec beaucoup de justesse par Jeremy Renner, il signe un retour salutaire dans la franchise : l'axe de l'archer est tour à tour palpitant et déchirant à suivre, on s'attarde grandement sur les différents aspects de ce personnage trop souvent délaissé - père, époux, ami, héros, humain. En revanche, Bruce Banner est clairement sous-exploité et Thor est cantonné à un rôle de comic-relief sur une bonne moitié du long-métrage, ce qui ajoute une dimension humoristique non négligeable mais est plus que regrettable une fois l'effet de surprise atténué ; on saluera néanmoins l'autodérision dont fait preuve l'acteur Chris Hemsworth.

Rocket, Nébula et Scott Lang ont également une utilité majeure et apportent un peu d'air frais à l'équipe. On ne peut qu'apprécier la jolie mise en valeurs dont bénéficie Ant-Man, surtout après les retours mitigés du diptyque qui lui est consacré. Paul Rudd est d'ailleurs toujours aussi à l'aise dans la peau de l'homme-fourmi.

Pour autant, Endgame n'est pas dénué de défauts. Incohérences, facilités scénaristiques, fan-service outrancier, BO plus qu'oubliable (Alan Silvestri manque d'inspiration depuis presque vingt ans)... Le film pêche parfois par excès de bonne volonté et surtout, il s'avère incapable de traiter convenablement ses personnages féminins, à deux exceptions près : Natasha et Nébula, qui ont réellement droit à un développement cohérent.

Pour le reste, le background autour de Pepper Potts est forcé, la géniale Okoye est clairement aux abonnées absentes (le fait qu'elle ait été épargnée à la fin d'Infinity War laissait pourtant présager un rôle majeur dans cette suite) et Captain Marvel montre clairement ses limites. La super-héroïne incarnée par Brie Larson, surpuissante, sera clairement difficile à intégrer dans d'autres trames narratives que la sienne tant elle pourrait devenir un deus ex machina à elle toute seule.

De même, le long-métrage a beau revendiquer une certaine égalité homme-femme, il cumule les maladresses et tout ce qui tourne autour des femmes laisse régulièrement un sentiment forcé (Cf la bataille finale, louable dans l'idée, maladroite au possible dans les faits).

Bref, tout l'aspect féministe est nettement moins bien géré que dans le film consacré à Carol Danvers. Carol qui, d'ailleurs, signe une première apparition pomponnée et sophistiquée, ce qui est totalement aux antipodes du personnage, à fortiori dans un monde en plein chaos ! Elle est aussi nettement plus sexualisée que d'ordinaire, un tir corrigé en court de route mais qui laisse malgré tout une certaine amertume tant il casse les revendications fortes que symbolisaient le personnage...

Endgame n'a pas l'aspect jouissif décomplexé du tout premier Avengers, n'est pas à la hauteur des enjeux de Civil War, ne créé par la stupeur d'Infinity War et gère maladroitement certains engagements, notamment son féminisme bien loin de Captain Marvel. Pourtant, malgré ses incohérences, malgré ses failles, il est difficile d'imaginer une conclusion plus satisfaisante. Le film exécute parfaitement son ultime ambition : achever une époque et en initier une nouvelle, le tout de façon mémorable.

En effet, se joue clairement ici la passation de flambeau entre l'ancienne génération et la nouvelle, signalant clairement aux spectateurs que la relève est assurée, que le MCU se poursuivra, qu'un autre cycle débutera bientôt.

Cette petite renaissance devrait davantage se focaliser sur des personnages beaucoup plus diversifiés, tant au niveau du sexe que de la couleur de peau - les premiers Vengeurs étant tous, à l'origine, des hommes blancs hétéros, à l'exception de Black Widow. Et, il faut bien le reconnaître, la diversité ne ferait pas de mal aux blockbusters, MCU compris...

Reste à savoir si le succès sera toujours au rendez-vous malgré l'absence de ses figures les plus emblématiques. D'ici là, on a hâte de revoir Captain Marvel, Black Panther, les Gardiens de la Galaxie et les autres, dont les suites sont d'ores et déjà annoncées.

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