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L’avis des libraires - 138ème chronique : Le Café Chat

L'avis des libraires : 138ème chronique

Le Café Chat de Melissa Daley

Le quotidien à pattes de velours

Après avoir été séparée de sa chère maîtresse, Molly connaît les pires déboires et passe d'animal de compagnie choyé au triste sort de chat errant. En désespoir de cause, elle se résout à quitter sa campagne natale, à la recherche d'un autre foyer.

Et si sa place était auprès de Debbie et de sa fille Sophie, fraîchement débarquées dans cette petite ville pour commencer, elles aussi, une nouvelle vie ?


Alors que l’été continue de faire des ravages (plus de 8000 animaux abandonnés depuis le début de l’été selon la SPA), il était indispensable de rappeler à quel point nos animaux de compagnie tiennent une place primordiale dans notre vie – et à quel point nous sommes importants pour eux. A fortiori, août comporte deux jours dédiés à nos amis félins : le 8 (journée internationale du chat) et le 17 (journée internationale du chat noir). Profitons donc de ce mois sous le signe du matou pour évoquer les ouvrages consacrés à ce dernier !

Pour faire une pause pleine de tendresse et d’optimiste, commençons ce Mois du Chat par Le Café Chat de Melissa Daley.

C’est par les yeux d’une jeune chatte, Molly, que nous est contée cette histoire, histoire dont notre narratrice à quatre pattes est l’héroïne. Le postulat est des plus basiques mais qu’importe : comme souvent, c’est dans la simplicité que se puise la plus sincère des émotions. L’intrigue, si elle se teinte souvent d’humour façon Aristochats, est avant tout une chronique de vie. Les coups du sort, les tragédies du quotidien, les rencontres bouleversantes, les petits bonheurs qui donnent un sens à l’existence… Voilà ce qui constitue les péripéties de la romancière ! Il y a aussi, bien sûr, le regard plein de finesse que porte le chat sur son entourage – un félin filou qui, bien que profondément bienfaisant, peut aussi s’avérer un poil manipulateur et sournois pour parvenir à ses fins ! Les amoureux des chats reconnaîtront sans difficulté quelques travers bien connus de leur petit fauve…

Molly nous raconte sa volonté de retrouver un foyer, de nouer une complicité avec un maître aimant et son parcours pour y parvenir. Le roman, bien que relativement court, parvient à traiter une multitude de thématiques intéressantes : l’impact d’un animal sur le quotidien de son maître, les amitiés nées du hasard, la maladie, les obstacles pour se construire en tant qu’auto-entrepreneur, les problèmes de cœur, la crise d’adolescence, les rapports mère-fille, les déboires rencontrés lors de la création d’un projet, la difficulté de prendre un nouveau départ, la méfiance des locaux face aux nouveaux venus, le boom des cafés chats et les explications plausibles d’un tel succès… Tout est abordé avec beaucoup de sensibilité et une absence totale de pathos : ici, on veut du feel-good et du vrai !

Si l’intrigue reste très simple, elle parvient sans difficulté à capter l’attention du lecteur et véhicule un charme certain, une atmosphère douillette et typiquement british – la trame prend place dans la petite ville typique de Stourton, nichée dans les Cotswolds, une chaîne de collines du sud-ouest de l'Angleterre.

Les personnages se révèlent tous très attachants pour la plupart, Molly en tête mais aussi Sophie qui connaît une véritable évolution, de gamine belliqueuse à ado responsable.

La plume, malgré quelques erreurs de traduction, est très plaisante à lire, fluide et agréable, douce et imagée, sans fioriture mais dotée d'un vocabulaire soigné.

Une lecture sans prétention mais pétrie de bons sentiments, réconfortante comme le ronronnement d'un chat. De quoi mettre du baume au cœur et un peu de douceur dans le quotidien !

 

~ La Galerie des Citations ~

« Tu sais, je ne suis pas sûre d’être très à l’aise avec le concept même de "maître". On n’a rien à gagner à dépendre d’un seul humain. »

~ p 42 / Nancy

« Les humains croient toujours savoir ce qu’ils veulent [...]. Mais ils ignorent souvent ce dont ils ont besoin. C’est là que nous intervenons. À nous de le leur montrer. »

~ p 44 / Nancy

« ‒ Jeffrey ? Tu ne peux pas l’appeler Jeffrey ! protesta Sophie, alors que Debbie tenait le chaton en l’air.

‒ Je trouve ça très distingué, se défendit Debbie.

‒ C’est un nom pour un comptable d’âge moyen, maman. Tu ne peux pas lui faire ça ! »

~ p 139-140

« "Il est grand temps que tu sortes un peu de ta coquille. [...] Sinon, poursuivit Sophie, tu vas devenir une de ces vieilles folles qui vivent seules et parlent à leurs chats. Il faut être honnête : tu n’en es pas loin."

[...] De ma position sur l’accoudoir du canapé, je lançai le regard le plus hautain dont j’étais capable à Sophie, me hérissant à la suggestion qu’il fallait être folle pour me parler. »

~ p 176-177 / Sophie ou la délicatesse incarnée


« Stourton offre le même spectacle qu’un an plus tôt, comme si rien n’a changé. Je me demande comment c’est possible après tous les événements qui se sont produits dans ma vie ces douze derniers mois. Parfois, j’ai le sentiment d’être une chatte différente de celle qui est arrivée complètement trempée et à moitié morte de faim, après des semaines de marche dans la campagne. J’ai presque pitié de cette chatte, alors prête à tout pour trouver quelqu’un qui se laisserait attendrir et lui donnerait un toit. Et pourtant, je suis fière d’elle aussi, en particulier de sa détermination ; sans elle, je ne serais pas là aujourd’hui.

[...] Je me gonfle d’orgueil en pensant à quel point le café a changé depuis qu’il est devenu ma maison. Mais je me sens humble aussi. Je sais que le voyage entrepris un an plus tôt n’avait pas pour seul objectif de trouver un foyer. Je devais également trouver ma voie. J’ai été de nombreuses chattes différentes depuis que j’ai perdu Margery : une chatte errante désespérée, une chatte de gouttière autonome, un animal de compagnie aimé et une mère comblée. J’ai été toutes ces chattes, et je les garderai toujours en moi, parce qu’elles ont contribué à faire de moi celle que je suis. »

~ p 209 / La vie selon Molly

 

Le Café Chat de Melissa Daley, aux Editions City, 272 pages, 18€50. Existe aussi en format poche, 320 pages, 7€90.


Article paru en version écourtée dans Le Pays Briard le 06.08.2019

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