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Série files : Bromance (intégrale)

🎥 Série files : Bromance (intégrale) 🎥

La romance made in Taïwan qui fait du bien


⭐ avec Baron Chen, Megan Lai, Bii, Sean Lee, Katie Chen, Mandy Tao, Amanda Chou, Yang Ming Wei, Tou Chung-hua, Linda Liu...

Petite intro

Je vous ai déjà parlé à maintes et maintes reprises de mon amour pour les dramas et, de façon plus spécifique, pour les romances asiatiques.

Et comme je suis une incommensurable flemmarde, je ne vais pas m'embêter à résumer à nouveau ma pensée sur le sujet mais plutôt dire ce que j'avais déjà souligné au préalable : « Les dramas ont la désastreuse manie de réveiller mon côté fleur bleue. Pourquoi les couples asiatiques marchent autant sur moi alors que les niaiseries européennes ou américaines me laissent généralement de marbre ? Je n'en ai qu'une vague idée à dire vrai. Énormément de dramas me rappellent les romances shakespeariennes (La nuit des rois, Comme il vous plaira) : ils mêlent histoire de cœur et travestissement, humour et drame... Souvent, une jeune femme se retrouve contrainte d'endosser une identité masculine et s'éprend d'un garçon qui, lui, remet fatalement sa sexualité en question car il la prend pour un mec ! Cela donne lieu à des scènes cocasses, assez burlesques et au final plutôt romantiques - la déclaration de Coffee Prince est un exemple flagrant. Ce genre de dramas est légion et ce sont mes favoris. » Dans la longue liste d'exemples qui figurait à la suite de ce préambule, j'avais d'emblée citer Bromance. Rien d'étonnant car ce drama est la quintessence de tout cela.

Après l'avoir visionné (pour la troisième fois... Ne me jugez pas !), je reviens avec vous sur ce drama coup de cœur.

Au commencement fut le travestissement...

Bromance a un scénario barré mais demeure un minimum logique contrairement à d’autres histoires abordant le thème du travestissement forcé : un couple qui vient d’avoir un bébé s’est vu promettre par le voyant/charlatan du coin que son fils apporterait honneur et félicitée à toute la famille. Petit problème : ce n’est pas un garçon qui est mis au monde mais une fille ! Afin de conserver sa légitimité, le voyant prétend qu’elle doit cacher son véritable sexe jusqu’à ses 26 ans et par conséquent… Se travestir en homme. Si son secret est révélé à des membres extérieurs de la famille, le malheur s’abattra sur elle. Curieusement, la jeune femme, répondant au prénom de Ya Nuo, s’accoutume plutôt bien à son statut : elle est libre, gère sa vie comme elle l’entend, manie les arts martiaux comme personne et possède un tempérament de feu. Quelques mois avant d’atteindre ses vingt-six ans, la situation se complique lorsqu’elle sauve un ex-chef de Triade : le charismatique Zi Feng. Elle se retrouve pour la première fois attirée par un homme. Et la situation se complique alors inexorablement…

Une héroïne géniale et un couple parfait

Le premier point fort de Bromance, c'est indiscutablement son héroïne : Ya Nuo est décidée, débrouillarde et accomplie, dévouée auprès de ses ami(e)s comme de sa famille. C'est une travailleuse acharnée qui gagne sa vie comme elle le peut et pratique le sport de combat à haut niveau. Ses facultés en matière de défense assurent d'ailleurs de belles scènes d'altercation, parfaitement chorégraphiées, où notre personnage principale démontre toute l'étendue de ses talents. La plupart du temps, c'est d'ailleurs elle qui prend le dessus durant ces combats ; elle se présente ainsi comme l'égal de Zi Feng tant dans les prouesses physiques que la détermination. Notre protagoniste est contre toute forme de pitié ou de charité à son égard, et en cela, compte avant tout sur elle-même. Ya Nuo est aussi profondément désintéressée et noble, ce sont deux de ses caractéristiques principales : elle n'a pour unique ligne directrice que ses valeurs, dédaignant tout profit matériel. Si elle est l'emblème de la femme forte, elle ne se limite pas à cet unique trait. Elle est ainsi naïve et romanesque. Si elle lutte régulièrement contre ses élans sentimentaux lorsque Zi Feng est dans les environs, Ya Nuo a également un côté futile qu'elle laisse apparaître parfois : elle aime les beaux habits féminins, envie parfois sa cousine ou la sœur de Zi Feng qui portent des tenues avantageuses, tenues qui lui sont justement refusées... Elle apprécie aussi d'être regardée et désirée, l'appropriation de sa féminité passe d'ailleurs par ces tenues de femme qu'elle porte aléatoirement durant la série.

Son duo avec Du Zi Feng marche remarquablement bien : il y a une véritable alchimie entre eux, une tension évidente, une séduction qui oscille entre le jeu et la réserve... Leur sens de la répartie, doublé de leurs interrogations et de leurs capacités combattives, les rendent aussi drôles que complémentaires, en parfaite symbiose.

Leur idéalisme les réunit également : riche héritier, Zi Feng a choisi de délaisser le cercle mafieux auquel est rattachée sa famille pour mener ses affaires de façon plus légale. Il est, tout comme Ya Nuo, fidèle à ses valeurs et prône avant tout le respect, la tolérance et le pacifisme - il n'est d'ailleurs jamais le premier à attaquer, physiquement ou verbalement. Idéaliste, il n'en reste pas moins clairvoyant et sait que de nombreux membres de la Triade apprécient peu ce changement de direction.

Élément central de la comédie romantique, le couple est ici attachant, émouvant et soudé, porté par les prestations de Megan Lai et Baron Chen.

Des personnages secondaires (presque tous) réussis

Autour du duo principal gravitent des personnages plus ou moins réussis ou anecdotiques.

Le traitement réservé aux femmes est, d'une façon générale, plutôt satisfaisant : elles ont de la répartie, sont drôles, fortes et séduisantes.

Du Zi Han, la sœur de Zi Feng, est l'archétype de la princesse pourrie gâtée, futile et capricieuse, mais est prête à tout pour aider son frère et sa famille. Son attirance pour Ya Nuo, qu'elle prend pour un homme, est l'un des running gag de la série. Elle est souvent opposée à Liao Guang Chao, meilleur ami de Ya Nuo, follement épris d'elle : couard, niais et un peu limité (voir totalement stupide) ce dernier est un sidekick plutôt bien géré qui évolue de façon convaincante.

La mère de Zi Feng et Zi Han, Feng Jie, est une matriarche brillante, prête à tout pour ses enfants. Si elle paraît parfois futile, elle n'en reste pas moins sage, profondément ébranlée par la perte d'un mari et la menace qui plane sur sa famille – Linda Liu apporte toute sa grâce et son caractère au personnage de Feng Jie, imposante de prestance et de classe.

Fan Xiao Jing, la cousine de Ya Nuo, fêtarde et décomplexée, est la confidente attitrée de sa cousine et l'affection qu'elles se portent l'une à l'autre ne fait aucun doute.

Le deuxième couple phare de la série, Na Na et Qing Yang, est mignon mais permet surtout d'apporter la touche mélodramatique propre aux séries asiatiques dont les amateurs raffolent tant ! Leur histoire, beaucoup moins atypique, entre un jeune barista renfermé et une jeune fille en fleur pleine de vie mais rongée par la maladie, est orientée vers le pathos et ne présente pas un véritable intérêt scénaristique. Heureusement, s'il ne brille pas par son rôle, le talent du chanteur Bii rend Quin Yang séduisant, attachant et mystérieux. Quant à Katie Chen, elle véhicule cette fraîcheur pétillante propre à l'adolescente amoureuse. Si leurs personnages ne sont pas indispensables, ils n'en restent pas moins sympathiques.

Problèmes de parcours...

Et nous arrivons là au réel problème de Bromance : la série a tendance à s'éparpiller, multiplier les intrigues secondaires, au point de casser son rythme et donc de délaisser son véritable point fort, le couple Zi Feng/Ya Nuo ainsi que les problèmes qui les empêchent d'être ensemble.

Vous aurez donc droit à un paternel amnésique, une révélation sur le géniteur de Na Na, un drame qui au final n'en est pas un et surtout un triangle amoureux insupportable ! En cours de route, les scénaristes ont visiblement décrété que l'attrait amoureux entre Ya Nuo et Zi Feng allait trop vite et qu'à ce rythme, ils allaient conclure avant les 18 épisodes voulus. Alors ils nous ont collé Zhe Rui, le gentil vétérinaire niais et tête à claque, qui aime Ya Nuo depuis sa plus tendre enfance, lorsqu'il a découvert que cette dernière était une femme. Soyons clairs. Ce personnage n'a aucun intérêt : il est fade, niais et totalement dispensable à l'intrigue. Ya Nuo n'a de plus aucune attirance pour lui, il ne sert qu'à exacerber la jalousie de Zi Feng et à pénaliser indirectement le duo.

Mine de rien, tous ces ajouts plombent le déroulement de l'histoire. Paradoxalement, les derniers épisodes semblent curieusement précipités, les résolutions arrivent de façon trop abrupte : rien d'étonnant car, à se focaliser sur les éléments secondaires, les scénaristes en ont oublié les problématiques principales.

C'est d'autant plus regrettable que le principal antagoniste Han Sheng, plus complexe qu'il n'y paraît, est des plus intéressants ; ses altercations avec Ya Nuo et Zi Feng apportaient une véritable tension à l'intrigue. Sa rivalité avec Zi Feng, ses coups tordus pour nuire à Ya Nuo, sa roublardise constante, étaient passionnants à suivre, d'autant plus qu'il bénéficiait de l'interprétation solide d'Edison Wang, impeccable en jeune mafieux aux dents longues froid, calculateur et opportuniste mais captif des exigences paternelles. Il est l'anti Zi Feng, son Doppelgänger en puissance et nuit du même coup à son entourage direct à commencer par Ya Nuo.

Honneur, sexe & plus si affinités...

Ces ajouts sont regrettables car le tempérament des protagonistes, ainsi que les liens très forts qu'ils nouent les uns avec les autres permettaient largement de tenir durant les 18 épisodes : les rapports familiaux, amoureux, amicaux sont très intenses et riches. La fidélité et la dévotion qu'ils se vouent sont exemplaires et rendent la petite bande principale véritablement attachante. Leurs chamailleries, leurs disputes, les rendent d'autant plus crédibles.

On peut également apprécier la tolérance véhiculée par le drama : Zi Feng accepte sa potentielle homosexualité par amour et s'il s'interroge longuement, il ne réfute pas son attraction pour Ya Nuo comme ce fut le cas dans Coffee Prince. Sa virilité ou son statut de chef ne seront pas remis en cause et on nous épargnera les traditionnelles vannes qui remettant en cause sa masculinité. De même, l'ensemble des personnages accepte l'« homosexualité » du couple principal sans difficulté. Dès qu'ils auront avoué leur inclination, personne ne s'opposera à leur union, que Ya Nuo soit un garçon homosexuel ou devienne subitement une femme après 26 ans ne semble poser problème à personne ; chacun a compris qu'au delà de l'orientation sexuelle ou du genre, c'est bel et bien le bonheur de Ya Nuo et Zi Feng qui est en jeu. Le couple transcende littéralement ces questions et va du même coup au delà des différences sociales.

Il y a également de petites clins d'œil envoyés de-ci de-là, notamment lorsque Xiao Jing affirme avoir apprécié son baiser avec Ya Nuo, alors qu'elle a parfaitement conscience que cette dernière est une fille...

D'une façon générale, le ton est décomplexé : on ne nie par le désir charnel qu'éprouve le couple central et les sous-entendus sexuels, notamment du côté de Guang Chao, sont des blagues récurrentes. La sexualité, l'attraction et la séduction sont au cœur du drama. Les spectateur/trices se rappelleront ainsi sans doute l'étreinte passionnée - mais interrompue – de Zi Feng et Ya Nuo, trempés, à même le sol.

Si Bromance reste avant tout une comédie romantique, elle a ainsi à cœur de véhiculer non seulement une image tolérante mais aussi désinhibée. Dans le drama, chacun est libre de son corps et de ses choix. Rien d'étonnant car Taïwan reste l'un des pays les plus ouverts sur la sexualité, comme en témoigne ses productions culturelles : le roman culte Garçons de Cristal de Hsien-yung Pai évoque les amours masculines sur fond de prostitution ; le drama Devil Beside You, sorti en 2005, montre un couple adolescent sans renier leurs pulsions hormonales – le duo finissant par coucher ensemble, chose impensable dans la plupart des fictions asiatiques ayant pour cadre le lycée ; Spider Lilies est un très beau film centré sur une relation saphique ; Garçon d'honneur, du célèbre Ang Lee (réalisateur culte de Brokeback Mountain), présente un couple homosexuel américano-taïwanais installé à New-York. En 2017, Taïwan fut d'ailleurs le premier pays d'Asie à autoriser le mariage gay.

De vrais plus

Le drama n'a pas uniquement pour lui un ton génial, des personnages principaux intéressants et un message positif : il a également un humour piquant, de très bonnes répliques et permet d'aborder la culture taïwanaise, notamment la spiritualité et l'esprit propres aux liens. On y voit régulièrement des temples, on évoque beaucoup l'honneur et l'importance de la parole donnée, le côté solennel, presque cérémonial, d'une promesse.

Bromance bénéficie aussi des décors naturels de l'île et ses environs : les plages, les landes verdoyantes, la montagne... Des plaines et des collines à la périphérie aux plages paradisiaques en passant par les hautes chaînes de montagne recouvertes d’une magnifique forêt, Taïwan offre une belle diversité de paysages dont le drama a su parfaitement tirer profit.

La capitale illuminée pour les fêtes n'a également rien à envier à Paris (la foule en moins...) et offre un cadre féerique à l'une des scènes les plus romantiques de la série.

Autre point fort : la musique. Pop calibrée mais efficace, la BO alterne des balades au piano avec des morceaux plus entraînants, en témoigne les génériques de fin et de début qui représentent particulièrement les choix musicaux du drama. Bii figurant au casting, il propose également deux chansons pour la bande originale, à savoir Back in Time (逆時光的浪) et Tender Love (愛是妳給的溫) ; la première est une balade qui passe plutôt bien sans être exceptionnelle, la seconde est beaucoup plus mélancolique et touchante.

De mon côté, j'aime particulièrement le leitmotiv des scènes tendres entre Ya Nuo et Zi Feng : il s'agit de Quietness (安靜), un duo mêlant guitare et piano aux voix douces de Miu Chu et Andrew Tan, que vous pouvez écouter ci dessous.

Pour conclure

Bromance, malgré ses imperfections, reste un véritable coup de cœur : cette comédie romantique, riche en rebondissements, est portée par l'un des meilleurs couples que la dramasphère nous ait offert. Les spectateurs et la critique ne s'y sont pas trompés : la série a fait de très jolis scores à Taïwan en 2015/16 et les Sanlih Drama Awards les ont nominé à trois reprises (meilleur acteur, meilleur actrice et choix du public).

C'est léger, feel-good, bien pensé et plutôt charmant. Incroyablement séduisant et porté par une belle alchimie, le duo Baron Chen/Megan Lai, de nouveau réuni après Because of You, est décidément imbattable. Inutile donc de bouder son plaisir.

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