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Série files : From Dusk Till Dawn / Une nuit en enfer (intégrale)

🎥 Série files : From Dusk Till Dawn

/ Une nuit en enfer (intégrale) 🎥


⭐D. J. Cotrona, Zane Holtz, Eiza González, Jesse Garcia, Madison Davenport, Brandon Soo Hoo, Jake Busey…

Vous l'avez sans doute compris au fil de mes posts mais j'adore la vision vampirique moderne imposée par Sheridan LeFanu avec Carmilla. Cette image de la succube, tour à tour sexy, meurtrière et mélancolique, créée en 1872, s'est vite imposée comme la norme. Entretien avec un Vampire, Génération Perdue, Byzantium ou encore Buffy ont depuis joué sur son mythe et réinventé son iconographie... Il en va de même pour un petit ovni de 1996, sanguinolent et burlesque, débarqué dans les salles obscures avec la délicatesse d'un pieu dans le cœur !

A l'origine une honnête série B...

Peu avant les années 2000, From Dusk Till Dawn, réalisé par Robert Rodriguez et scénarisé par Quentin Tarantino, explose sur les écrans. L'intrigue évoque la virée dans un pub de deux frères hors-la-loi, flanqués de la famille qu'ils ont pris en otage : une odyssée aussi gore que guignolesque, au pitch basique mais efficace. A priori, un thriller verbeux et nerveux comme Tarantino les affectionne. Sauf que le bar en question, le Titty Twister, se trouve être un repère infesté de vampires. De quoi transformer leur arrêt minute en une nuit infernale et le thriller implacable en comédie noire horrifique !

Le long-métrage est violent, divertissant et cool, à l'image de son protagoniste principal, Danny Gecko, incarné avec beaucoup de classe par l’inénarrable George Clooney. A ses côtés, on retrouve Quentin Tarantino dans le rôle de son frère Richie, Harvey Keitel en pasteur père de famille et Juliette Lewis en ado revêche. A noter également l'apparition remarquée de Salma Hayek en goule langoureuse dont la danse venimeuse, un serpent enroulé autour du corps, est restée culte.

Tout l'intérêt du pitch repose sur le fait que les antagonistes sont aussi les personnages principaux, à savoir Danny et surtout Richie, un psychopathe imprévisible et pervers. Dans la première partie tout du moins... Car la seconde voit les frères Gecko passer du statut de monstre à celui de proie, dès lors qu'ils franchissent la porte du Titty Twister. A noter que l'intrigue prend largement le temps de se mettre en place, de présenter ses personnages ; il faut ainsi presqu'une heure avant de voir se pointer un croc aiguisé.

Le film est relativement court - 1h40 au compteur, c'est peu, surtout au regard des blockbusters récents, lesquels avoisinent pour la plupart le double ! Transposer une histoire si simpliste, qui brille surtout par son ton décomplexé et sa réalisation sanglante, en un format de 3 saisons (soient 30 épisodes, chacun d'environ 45 mn) n'était donc pas l'idée du siècle.

Dès son annonce, le projet de cette série dérivée a suscité la perplexité. Si le passage sur petit écran semblait compliqué, il paraissait d'autant plus suicidaire que Rodriguez se retrouverait seul aux commandes, sans Tarantino pour l'épauler. Sa tendance à partir en roue libre, sa carrière inégale, le tout doublé par son irrépressible passion pour le mauvais goût, ne plaidaient à priori pas en sa faveur.

A priori et pourtant, il faut bien le reconnaître : le pari a été relevé haut la main.

... Devenue une série ambitieuse

From Dusk Till Dawn : The Series est une excellente surprise ! Largement à la hauteur du matériel original, la création de la chaîne El Rey surpasse de très loin les suites calamiteuses du film et certaines séries vampiriques ô combien moyennes récemment diffusées sur le petit écran - on pense d'emblée au très pompeux Dracula ou au décevant The Gates.

Niveau succube et psychologie tordue, c'est simple : on n'avait pas vu une si grande réussite depuis Hemlock Grove.

La première saison reprend donc la trame du long-métrage en se concentrant sur la psychologie de ses (anti-)héros, développant au passage les histoires personnelles et le caractère de chacun : les Gecko, leur contact Carlos, la famille Fuller ainsi que la très sexy Santanico Pandemonium sont de la partie, de même que les rescapés du bar (Frost et Sex Machine).

Quant aux policiers, qui sont descendus sans sommation par les Gecko au début du film, ils jouent dans la série un rôle prépondérant : un seul rendra son dernier souffle, chargeant au passage son équipier et ami Freddie Gonzalez de traquer les frères jusqu'à ce que justice soit faite.

Tout comme dans la production Rodriguez-Tarantino, ce petit monde passablement sur les nerfs se retrouve dans un club de strip-tease, le Titty Twister, où ils vont devoir affronter des prédateurs aux dents longues...

Dès la fin de la saison 1 et le début de la saison 2, la série s'éloigne grandement du pitch de base : il était évident que les Gecko ne pourraient pas rester coincés dans leur pub durant vingt épisodes supplémentaires. Si la version produite par El Rey avait jusqu'alors parfaitement bien orchestrée sa transition sur petit écran et avait su s'adapter à l'histoire originale sans la trahir - voire même en l'améliorant - le baptême du feu débutait réellement là : poursuivre une intrigue (inédite cette fois) et explorer les différentes possibilités offertes par le dénouement de la première saison.

Richie, Seth et toute la bande sont donc de retour, pour notre plus grand plaisir ! Les saisons 2 et 3 offrent l'occasion en or d'explorer le mythe vampirique et la culture méso-américains (la « Bible » maya Popol Vuh, la légende des héros jumeaux Hunahpu et Ixbalanque) ; de développer la relation entretenue par Kate et Seth ; de détailler les liens entre Richie et Kisa ; de faire évoluer les états d'âme de Freddie ainsi que sa difficulté à concilier vie professionnelle et familiale ; de suivre la progression de Carlos et d'exposer ses différentes motivations ; de donner à Sex Machine tout son potentiel d'antagoniste ; de définir la légende des 9 seigneurs vampires, les guerriers Otomis... Eh oui, rien que ça !

La culpabilité, le deuil, les liens familiaux, les difficultés matrimoniales, l'alcoolisme, les dilemmes policiers comptent aussi parmi les thèmes abordés durant les épisodes. Des thèmes traités avec sérieux même si From Dusk Till Dawn a le bon goût de ne jamais donner dans la surenchère pathétique. L'accent reste mis sur le divertissement, ce qui ne l'empêche pas d'aborder des points intenses ou tragiques. Tout comme le film, la série a quelques moments drôles, liés particulièrement à la répartie de Carlos, au décalage qui subsiste entre Richie et les autres ou encore au cynisme de Seth.

Il y a beaucoup à traiter dans les deux ultimes saisons de From Dusk Till Dawn et la série parvient à approfondir chaque aspect avec intelligence, misant largement sur le suspense et l'action, chacune à sa manière. Si la saison 3, davantage orientée western, est plus divertissante, la seconde, en revanche, lui est largement supérieure concernant le scénario.

Le dénouement final reste malgré tout à la hauteur, terminant dignement les arcs des différents protagonistes. S'il apporte une conclusion ouverte, laissant envisager une potentielle suite, une saison 4 serait toutefois bien superflue. Le trentième épisode, parfait, s'achève en effet sur une scène jouissive, directement inspirée des débuts. La boucle est bouclée. Sans en dire trop, contentons-nous d'un mot : cool. Très cool.

Le mal des mâles

L'un des points forts de From Dusk Till Dawn repose sur ses personnages, ambigus et complexes, dont les actes souvent amoraux remettent perpétuellement en cause l'image traditionnelle du héros classique.

Tous y gagnent en épaisseur, à commencer par Richie, incarné par Zane Holtz. Ici, sa folie a une source bien précise, perpétuellement alimentée par la démoniaque et génialement complexe Santanico Pandemonium. Holtz est tout simplement incroyable dans son rôle : tourmenté, dangereux, inquiétant, brillant, charismatique, magnétique... Il joue à merveille de son regard bleu magnétique, tantôt glacial, tantôt mélancolique, visiblement traumatisé par les incessantes visions mentales que lui infligent Santanico. Richie est d'ailleurs nettement plus fascinant que son alter-ego campé par Tarantino : il semble présenter avant tout des troubles autistiques, être doté d'un esprit remarquable mais perpétuellement hermétique à l'empathie ou à la diplomatie. Il est aussi violent et imprévisible que dans le long-métrage mais ses pulsions meurtrières ont une cause réelle et ne sont pas le fruit d'un esprit détraqué. Richie est très loin du pervers effrayant à la mentalité peu développée dépeint sous les traits du réalisateur-scénariste.

La relation entre Seth et Richie est au cœur des péripéties : l'affection qui les lie, le soutien qu'ils se portent mutuellement, les tensions nées de leurs divergences... Leurs rapports ne sont pas simples et pourtant, cela contribue à les rendre attachants, à leur apporter l'humanité qui à priori leur faisait défaut. La dévotion qu'ils se portent l'un l'autre, la peur de Seth pour Richie qu'il voit sombrer dans la folie et la volonté de Richie de s'émanciper de son aîné sont des sujets récurrents.

Évoquons Seth, justement - c'est autour de lui que s'axent les trois saisons, l'imposant en tête d'affiche tout comme son alter-ego filmique. Si dans les premiers épisodes, D. J. Cotrona semblait prisonnier de la vision que Clooney avait imposé au personnage, son interprétation finit par évoluer et gagner en maturité : il est particulièrement crédible dans les scènes de détresse ou lorsqu'il doit faire face à ses responsabilités. Il est certes moins cool que Clooney mais aussi plus torturé, plus profond et plus sombre, traits largement soulignés par le jeu sobre de Cotrona : Seth a une ex-femme, un rôle protecteur envers Kate et surtout un amour indéfectible pour Richie. Ce qui ne va pas sans lui causer bien des déboires pour préserver, bon gré mal gré, ses proches...

A leurs trousses, on retrouve Freddie Gonzalez (Jesse Garcia), sans doute le caractère le plus héroïque de notre bande de bras-cassés. Il est l'archétype du Ranger droit dans ses bottes et en apparence irréprochable. S'il a tout du boy-scout déterminé et honnête, il dévoile au fil des saisons un aspect plus sombre et une soif de vengeance qui tourne vite à l'obsession. Comme dit plus haut, sa difficulté à concilier sa vie professionnelle et mystique (chasseur de Culebras à ses heures) avec sa famille (en danger permanent) est très intéressante. Ce père aimant, mari dévoué et justicier sans pitié est donc aux antipodes du cliché du flic froid et solitaire souvent croisé dans les œuvres policières. Le duo qu'il forme avec Ximena Vasconcelos, une Culebra, est également captivant à observer car il pousse Feddie à remettre en cause sa vision simpliste du bien et du mal. Entre Ximena et lui, une véritable relation de confiance s'instaura ; c'est toutefois elle qui a la sagesse de ne pas tomber dans le piège d'une relation romantique, sachant pertinemment à quel point son équipier est perdu, fragilisé par les nombreuses pertes subies.

L'exact opposé de Freddie est représenté à la perfection par Carlos. Baron de la drogue Culebra, il cache sous ses costumes de dandy bariolés un tempérament roublard, manipulateur et impitoyable. Une sacrée progression lorsque l'on pense à son alter-ego filmique, pas dangereux ni crédible pour un sou... Son ambition est l'un des moteurs scénaristiques les mieux exploités par la trame, de même que sa liaison amour-haine avec Kisa. S'il est volontiers fourbe, voire cruel, il n'est pour autant jamais totalement antipathique, les épisodes dévoilant au fur et à mesure la complexité de son caractère et de ses aspirations. Ses motivations restent compréhensibles, sans être louables ou excusables - c'est là un autre atout de la série : elle n'excuse jamais les déviances de ses protagonistes. L'attrait de son caractère repose en grande partie sur le charme de son interprète, Wilmer Valderrama, et l'alchimie qui lie ce dernier à Eiza González. Tous les enjeux autour de Carlos sont bien traités et sa conclusion est amenée de façon satisfaisante, comme l'ensemble des personnages.

Aucune personnalité, homme ou femme, n'est vraiment manichéenne dans From Dusk Till Dawn. C'est aussi le cas de Kate et Scott, les enfants Fuller. Ce sont eux qui évoluent le plus tout au long de la série. D'ados légèrement agaçants, ils deviennent de jeunes adultes indépendants qui n'hésitent pas à agir et revendiquer leurs choix. Le jeu des acteurs Madison Davenport et Brandon Soo Hoo fluctue beaucoup durant la première saison mais tous deux finissent par réellement prendre possession de leurs rôles. Il faut en convenir cependant, Kate reste plus intéressante que son frère - la jeune fille étant au cœur de l'intrigue, elle est davantage mise en lumière.

Histoire(s) de femme(s)

S'il était difficile de passer derrière Juliette Lewis, Davenport s'en tire plutôt bien lorsqu'elle abandonne ses airs ingénus et se transforme en fugitive forte et badass. Elle possède d'ailleurs un certain sens de la répartie qui la rend plaisante à suivre. Lorsqu'elle sera amenée à incarner un être réellement sombre et machiavélique, elle sera également très convaincante. Son duo avec Seth et son attirance pour Richie fonctionnent très bien et restent crédibles : c'est une gamine paumée, orpheline de surcroît, qui cherche à la fois la protection en la personne de Seth (pourtant loin d'être un modèle) et la tentation, le danger avec Richie. La figure paternelle d'un côté, le désir de l'autre. Le trio reste néanmoins toujours très ambigu et leurs rapports sont difficiles à cerner, suffisamment en tout cas pour que l'on ne puisse pas employer le terme de "triangle amoureux" - merci chers scénaristes d'avoir évité ce stéréotype totalement éculé ! Elle finit par s'émanciper de l'un comme l'autre, ne choisir aucune des deux options pour être un être à part entière, sans manifester l'envie d'une relation avec l'un ou l'autre. C'est d'ailleurs Kate qui joue un rôle prépondérant dans la bataille ultime face à Amaru.

Passons à présent à la meilleure héroïne de la franchise ou du moins la plus emblématique. Kisa, alias Santanico Pandemonium, gagne aussi largement en background puisqu'elle bénéficie d'un passé terrible et de réels objectifs. De garce incandescente, elle révèle vite une personnalité plus nuancée et déchirée. Le scénario a ainsi l'intelligence de jouer avec la vision hypersexualisée, fantasmée, du grand public pour rebattre totalement les cartes à son sujet. Kisa est engagée, viscéralement opposée à l'esclavage, désintéressée et droite, ce qui l'éloigne de ses potentiels compagnons, Richie comme Carlos. Sa relation malsaine et tordue avec le cadet Gecko finit néanmoins par prendre une tournure plus romantique, bien que vouée à l'échec. Kisa est une meneuse, libre sur tous les fronts. Elle revendique clairement ses idées et sa liberté de corps, d'où son refus d'être assujettie à quiconque - et qu'importe, dès lors, les souffrances endurées pour parvenir à acquérir sons statut de femme libre. Contre toute attente, c'est bel et bien la personnalité la plus intègre de From Dusk Till Dawn et à titre personnel ma protagoniste favorite. Salma Hayek était sans nul doute la plus sexy mais Eiza González donne une dimension de martyr vraiment intéressante à son rôle. Il est d'autant plus dommage qu'elle soit sous-exploitée dans le dernier arc narratif, passant presque au statut de personnage secondaire...

A noter que d'autres figures féminines fortes - quoi que plus éphémères ou moins majeures - jalonnent les trois saisons : Ximena, une Culebra intègre et collaboratrice de Freddie, déjà mentionnée plus haut ; Paloma, une jeune émigrée mexicaine qui se retrouve confrontée aux Neuf Seigneurs et va vite montrer une ambition terrifiante ; Manola qui va réveiller les instincts protecteurs de Kisa par son parcours similaire au sien ; Maia, la femme d'action associée à Carlos qui soutient la comparaison avec n'importe lequel de ces messieurs ; Margaret, l'épouse de Freddie, qui révèle un caractère fort, déterminé et aussi altruiste que son mari ; Sonja, une tatoueuse indépendante aux intentions troubles ; ou encore Amaru, la divine et dangereuse Reine des Enfers incarnée par la sublime Natalie Martinez.

Une forme soignée pour un fond convaincant

Outre ses qualités d'interprétation et de narration, le show possède une véritable identité dans ses visuels. La photographie est particulièrement soignée, les couleurs sont toujours très travaillées. Là où la plupart des séries vampiriques optent pour des teintes ternes et des paysages froids, From Dusk Till Dawn mise sur l'exact opposé. On voit des grandes étendues désertiques, des personnages en sueur, des piscines dont le bleu accueillant fait figure d'oasis. La chaleur harassante, la lumière crue, le filtre jaune souvent appliqué à l'image soulignent une ambiance torride. Les paysages poussiéreux et caniculaires du Texas, ainsi que le talent des décorateurs, confèrent à l'ensemble des visuels sympathiques et convaincants. Il profite ainsi d'une esthétique prononcée, y compris dans ses scènes gores, dont la mise en scène macabre est aussi glauque qu'ébouriffante visuellement - un peu à la manière d'un Hannibal mexicain.

Point central, le design des Culebras reprend celui du film original tout en l'améliorant. Ce côté reptilien croisé avec les Vampires de Buffy est une véritable réussite, assumant pleinement son inspiration mythologique méso-américaine.

Pour accompagner le tout, la musique de Chingon et Carl Thiel vient apposer sa touche à l'ambiance résolument latine. Soulignons enfin la version espagnole de l'envoûtant After Dark interprétée par Chingon (thème récurrent de la saga) et l'entraînant Monsters, chanté par Madison Davenport durant le générique final. L'actrice est décidément très talentueuse, devant la caméra ou derrière un micro, ce qui devrait lui assurer une carrière prometteuse.

Atypique, nerveuse, addictive, violente et plus intelligente qu'il n'y paraît, From Dusk Till Dawn : The Series est assurément une réussite. Elle met également à l'honneur une culture mexicaine jusqu'alors trop sous-exploitée, ainsi qu'un casting et des protagonistes à la diversité louable. Elle possède un véritable univers, singulier et personnel, qui la rend nettement plus mémorable que bon nombre de productions fantastiques récentes. N'hésitez donc pas à pousser de nouveau les portes du Titty Twister.

Plus réussie que l'original de 96 ? Peut-être pas. Mais différente, elle l'est. Au meilleur sens du terme.

Et les Gecko sont toujours aussi cools.

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