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Série files : Épisodes (intégrale)

🎥 Série files : Épisodes (intégrale) 🎥


⭐ avec Matt LeBlanc, Stephen Mangan, Tamsin Greig, Kathleen Rose Perkins, Mircea Monroe, John Pankow, Fiona Glascott, Genevieve O'Reilly…

Difficile pour un acteur de série de rebondir ! Et ce n’est pas Matt LeBlanc, ex-héros de Friends qui dira le contraire. Après quelques années de galère, lui et David Crane (créateur de Friends) se sont penchés sur un projet tout simplement génial : une critique de la télévision, mettant en scène un couple de scénaristes fraîchement débarqué à Los Angeles, obligé de collaborer avec un acteur irresponsable nommé… Matt LeBlanc. Ce dernier campe donc un personnage fictif directement inspiré de son parcours, coup de génie qui lui a valu un Golden Globe en 2012. Mais passé le concept surprenant, que vaut Épisodes ? On débriefe !

Humour corrosif, dialogues percutants, critique acerbe de la télévision, blagues volontairement en dessous de la ceinture… On est loin de l’esprit familial de Friends ! Épisodes ne vise clairement pas le même public et c'est tant mieux : la plus grosse erreur de LeBlanc et Crane auraient été de surfer sur cette sitcom culte - le plantage en beauté de Joey provoquant encore un frisson d'horreur chez les fans. Aussi ont-ils pris le parti de réaliser l'exact opposé. Et ça marche ! La série est décomplexée, drôle, intelligente et étonnamment mature en dépit de son héros totalement puéril. Les personnages, qui naviguent dans les eaux troubles hollywoodiennes, offrent une belle diversité de caractères et d'ambition.

En première ligne, on a bien sûr Beverly et Sean, le couple de scénaristes britanniques catapulté dans les coulisses de la télévision américaine, dont ils peinent à comprendre l'esprit et la ligne directrice à l'opposé des leurs. Beverly est incontestablement le meilleur personnage de la série : elle est cassante, guindée, rancunière et a la capacité inouïe de démolir ses interlocuteurs en deux secondes top chrono. Tamsin Greig parvient néanmoins à la rendre attachante et les scénaristes n'ont pas fait d'elle une bêcheuse inatteignable, loin de là. Hollywood va se révéler toxique pour Bev, son couple et sa force créatrice. Elle doit de plus composer avec un mari beaucoup plus enthousiaste qu'elle à l'idée de vivre le fameux rêve américain. Plus candide et exagérément positif, Sean voit toute cette aventure comme une magnifique opportunité et semble le premier surpris de voir les catastrophes leur tomber dessus les unes après les autres. Stephen Mangan campe à merveille cet ahuri gentillet, un peu niais mais attachant. Même s'il demeure dans l'ombre de Beverly, leur duo forme un coupe équilibré et sympathique, ils se complètent, les qualités de l'un atténuant les défauts de l'autre et vice versa.

Autour d'eux gravite une foule de personnages plus ou moins antipathiques et drôles, ce qui est un ressort comique courant dans la série mais toujours bien utilisé. Il y a l'assistance incompétente qui ambitionne de réussir dans le cinéma sans s'en donner les moyens (Scarlett Rose Patterson) ; l'actrice bimbo (Mircea Monroe) à l'âge indéfinissable - au passage, beau clin d’œil aux acteurs de séries pour ados qui ont toujours au bas mot dix ans de plus que leur rôle ; la productrice Helen Basch talentueuse mais légèrement psychotique incarnée par Andrea Savage ; Myra (Daisy Haggard) la chargée du pôle comédie dont le visage tordu en un rictus constant est l'un des runnings gags les plus hilarants du show ; ou encore Andy (Joseph May), chargé de casting, et souffre douleur attitré de son patron, l'horripilant Merk Lapidus. Ce dernier (John Pankow), producteur ô combien insupportable, est le seul personnage véritablement néfaste de la série, qui trompe sa femme aveugle (très classe Genevieve O'Reilly) avec Carol. Parmi les seconds rôles, Carol sort d'ailleurs clairement du lot : assistante de production aux dents longues, elle revendique une image sportive et vante le bio tout en fumant allègrement des substances illicites et en buvant plus que de raison. Elle est aussi incapable de résister à un patron quel qu'il soit, le personnage est aussi égocentrique que drôle, aussi brillant dans le milieu professionnel que crédule lorsqu'il s'agit de ses histoires de cœur. Kathleen Rose Perkins est de plus une merveilleuse actrice, qui exploite à la perfection toute la palette de son personnage. Son amitié avec Bev va se développer sur cinq saisons pour donner lieu à une belle alchimie entre les deux femmes.

Enfin, finissons par LA personnalité autour de laquelle s'oriente le projet : Matt LeBlanc. C'est surprenant à quel point l'acteur a pris des risques pour incarner une sorte de double maléfique sur le petit écran. Son Matt LeBlanc est porté sur la boisson, irresponsable, dépensier à outrance, dépendant au sexe, inconstant, volage, narcissique... Acteur estampillé has-been en quête d'une notoriété déclinante, il cherche désespérément à renouer avec le succès, là où tout le monde le cantonne à une unique performance, celle de Joey dans Friends. On lui ajoute une famille odieuse en la personne d'une génitrice larmoyante, d'un père parasite et d'une belle-mère bling-bling opportuniste, ainsi qu'une ex-femme dépassée et deux enfants dont il est incapable de s'occuper. Autant dire qu'il fallait une bonne dose d'humour à Matt et son entourage pour encaisser cinq saisons à ce rythme... La dérision dont il fait preuve reste inégalée sur le petit écran ! Malgré tout, et c'est là le talent de Crane, le personnage n'est jamais réellement détestable ou stupide : en effet, il est bien écrit et plus complexe que ce que laissait entrevoir les premiers épisodes. Matt LeBlanc est donc le meilleur rôle de Matt LeBlanc depuis... très longtemps. Charismatique, un peu perdu, généreux et séduisant, LeBlanc est un véritable anti-héros, auquel l'acteur a su insuffler beaucoup d'autodérision et de sensibilité. Il est aussi désopilant que touchant, notamment lors des scènes où il se remet en question. Il forme rapidement un trio explosif avec notre couple britannique - dont la cause n'est autre que Beverly, franchement opposée à Matt. Leur trio est vraiment intéressant à suivre, ses rapports avec Bev vont lentement s'améliorer et sa bromance avec Sean survit, laborieusement il est vrai, aux quarante-et-un épisodes...

En parlant d'épisodes, la première saison - qui en compte sept - est loin d'être la plus transcendante : maladroite, elle a malheureusement tendance à glisser dangereusement vers le cliché, bien que son aspect volontairement acerbe et critique rattrape le tout. A ce stade, la série cherchait encore son ton et son rythme, deux choses primordiales qu'elle parvient néanmoins à installer progressivement.

Si la saison 3 connaît un léger coup de mou, les saisons 2 et 4 sont indiscutablement les meilleures ; elles proposent et explorent à merveille des thématiques intéressantes tels que le couple, la carrière, les embûches professionnelles, les complexes, etc. Chaque personnage connaît une évolution satisfaisante et cohérente, à commencer par Carol.

L'ultime saison, quant à elle, aurait été franchement décevante (trop de remplissage, de sous-intrigues inutiles etc.) s'il n'y avait pas eu cet épisode final. La conclusion d'Épisodes est véritablement parfaite : elle apporte non seulement une fin idéale à chaque protagoniste, à chaque arc narratif mais aussi à la série en elle-même. Un dénouement haut en couleurs pour une série qui l'est tout autant, aussi imparfaite qu'intéressante. Un sacré exercice d'équilibriste que Matt LeBlanc et David Crane achèvent avec les honneurs.

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