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L’avis des libraires - 84ème chronique : Focus sur Stéphanie Pélerin

L'avis des libraires : 84ème chronique

Focus sur Stéphanie Pélerin

Portrait d’Ivana : (un peu) névrosée, (très) gaffeuse, (totalement) attachante...

Ivana se retrouve seule, du jour au lendemain, après que Baptiste ait mis un terme à huit ans de relation. Un choc. Estime de soi sabotée, vision de son corps biaisé, désert affectif… Heureusement, Ivana n’est pas du genre à se laisser abattre trop longtemps. Et la vie parisienne réserve bien des surprises pour une jeune prof bien décidée à en finir avec le célibat et les kilos superflus !


Vous qui me lisez depuis un certain temps, vous savez que je n’ai qu’un goût très limité pour la chick-lit… Mais il y a deux choses qui me permettent d’adhérer au genre : l’héroïne et la plume.

Qu'en est-il alors de (Presque) jeune, (presque) jolie, (de nouveau) célibataire et sa suite (Toujours) jeune, (toujours) jolie, maman (mais pas seulement), diptyque signé Stéphanie Pélerin ?

De mémoire de lectrice, j’ai rarement autant aimé un personnage de comédie romantique ! Comment résister à Ivana ? Ivana, Bridget Jones niçoise exilée dans la capitale, s’imagine toujours une tonne de scénarios improbables, cultive l’art de tomber sur des mecs détestables et fait une fixette sur ce qu’elle s’imagine être des kilos en trop. Elle est têtue à l’excès, noie son chagrin dans le shopping, vénère Zola et affirme que la menthe du mojito constitue l’un des cinq fruits et légumes recommandés par jour. Mettez-là en colère et son sens de la répartie vous reviendra en plein visage, dans un uppercut verbal que vous aurez toutes les peines du monde à esquiver ! Bref, un portrait de femme contemporain et irrésistible, riche et réaliste, loin des clichés du genre, qui fait du bien. On a toute une part de l’héroïne en nous : un trait de caractère commun, un complexe analogue, une réflexion similaire… Ivana, c’est nous, c’est une bonne copine, c’est une sœur toujours présente, c’est une cousine éloignée qui nous est chère.

Armée d’un style désarmant, Stéphanie Pèlerin use d’un humour pétillant, un poil dévergondé, toujours juste. Son ton désinhibé est une véritable bouffée d’air frais qui envoie allègrement valser tous les stéréotypes du genre – stéréotypes avec lesquels elle joue d’ailleurs avec talent. Oui, la saga Ivana est drôle, bénéfique, positive et sans langue de bois. Parce qu’elle montre l’évolution d’une protagoniste crédible, terriblement attachante, dont le parcours est aussi réaliste qu’hilarant, touchant parfois. Parce qu’elle cherche à s’assumer, agit en ce sens, revendique ses désirs et ses envies, a ses peurs et ses faiblesses, compte beaucoup sur ses amis pour l’aider. Mais elle est en constants progrès, tout en restant humaine et imparfaite. Elle pousse les lectrices à s’assumer, à rire, à dédramatiser.

Car sous ses dehors de rom-com inoffensive, l’auteure traite également de sujets difficiles, rarement abordés dans des lectures dites « rafraîchissantes » : libido féminine, poids de la société sur l’image de la femme, sexualité, infidélité, brutalité, problèmes de communication, difficultés à soigner son amour-propre, harcèlement scolaire, mythe de la mère parfaite, problèmes posés par la vie de célibataire ou de couple, tentation d’aller voir ailleurs, complexité à gérer le monde virtuel… Qu’il s’agisse d’Ivana ou de son entourage féminin direct (Suzy, Rachel, Sarah, Lola et Martha) toutes offrent une vision différente d’une relation amoureuse, de la vie, de la Femme au sens large ; des discussions que nous avons toutes eu, entre copines. Il en va de même pour la gente masculine : les hommes sont fréquents dans l’intrigue et sont tous radicalement différents. Du coach sportif au bon cœur mais dragueur, du présentateur de radio séducteur plus profond qu’il n’y paraît, du mari dévoué obnubilé par son travail au petit-ami énamouré qui se révèle violent…

La plume est de plus très agréable, fluide et piquante, acidulée à souhait, alternant réflexions sérieuses, remarques délirantes et péripéties de sitcom ! Aucun doute : certains rebondissements sentent radicalement le vécu ! J’aime aussi le fait que le premier tome soit raconté à la troisième personne alors que, dans le second, la narration passe à la première : comme si Ivana s’acceptait désormais pleinement et nous partageait directement ses pensées, sans filtre.Vous l’aurez compris mais les ouvrages de Stéphanie Pèlerin sont à ranger d’emblée dans le petit club très select des auteures de romance atypiques aux côtés de Tiphaine Hadet, Helen Fielding, Isabel Wolff ou India Knight.

Un diptyque qui se consomme d’une traite, comme un mojito lors d’une soirée entre filles… Le cocktail Ivana est à consommer sans modération !

 

« Comment avait-elle pu ignorer cet endroit pendant toutes ces années ? A chaque pas, elle croisait un homme plus séduisant que le précédent. Elle comprit que l'orgasme visuel n'était pas un mythe et se demanda si son petit cœur fragile pouvait en supporter autant d'affilée. »

~ p 30-34 / (Presque) jeune, (presque) jolie, (de nouveau) célibataire

 

« Ces dernières années, le sexe avec Baptiste avait été plutôt décevant. C'était un homme de rituel, obsédé par l'hygiène. S'il attendait qu'elle use de tous les talents de ses lèvres, il ne rendait jamais la politesse. Il expédiait les préliminaires au point qu'elle en avait conclu qu'il ne s'y pliait que pour pouvoir rendre le terrain glissant. Il avait trouvé suspect, au début de leur relation, qu'elle soit insatiable, pour finir par se plaindre de son manque d'entrain les derniers temps. Il faut dire que même avec un GPS, il n'aurait pas trouvé son clitoris. Ivana n'avait jamais refusé de faire l'amour avec lui mais elle s'était souvent ennuyée. Elle remerciait d'ailleurs la levrette, position pendant laquelle elle n'était pas contrainte de sourire mais n'avait jamais osé lui demander si elle pouvait en profiter pour lire une BD. »

~ p 43-44 / (Presque) jeune, (presque) jolie, (de nouveau) célibataire

 

« Voilà ce qui lui manquait : que quelqu'un la serre contre lui. On sous-estimait le pouvoir du contact. Pourtant, une étreinte réparait tant de chose. »

~ p 174-175 / (Presque) jeune, (presque) jolie, (de nouveau) célibataire

 

« Elle avait ensuite hésité entre plusieurs séances de cinéma : un film d'horreur sans personne à griffer le bras, un film comique sans personne avec qui rire et une comédie romantique sans personne contre qui se lover ? Décidément, la société n'était pas faite pour les célibataires. »

~ p 45 / (Presque) jeune, (presque) jolie, (de nouveau) célibataire

 

« On avait oublié jusqu'au nom de celui qui avait eu l'idée de cette brillante formule de "reconquête du mois de juin". Les ministres de l'Education nationale se suivaient et semblaient n'avoir qu'une seule ambition : laisser leur nom à une réforme encore plus idiote que celle de leur prédécesseur. »

~ p 51 / (Presque) jeune, (presque) jolie, (de nouveau) célibataire

 

« Il n'y avait que des femmes aux lignes imparfaites comme les siennes. Des corps non photoshopés, profitant sans complexe du bien-être au bord de l'eau. Des corps beaux, tout simplement, non lisses et qui racontaient, en silence, leurs histoires. »

~ p 169 / (Presque) jeune, (presque) jolie, (de nouveau) célibataire

 

« Baptiste pouvait s'estimer chanceux. La vraie Nana, celle de Zola, c'est au crime, voir au suicide, qu'elle avait poussé ses amants. Certes, elle était morte défigurée par la petite vérole à dix-neuf ans mais tout le monde avait bien droit à une ou deux petites erreurs de parcours. »

~ p 171 / (Presque) jeune, (presque) jolie, (de nouveau) célibataire

 

« J'aime ma vie actuelle mais je me trouve stupide d'avoir autant angoissé à l'idée du célibat. On nous met tellement dans le crâne que c'est triste d'être seul. Le mot "seul" est déjà flippant à lui tout seul. Un monosyllabe qui sonne le glas de quelque chose/ La plupart des fêtes ne semblent d'ailleurs exister que pour les amoureux et les familles unies.

Il faudrait inventer une grande fête du célibat, tiens. Pourquoi pas ? Le 13 février par exemple. Une journée incroyable où on se ferait des cadeaux à soi-même, où on n'aurait pas peur d'être heureux tout court. »

~ p 34 / (Toujours) jeune, (toujours) jolie, maman (mais pas seulement)

 

« N'allez pas croire que mes amies sont des monstres. Elles savent au contraire que j'ai besoin d'être secouée pour ne pas me transformer en une de ces héroïnes de romance geignardes que nous détestons toutes les trois. Et il faut reconnaître que j'ai de réelles dispositions pour briller dans ce rôle. »

~ p 127 / (Toujours) jeune, (toujours) jolie, maman (mais pas seulement)

 

« On se demande souvent pourquoi les contes s'arrêtent à "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants". C'est tout simplement parce que le quotidien, c'est chiant. Personne n'a envie de savoir que le prince rentre tard pendant que la princesse s'occupe des mioches et veille à ne pas oublier de sortir les poubelles. »

~ p 38-39 / (Toujours) jeune, (toujours) jolie, maman (mais pas seulement)

​​

 

« Cette pimbêche découvrira bien vite à ses dépens que la terrible loi de la gravité s'applique à tout le monde. Et quand ses fesses seront tombées, il n'est pas certain que ses qualités humaines l'aideront à rester fréquentable.

Voilà ! Rien de tel qu'un peu de perfidie féminine pour me remettre en selle. »

~ p 147 / (Toujours) jeune, (toujours) jolie, maman (mais pas seulement)

 

*(Presque) jeune, (presque) jolie, (de nouveau) célibataire aux Editions Mazarine (208. 15€) ou aux Editions Diva (192 pages. 7€99)

*(Toujours) jeune, (toujours) jolie, maman (mais pas seulement) aux Éditions Diva. 223 pages. 14€90

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