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Série files : Friends (intégrale)

🎥 Série files : Friends (intégrale) 🎥


⭐ avec Jennifer Aniston, Courteney Cox, Lisa Kudrow, Matt LeBlanc, Matthew Perry, David Schwimmer, Paul Rudd, James Michael Tyler, Maggie Wheeler, Jane Sibbett, Giovanni Ribisi...

Avant d’entamer cette chronique, je vous dois une petite confession : avant 2018, je n’avais jamais, JAMAIS vu un seul épisode de Friends dans son intégralité. Pourtant, cette dernière a marqué ma génération, celle d’avant et continuera probablement à impacter les suivantes, ayant acquis au fil du temps une notoriété et un statut d’œuvre culte jamais démentis depuis…

Toutefois, je n’avais jamais éprouvé assez d’intérêt vis-à-vis de cette sitcom pour m’impliquer durant dix saisons ! Il a fallu un gros passage à vide, une envie folle de feel-good et les incessantes recommandations de deux très bons amis (Xavier et Lizix si vous passez par là...) pour qu’enfin je me décide à découvrir le Saint Graal de la NBC.

Alors, que vaut Friends lorsqu’on la regarde avec des yeux d’adulte, sans nostalgie, sans à priori ni préjugés, elle qui s’est achevée depuis plus de dix ans ?

En trois mots : c’est du bon, du très bon même !

La réputation de Friends n’est en rien usurpée et, plus d’une décennie après sa conclusion, elle continue à faire mouche. Soit, les saisons 9 et 10 n’ont ni la qualité, ni la fraîcheur des précédentes (les saisons 2, 5 et 8 sont pour moi les meilleures) ; certaines vannes passent moyennement en 2018 ; le doublage français reste aléatoire... Mais ces défauts restent minimes et ne parviennent pas à ébranler la réussite de 200 excellents épisodes.

Alors, qu’est-ce qui rend Friends si addictif, si intemporel ?

L’attrait de Friends repose, avant tout, sur ses personnages phares : Rachel, Monica, Phoebe, Chandler, Joey et Ross. Tous les six forment une bande de potes profondément imparfaits mais terriblement sympathiques, maladroits mais soudés, à l’amitié indiscutable et fusionnelle. On se retrouve parfois dans leurs réactions, leurs ambitions, leurs bêtises ; on rit avec eux et non d’eux ; on apprend à apprécier le caractère et les petits travers de chacun... En l’espace de dix saisons, une certitude : le spectateur va les découvrir, les aimer et prendre plaisir à les suivre dans leur quotidien. C’est là le vrai tour de force des showrunners Marta Kauffman et David Crane, même si, reconnaissons-le, la série doit aussi beaucoup à son casting.

TOUS les acteurs de Friends sont incroyables et l’alchimie entre eux est palpable, ce qui les rend d’autant plus convaincants à l’écran. Je connaissais évidement le trio féminin avant de visionner la série – j’avais vu Courtney Cox dans la saga Scream, Lisa Kudrow dans Mafia Blues ou Easy A et j’ai toujours beaucoup aimé le jeu de Jennifer Aniston (attachante dans Bruce tout-puissant, épatante dans Polly & moi, hilarante dans Les Miller, saisissante dans Cake). Je n’avais en revanche jamais retenu les noms de Matt LeBlanc et David Schwimmer, qui confèrent pourtant à leurs personnages de Joey et Ross tout le charisme et la profondeur nécessaires. Mais surtout, j’ai découvert Matthew Perry.

J’ai adoré Chandler durant ces dix saisons et outre la remarquable écriture dont bénéficie le personnage, les rapports touchants qui le lient aux autres (son amitié insubmersible avec Joey, sa tendresse romantique pour Monica...), il est évident que Perry a fait beaucoup pour la personnalité de cet anti-héros maladroit, touchant, craquant, complexe et complexé, aux antipodes des stéréotypes.

Certes, l’attachement qu’on éprouve à l’égard de la bande varie selon les saisons, ils connaissent des évolutions parfois douteuses et ne sont jamais à l’abri de cliffhangers décevants de la part des scénaristes – on se demande toujours pourquoi avoir esquissé une intrigue amoureuse autour de Rachel et Joey pendant 2 saisons pour au final... Ne rien en faire ! Outre cette histoire avortée, un autre point m’a profondément gêné durant mon visionnage : Ross et Monica sont nettement moins bien gérés durant les dernières saisons que les autres protagonistes – lui devient tout simplement imbuvable alors qu’elle ne semble être qu’une parodie ô combien agaçante de sa personnalité d’origine...

C’est d’autant plus décevant que les autres connaissent une évolution plus que satisfaisante !

Heureusement, ces défauts sont contrebalancés par les personnages secondaires (tous très intéressants, qu’il s’agisse de l’ex-hystérique Janice, du laconique Gunther, du charmeur moustachu Richard) et surtout par l’apparition de Mike Hannigan, campé à merveille par Paul Rudd – que j’appréciais déjà pour ses performances dans Trop jeune pour elle, The Perks of Being a Wallflower ou Ant-Man.

L’âme-sœur de Phoebe est un nouveau personnage qu’on prend plaisir à découvrir et qui apporte une belle conclusion à la jeune femme fantasque de la bande : son arrivée marque une réelle implication de la part de cet électron libre qui ne s’était au préalable jamais investie dans une relation durable et qui, avec lui, va enfin connaître le grand amour. La scène de leur mariage, sous la neige, sobre et élégante, est d’ailleurs l’une des plus belles de la série ; la plus romantique aussi, aux côtés de la demande en mariage de Monica et du premier baiser de Ross et Rachel.

Friends est surtout connu pour son ton léger, enlevé, positif… A raison car la série est vraiment hilarante et cumule les répliques cultes. Comment ne pas rire aux bourdes de Joey, aux chansons barrées de Phoebe, aux mimiques de Ross, aux répliques cyniques de Chandler, aux crises ménagères hystériques de Monica ou en sempiternelles jérémiades de Rachel ? De fait, la sitcom cumule les différents comiques théâtraux : comique de situation, comique de langage, comique de gestes, comique de répétition, comique de caractère… Quelle que soit la forme choisie (celle-ci varie beaucoup selon le protagoniste et l’intrigue), scénaristes et acteurs s’en tirent toujours avec brio (ou presque).

Mais la série, durant une décennie, a également abordé des thématiques plus sérieuses tels le deuil, le chômage, les aléas professionnels, la stérilité, la maternité, l’adoption, les séparations amoureuses, la famille... Hormis les Tribbiani qui, bien que hauts en couleurs, apporte à Joey amour et soutien, les autres personnages ne peuvent se targuer d’avoir une famille exemplaire. Friends reprend ainsi le vieil adage du « on choisit ses amis mais non sa famille » ; il y a un parallèle très clair entre le cocon qu’ils se sont construits au Central Perk ou dans l’appartement douillet de Monica et leurs familles. Rachel est en conflit constant avec ses sœurs futiles et sa mère tyrannique ; Monica est sans cesse rabaissée au profit de Ross par ses parents ; Phoebe, longtemps SDF, ne peut compter sur personne, même pas sa jumelle ; Chandler peine à trouver ses repères et est phobique de l’engagement, traumatismes qu’il doit au divorce de ses parents à Thanksgiving, alors qu’il n’avait que 11 ans ; Ross voit ses tentatives successives pour fonder un foyer échouer (il divorce à trois reprises, a deux enfants qui ne vivent pas avec lui la plupart du temps)...

Mais, en dépit des aléas, chacun peut compter sur les autres membres de la bande. Leurs disputes sont souvent passagères et n’entachent jamais vraiment leurs rapports.

La série aborde également d’une façon plutôt fine les spécificités de chaque personnage. Typiquement, Chandler, qui est souvent décrit comme efféminé par ses amis, présente une alternative au cliché viril habituel. Bien qu’hétérosexuel, il assumera, au fil des saisons, des penchants que la société qualifierait de non-masculins : il aime se faire des masques, prendre des bains moussants, avoir rendez-vous chez le pédicure, écouter de la musique guimauve... Au final, tout cela est montré de façon positive et prouve qu’un homme peut prendre soin de lui sans que cela soit risible ou ne définisse son orientation sexuelle. L’homosexualité est d’ailleurs montrée positivement à plusieurs reprises, notamment avec le couple Susan/Carol, qui a une relation saine et aimante. De même l’ambition professionnelle de Monica est moquée pour ses réactions extrêmes mais jamais pour ses envies de réussite : elle est une femme moderne qui favorise sa carrière et est prête à tout pour y parvenir, ce qui est louable et en aucun cas rabaissé. Quant à Phoebe, elle entretient des rapports sexuels de façon décomplexée sans être définie de façon néfaste ou jugée en fonction de sa libido : elle est épanouie, libre, sa bisexualité est mentionnée à plusieurs reprises... Friends montre des couples très différents au fil des saisons : Ross fréquente une brillante paléontologue afro-américaine ; le frère de Phoebe, Frank Buffay Jr., épouse une femme qui est son aînée de 30 ans ; Monica elle-même sort durant plusieurs épisodes avec un ami de ses parents ; Susan et Carole sont des mères épanouies qui forment un couple équilibré sans que cela ne soit montré comme un problème pour leur fils Ben, choyé comme tout enfant devrait l’être ; les parents Tribbiani sont dans une union libre ; ou encore Rachel et Joey qui, finalement, préfèrent leur amitié mixte à tout engagement sentimental, ce qui finalement, tout aussi frustrant que cela puisse sembler, fait véritablement sens. L’écart d’âge, la religion, l’orientation sexuelle ou la couleur de peau ne sont jamais un obstacle aux véritables relations amoureuses ou en tout cas très brièvement.Notons au passage que, sur ce point, Friends a une notion très idéalisée du « véritable amour » : les âmes-sœurs sont plus fortes que tout, quel que soit le problème abordé. Ross et Rachel finissent par mettre leurs divergences de côté pour ENFIN assumer pleinement leur couple ; initialement amis, c’est à la suite d’une nuit arrosée mémorable que Chandler et Monica comprendront leur inclination, se marieront malgré la phobie de ce dernier pour l’engagement et auront des enfants ; Phoebe et Mike connaîtront également une cérémonie de conte de fée, Mike acceptant d’épouser cette dernière malgré ses craintes sur le mariage, bien ancrées à la suite d’un divorce désastreux… Seul Joey reste l’éternel célibataire, ce qui colle plutôt bien avec son syndrome de Peter Pan, sa naïveté et son absence totale de réflexion sur le long terme.

Lorsque l’on sait que Friends a été taxée à tord d’homophobe, de sexiste, de raciste et de grossophobe, on ne peut que se demander si ses détracteurs ont réellement vu la série... C’est oublier un peu vite certains épisodes cruciaux.

Concernant le racisme, s’il est vrai que les six personnages centraux sont blancs, il y a les relations amoureuses de Ross avec une asiatique puis une afro-américaine : dans les deux cas, la couleur de la peau n’est absolument pas la cause d’un quelconque problème ou de la rupture.

Quant au sexisme, parlons de Rachel qui de fille à papa un tantinet mijaurée devient au fil des saisons une femme forte, business woman accomplie, qui aime son métier et est promise à une brillante carrière non pas grâce à son physique mais pour son investissement et les sacrifices qu’elle fait dans ce sens. Bien que Ross ne soit jamais loin, elle est aussi une mère célibataire, une excellente amie et une sœur protectrice. Personnellement, j’adore la transformation de Rachel qui s’émancipe totalement de son cliché de séductrice futile accro au shopping qui transforme sa passion de la mode en véritable moteur professionnel.

Ensuite, l’homophobie ! En premier lieu, rappelons que Ross lui-même soutient son ex-femme lorsqu’elle se marie avec Susan et qu’il ne rejette pas Sandy le « nounou » pour sa potentielle homosexualité mais bel et bien pour son hypersensibilité qui à tendance à sérieusement l’agacer – un trait de caractère qui est associé à un baby-sitter compétent dont le travail est salué, y compris par Joey et Rachel.

Vient le cas plus épineux de Chandler et sa famille. Ce dernier n’a pas honte d’une figure maternelle à la libido envahissante ou de son père travesti : il leur reproche de l’avoir abandonné, détruit leur équilibre familial et souvent blessé, même inconsciemment. Sa mère reste une auteure égocentrique qui favorise ses désirs plutôt que son fils et son père adultère est parti avec un homme à Vegas… Ses retrouvailles avec son père, alors que chacun accepte finalement l’autre tel qu’il est, sont une preuve définitive. Il finira par leur pardonner à l’occasion de son mariage et avec le soutien indéfectible de Monica.

Parlons d’elle justement. Typiquement, lorsque la vision de Monica obèse est dénoncée comme étant néfaste, il est heureux de rappeler qu’elle connaîtra un futur heureux, avec ou sans embonpoint : ainsi, dans les épisodes montrant un futur alternatif, il est montré que, mince ou ronde, cela ne l’empêchera pas d’être épanouie, d’être une excellente cuisinière et de rencontrer l’amour de sa vie en la personne de Chandler – lequel l’aimera quelle que soit son apparence.

Au final, je ne peux que m’incliner face à la majorité : Friends est une excellente série ! Je vous encourage à la découvrir ou à la redécouvrir avec vos yeux d’adulte, à rire et à être ému au fil de ses dix saisons, à tomber amoureux des personnages et du Central Perk, à refermer avec émotion la porte de l’appartement de Monica au 236ème épisode.

Friends, qu’on se le dise, est indémodable, positive et universelle. Une excellente dose de feel-good quotidienne, intelligente et inspirante, comme on en voit peu.

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