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L’avis des libraires - 71ème chronique : La meilleure façon de marcher est celle du flamant rose de

L’avis des libraires - 71ème chronique :

La meilleure façon de marcher est celle du flamant rose

de Diane Ducret

Confidences en prose, esprit virtuose & grâce de flamant rose

Depuis sa naissance, Enaid cumule tous les coups du sort possibles et imaginables : famille, santé, amour, estime de soi... Quatre points qui lui font cruellement défaut. A côté d'elle, autant dire que la théorie de Murphy semble anecdotique ! Face à cette succession de drames dont l'un manque la laisser handicapée à vie, Enaid prend une décision : se battre et marcher, à la manière d'un flamant rose : boiteux, hésitant, atypique... mais magnifique.


On ne présente plus Diane Ducret, l'auteur culte du diptyque Femmes de dictateur, de la comédie (pas si) romantique L'homme parfait existe il est québécois ou des Indésirables, une histoire d'amitié et de liberté durant la 2nde Guerre Mondiale... En fiction comme en Histoire, elle excelle. Avec cet art des mots qui lui est propre, elle rend chaque ouvrage passionnant, addictif, surprenant.

Son dernier ouvrage, paru en février 2018, ne déloge pas à la règle. Et d'emblée, le titre, beau mais incompréhensible, intrigue : La meilleure façon de marcher est celle du flamant rose... A quelle histoire peut bien s'attacher pareil titre ? Une histoire formidable : la sienne. Car l'évidence saute aux yeux pour qui connaît un minimum le parcours de l'auteur : Enaid, c'est Diane. Son double littéraire, son alter-ego couché sur papier.

Ce parcours du combattant, Diane/Enaid va le subir de la seule façon possible - douloureusement. Lorsque la vie ne se charge pas de la mettre à terre (l'abandon de ses parents, la chute de cheval qui aurait pu lui être fatale, une succession d'échecs amoureux), elle échappe de peu à une autodestruction programmée : anorexie, paradis artificiel, boulimie, crises d'angoisse...

Au fil de cette biographie romancée, on suit les débuts de la petite fille confiée à ses grands parents dévots, on pose nos pas dans les traces de l'ado rebelle, on espère s'envoler aux côtés de la femme devenue flamant rose.

Diane/Enaid, c'est un concentré de courage et d'optimiste, une incitation à lutter, à s'épanouir, à vivre...


« J'ai l'impression d'être née d'un péché de chair, abandonnée par paresse, élevée dans la colère, avec la certitude de m'en sortir par orgueil. »

~ p 101

Le plus surprenant, sans doute, c'est le ton employé dans le roman. Cette absence totale de mélo quand bien même les événements contés sont tragiques ; l'auto-dérision dont elle sait faire preuve concernant son vécu - elle, la poupée blonde, la surdouée, celle qui associe son destin calamiteux à une facétie de fées qui l'aurait dotée de tous leurs bienfaits mais aussi d'une poisse faramineuse !

La dédramatisation singulière, associée à un sens de la réplique simplement génial, rend La meilleure façon de marcher est celle du flamant rose curieusement feel-good. Tout dramatique que soit le fond, sur la forme, Ducret dynamite tous les clichés que l'on pourrait redouter au vu de son parcours.

C'est une évidence depuis L'homme parfait existe il est québécois, mais Diane Ducret est drôle : entre cet humour noir, une pointe de cynisme et une bonne dose de références, elle multiplie les bons mots à chaque page, sans langue de bois.

Cette biographie romancée tragi-comique, entre récit initiatique et parcours d'aventures, est une ode à l'espoir. On puise entre ses pages un courage et une motivation déconcertants, l'envie de se battre et la certitude de soulever des montagnes.

Car, de tous les combats menés de front par Diane/Enaid, il y a fort à parier que vous vous reconnaîtrez au moins une fois : le deuil, la maladie, l'addiction, l'absence, le sentiment d'abandon, les relations amoureuses désastreuses, le conflit générationnel, les rêves qui s'effritent... Le tout est magnifiquement bien écrit, irrésistible de bout en bout.

Après avoir dévoré ce roman qui n'en est pas vraiment un, porté par la force véhiculée entre ces pages, aucun doute : chaque lecteur essaiera, à son tour, de « transfigurer le réel quand il fait la triste figure ».

« Toutes les fois où je me suis ramassée m'ont laissé la pire cicatrice qui soit, la peur. Celle d'aimer, qu'on ne m'aime pas, d'être seule, de tomber, d'être loin de chez moi. Vivre me fait mal aux coutures à peine cicatrisées, ça me tire trop fort. Je suis un Frankenstein aux cent bouts rapiécés. »

~ p 254

« On peut se laisser choir lorsque l'on tombe ou faire le saut de l'ange. Etre boiteux ou devenir un flamant rose. »

~ p 270


Diane Ducret : La meilleure façon de marcher est celle du flamant rose aux Éditions Flammarion. 288 pages. 19,90 €


Article paru en version écourtée dans le Pays Briard le 13.03.18

*Merci a Madame Parrella pour ce très beau marque-page*

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