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  • Photo du rédacteurChloé

Edmond d'Alexis Michalik

Edmond

Pièce écrite et mise en scène par Alexis Michalik

A la fin de la pièce, Michalik touche

Résumé officiel : Décembre 1897, Paris.

Edmond Rostand n’a pas encore trente ans mais déjà deux enfants et beaucoup d’angoisses. Il n’a rien écrit depuis deux ans. En désespoir de cause, il propose au grand Constant Coquelin une pièce nouvelle, une comédie héroïque, en vers, pour les fêtes. Seul souci : elle n’est pas encore écrite. Faisant fi de caprices des actrices, des exigences de ses producteurs corses, de la jalousie de sa femme, des histoires de cœur de son meilleur ami et du manque d’enthousiasme de l’ensemble de son entourage, Edmond se met à écrire cette pièce à laquelle personne ne croit. Pour l’instant, il n’a que le titre : Cyrano de Bergerac.


👃👃👃


Texte et mise en scène par : Alexis Michalik

Costumes : Marion Rebmann

Musique : Romain Trouillet

Lumières : Arnaud Jung


Avec - la plupart des acteurs campent plusieurs rôles, leurs interprétations secondaires sont indiquées entre parenthèses :

  • Guillaume Sentou : Edmond Rostand

  • Anna Milhalcea : Rosemonde Gérard-Rostand

  • Christian Mulot : Ange Floury, Clarétie, Antoine Lumière (le vieux critique, le client raciste, Carbon, un journaliste, Lignière, le chauffeur)

  • Christine Bonnard : Maria Legault (Jacqueline)

  • Jean-Michel Martial : M. Honoré (le vieux cabot, un journaliste)

  • Kevin Garnichat : Léonidas Volny (un spectateur, un cadet)

  • Nicolas Lumbreras : Georges Feydeau, Melies, Lucien, Maurice Ravel, Tchekhov (le contrôleur)

  • Pierre Benezit : Marcel Floury, le Costumier (le directeur, le réceptionniste)

  • Pierre Forest : Constant Coquelin (Constantin Stanislavski)

  • Régis Vallée : Courteline, Jean Coquelin, (l’employé de la gare, l’hussier)

  • Stéphanie Caillol : Jeanne (Marceline)

  • Valérie Vogt : Sarah Bernhardt, la vieille actrice (la serveuse, Suzon)

Site Internet : https://theatrepalaisroyal.com/edmond/


« J’appelle un chat un chat, et un nègre un nègre.

- "Nègre" ? C’est tout ?

- Mais je…

- C’est un peu court, jeune homme ! Vous auriez pu dire… voyons, tel un géographe : "Africain, Antillais, créole". Tel un peintre : "marron, mélanoderme, moricaud". Ou tout simplement "Noir", si vous aviez eu la sobriété, l’élégance ou simplement le vocabulaire qu’un homme entrant dans mon café se doit d’avoir. »


👃👃👃


Il est rare qu'une pièce de théâtre suscite autant d'engouement... L'oeuvre d'Alexis Michalik, lancée en 2016, connaît depuis deux ans un succès sans faille, que ce soit en province ou à Paris. 5 Molières raflés en 2017, une pluie d'éloges tant dans la presse qu'auprès des spectateurs, la promesse d'un film d'ici l'année prochaine... Rien ne semble résister à Michalik !

Mais qu'en est-il vraiment de cet Edmond ? J'ai profité du passage de la troupe au Grand Théâtre provinois pour en avoir le cœur net, après plus d'un an d'attente.

Pour une fois, je dois m'avouer vaincue... et donner raison à la majorité.

© Alejandro Guerrero

Cette vision d'Edmond Rostand est sensationnelle, imprévisible, tourbillonnante... Il y a indubitablement de la folie dans la pièce de Michalik : les décors virevoltent, minimalistes et pourtant parfaits, aidés par le système de vidéo projection ; les costumes sont sobres mais élégants ; la musique et les lumières soulignent les scènes en douceur ; les douze acteurs changent de rôles à une vitesse fulgurante, jonglent avec leurs tenues ; les répliques fusent parfaitement, millimétrées à la seconde.

La scène semble être l'âme même d'Edmond Rostand, qui passe d'une période de doutes au bouillonnement créatif irrépressible qui lui donnera Cyrano de Bergerac, son ultime chef-d'oeuvre, la pièce la plus jouée du monde francophone ! Ainsi, les planches sont constamment animées par cette frénésie collective, comme un miroir de son propre génie en ébullition.

C'est d'autant plus palpable qu'Edmond reprend le principe d'une pièce dans une pièce, un argument supplémentaire pour pousser les scènes à s'enchaîner sans le moindre temps mort - le monde du théâtre n'est pas réputé pour être des plus calmes et les coulisses, où règne un sentiment de joyeux désordre, où chacun se hâte et s'interpelle, sont ici parfaitement retranscrits.

© Alejandro Guerrero


Sur le principe de la biographie romancée, Michalik imagine, en partie, comment Edmond a pu inventer Cyrano, et ce en un temps record, alors que les créanciers et la Comédie-Française menaçaient l'ensemble de la troupe.

Là, le fantasme prend le pas sur la réalité : ce qui aurait permis un tel élan d'inventivité, c'est l'arrivée de l'esprit et de la beauté dans le quotidien plutôt morne d'Edmond. L'esprit en la personne de M. Honoré, un gérant de café à la langue bien affûtée ; la beauté en la présence d'une jeune habilleuse, Jeanne, la conquête de Léo, lui-même étant acteur et grand ami d'Edmond. Ainsi, les répliques de la véritable pièce s'entremêlent-elles avec celles de son auteur, justement entrain de la composer - la première scène elle-même est une référence à celle de Cyrano de Bergerac. Nouvel effet de miroir, deux triangles amoureux : Cyrano/Roxane/Christian d'un côté, Edmond/Jeanne/Léo de l'autre.

Cette idée centrée sur la source créative a déjà fait ses preuves au cinéma (Molière de Laurent Tirard ou Shakespeare in Love de John Madden notamment) mais ici, sur les planches, et si joliment exécutée, la portée d'un tel scénario est tout simplement irrésistible.

© Alejandro Guerrero


Vous l'aurez compris, la mise en scène de Michalik est une réussite en tout point ; quant à son texte, il est fabuleux : les bons mots s'accumulent, les répliques font mouches... Le public ne s'y trompe pas et réagi parfaitement, le rire en réponse à l'humour, le silence dans les moments graves, les spectateurs sont happés de bout en bout et gardent une concentration intacte, la curiosité piquée au vif, l'esprit stimulé par le ballet incessant qui se joue face à eux.

Pour peu que vous soyez familier de l'oeuvre d'Edmond Rostand, le pari est doublement gagné. Mais tous, absolument tous, dégusteront les tirades de Michalik comme les vers de Cyrano. Ce texte, de qualité, est d'ailleurs publié aux Editions Albin Michel - un excellent moyen de savourer, encore et encore, la plume du jeune dramaturge !

Il y a un côté volontiers grotesque dans cet Edmond, les mafieux corses, Sarah Bernhardt plus excentrique que jamais, le grand niais Jean Coquelin, Maria Legault en harpie terrifiante... Pourtant, Michalik parvient à se maintenir sur une ligne délicate : celle de rire avec les personnages et non contre eux, de les aimer malgré leur extravagance ou plutôt pour elle. Car tous sont touchants.

© Alejandro Guerrero


Evidemment, pour de tels personnages, il fallait un casting à la hauteur, capable d'élever le génie et la folie de Michalik à des sommets. L'ensemble de la troupe est parfaite, saisissante de naturelle, en un mot : excellente. La complicité et le talent des acteurs ne font aucun doute, et ce dès les premiers échanges. Tous sont impeccables, quel que soit le rôle qu'ils endossent - ils alternent pour la plupart trois personnages différents tout au long du spectacle, Nicolas Lumbreras en cumule sept et Christian Mulot n'en a pas moins de neuf !

Mais malgré tout, rendons hommage au personnage central à l'intrigue, le plus touchant aussi, drôle malgré lui : Edmond Rostand, campé par Guillaume Sentou. Le talent de ce dernier est depuis longtemps chose acquise, de même que sa renommée avec le duo comique Garnier et Sentou. Pour autant, Michalik lui offre ici son plus beau rôle. Sentou a su parfaitement retranscrire la maladresse, le génie sous-estimé, les angoisses à répétition, le côté décalé de Rostand. Comique et un peu pathétique, émouvant et talentueux, spirituel et poète dans l'âme... A l'image de la pièce.


« Je sens quelque chose en cette pièce. Comme si j'y avais mis tout ce que je n'ai pas : le courage, l'humour, l'héroïsme... »


De mon côté, j'ai déjà réservé ma place pour une seconde représentation, cette fois à Dammarie-les-Lys... en juin ! Et je ne peux que vous encourager à faire de même.

Car n'en doutez point : à la fin de la pièce, Michalik fait mouche.

© Alejandro Guerrero

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Quelques répliques cultes :

« Mais... Sarah Bernhardt ! Elle est fantastique, non?

- Elle est toujours fantastique ! Intouchable.

- Comme un monument qu'on n'ose plus visiter. »


« Voulez-vous qu'il disparaisse dans l'oubli, ou qu'il soit le plus grand triomphe du théâtre français ? Ecoutez les mots de Cyrano, soyez sublimes, donnez tout ce que vous avez pour cette pièce, car, je vous le prédis, jamais, jamais dans votre vie vous n'en croiserez une plus belle. »


« Et maintenant nous n'avons plus qu'une chose à faire.

-Quoi donc ?

-Boire. Boire beaucoup. »


« Seul compte le désir. Le désir pousse les hommes à conquérir des empires, à écrire des romans ou des symphonies. Mais, lorsqu'il est assouvi, les hommes cessent leurs exploits.»


« Je sens quelque chose en cette pièce. Comme si j'y avais mis tout ce que je n'ai pas : le courage, l'humour, l'héroïsme... »


« Nous sommes le 27 décembre 1897.

Après quarante rappels, on se décidera à laisser le rideau ouvert.

Les acteurs seront portés en triomphe dans les rues de Paris.

Dans trois jours, Edmond Rostand recevra la Légion d'honneur.

Dans le siècle à venir, Cyrano sera joué plus de vingt mille fois, devenant ainsi le plus grand succès du théâtre français.

Mais pour l'heure, nous sommes les 27 décembre 1897, à Paris, et les acteurs saluent. »

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