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L’avis des libraires - 58ème chronique : Bowie Forever

L’avis des libraires - 58ème chronique David Bowie n'est pas mort de Sonia David

&

De l'influence de David Bowie sur la destinée

des jeunes filles de Jean-Michel Guenassia Chronique spéciale : Bowie Forever


De l'influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles évoque le parcours de Paul, un jeune androgyne au charme déroutant qui, face à l'hétérophobie de sa mère Léna et l'absence de son père, inconnu de toujours, cherche tant bien que mal à trouver sa place.


David Bowie n'est pas mort suit les réflexions d'Hélène, quinquagénaire un peu perdue qui est confrontée successivement à la mort d'une mère créatrice tyrannique, d'un père engagé adepte du chantage affectif et de Bowie, l'icône de son adolescence chamboulée.

Le 10 janvier 2016, David Bowie nous quittait, laissant un vide artistique abyssal. Il était évident que sa disparition, foudroyante et imprévue, ne manquerait pas d'inspirer cette sphère artistique. Peintres, chanteurs, créateurs... On ne compte plus tous ceux qui ont rendu hommage à Ziggy Stardust. Et les auteurs ne sont pas en reste : en 2017, parmi le nombre vertigineux de biographies et albums illustrés qui fleurissent en librairie, les fictions trouvent doucement leur place.

C'est le cas pour David Bowie n'est pas mort de Sonia David et De l'influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles de Jean-Michel Guenassia. 2 livres différents qui, pourtant, cultivent 2 thèmes communs : la complexité des rapports familiaux et la passion pour le Thin White Duke. A noter que Bowie, bien qu'essentiel à l'intrigue, n'est évoqué qu'à la fin des romans.

Dans l'ouvrage de David, on parle de deuil, de la relation toxique à la mère, du rapport (trop) idéalisé au père, de l'amour mutuel que se vouent quatre sœurs et du chanteur qui réunit les aînées, Anne et Hélène. Chronique sur la remise en perspective des liens familiaux, réflexion sur soi et ses proches, l'histoire paraît intime et, pourtant, curieusement universelle. Le style est simple, sans concession, percutant, à l'image d'une lettre confession qui se serait retrouvée par inadvertance dans le bureau d'un éditeur. Reste que ce roman, court et facile à lire, reste au final plutôt anecdotique.


« J'ai l'impression de partir à la découverte d'un inconnu parfaitement familier, je reconnais tout, même ce que je ne connais pas. »

~ p 43 / David Bowie n'est pas mort

Anecdotique, tout l'inverse du dernier Guenassia ! Son personnage, Paul, est unique : sublime androgyne hétérosexuel, touchant, attachant, agaçant, hors normes, doté de l'oreille absolue, pianiste émérite, farouchement opposé au circuit scolaire... Paul est très proche de Stella, la compagne de sa mère Léna, mais entretient avec sa génitrice des rapports beaucoup plus houleux. Comme tous les ados, Paul cherche un sens à son univers, à ses désirs, à lui-même ; s'amourache, passe à autre chose, se cherche. Autour de lui, il y a son meilleur ami homo Alex, qui lui voue un amour éperdu, et Caroline, amante-copine avec laquelle il discute de la vie entre deux escapades dans une boîte lesbienne. Bien écrit, moderne, addictif, étrange, ode à l'ambiguïté sexuelle, au trouble adolescent et à l'imbroglio des rapports humains, voici un Guenassia comme on en a pas dégusté depuis longtemps. Une sorte de Rebel Rebel inversée que Bowie n'aurait pas reniée...


« Je jouais sans enthousiasme, par habitude, le minimum syndical, personne ne s'en rend compte. Et le pire, c'est que moins j'y mets de cœur, plus les pourboires augmentent. À croire que la fadeur et la banalité sont mieux récompensées que le talent et que la passion. »

~ p 74 / De l'influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles

 

« Certains vont penser que je suis un faux cul, ce serait une grave erreur de jugement métaphorique, il faut me prendre comme je suis, et ne pas vouloir que je sois à votre image, je ne fais que me défendre et m'adapter à un environnement hostile. Je n'ai pas l'intention de me couler dans le moule pour vous faire plaisir. Tant pis pour vous si vous êtes coincées ou prêchi-prêcha. C'est votre affaire, pas la mienne. Ce sont les autres qui ont des problèmes avec la vérité. Mais quels problèmes ; les leurs, ou les miens ?

C'est quoi, avoir une libido normale ? C'est une notion fluctuante, en général elle dépend de celui qui pose la question. Celui qui répond perd toujours. »

~ p 142 / De l'influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles

 

« La mort de David Bowie est une mort idéale, n'est-ce pas, nette, immatérielle, pas besoin de tableau Excel, pas d'administration, pas d'appartement à vider, ni de contingences autres, toutes ces choses qui, je le sais à présent, relèguent à plus loin, à plus tard la vivacité de la douleur. »

~ p 145 / David Bowie n'est pas mort

 

Sonia David : David Bowie n'est pas mort aux Éditions Robert Laffont. 174 pages. 17 €

Jean-Michel Guenassia : De l'influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles aux Éditions Michel Lafon. 327 pages. 20 €


Article paru dans le Pays Briard le 28.11.17

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