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L’avis des libraires - 56ème chronique : Prince des ténèbres

L’avis des libraires : 56ème chronique

Prince des ténèbres de Rachel Caine :

Ô Benvolio, pourquoi es-tu Benvolio ?

« - Qui t’inspire de tels sommets d’absurdités ?

- Je ne déprécierai pas son nom en si piètre compagnie, mais je suis amoureux d’une femme cousin, tristement amoureux.

- Nous avons tous été amoureux, et presque toujours tristement. »

~ p 29, Benvolio et Roméo

Épris de justice, le taciturne Benvolio Montaigu devient à la faveur de l’obscurité un voleur aussi audacieux qu’insaisissable : le Prince des ténèbres. Un soir, alors qu’il s’aventure au sein de la demeure Capulet pour y dérober une arme précieuse, Benvolio fait la rencontre de Rosaline... Deux familles, égales en noblesse / Dans la belle Vérone, où nous plaçons notre scène, / Sont entraînées par d’anciennes rancunes à des rixes nouvelles… Ces vers vous sont sûrement familiers : nous connaissons tous Roméo et Juliette, les amants maudits, élevés au parangon de l’amour impossible.

Mais si Roméo et Juliette n’avaient pas été le seul couple proscrit au cœur de Vérone ? Si Benvolio, le cousin de Roméo, avait rencontré la sœur de Tybalt, la belle et clairvoyante Rosaline et que tous deux s’étaient lentement apprivoisés pour finalement s’éprendre l’un de l’autre ? Moins mièvres que les protagonistes de Shakespeare, le duo formé par les personnages secondaires de la célèbre pièce n’en est que plus touchant. C’est l’idée lumineuse de Rachel Caine : en se focalisant sur Benvolio, le personnage le plus anecdotique du trio formé avec Roméo et Mercutio, l’auteur avait carte-blanche ! Ainsi dépeint-elle un jeune homme aventureux qui, loin de l’image calme et réservée conférée par son créateur, se révèle dès la tombée du jour.


« Quoi que j’éprouvasse, j’allais devoir le maintenir masqué, enchaîné, dissimulé tel un parent fou. La souffrance était le chemin emprunté par le Christ m’avait-on enseigné. Peut-être serais-je canonisé un jour – le saint patron des imbéciles et des amoureux pour autant que ces deux termes ne fussent pas de parfaits synonymes. »

~ p 70-71, Benvolio

Prince des ténèbres, c’est Shakespeare qui rencontre Scaramouche, le tragique du théâtre élisabéthain qui croise le fer avec le roman de cape et d’épée… Ecrit dans une langue fluide, sérieusement documenté quant aux mœurs et coutumes de l’époque, l’ouvrage se révèle ainsi plus profond que ce que l’on était en droit d’attendre – le statut des femmes et des homosexuels y est notamment abordé avec talent. Pour couronner le tout, le récit fourmille de références à la pièce originale sans jamais lui faire outrage et comblera à n’en pas douter les fans les plus retors. Avec ce roman, intense et captivant, Rachel Caine signe un vibrant hommage à l’œuvre shakespearienne… Et l’un de mes coups de cœur de cette année !


Rachel Caine : Prince des ténèbres aux Éditions J’ai Lu. 336 pages. 15€

Article paru dans le Pays Briard le 14.11.17 « Qu’il est fâcheux que le monde soit régi par les hommes. Je suis née pour être prince. »

~ P 171, Véronica, sœur de Benvolio

« Tu ne bénéficieras plus d’une telle indulgence.

- Indulgence ? Eh bien, monsieur, j’implore votre indulgence, mais s’il s’agissait là d’indulgence, alors les poings sont de l’amour et les nœuds coulants des baisers ! Vous parlez de responsabilité ? La responsabilité est une corde qui m’étrangle. La piété est un lit de verre pilé. Et la famille une horde de démons haineux. »

~ p 127, Mercutio à son père

© bibmob

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