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L’avis des libraires - 52ème chronique : Le fantôme de la Mary Celeste de Valérie

L’avis des libraires : 52ème chronique

Le fantôme de la Mary Celeste de Valérie Martin

Une (non) excursion à bord d'un bateau fantôme

4 décembre 1872 : la Mary Celeste, un navire américain, est retrouvé au large des Açores, bien loin de Gênes, sa destination initiale. A son bord, personne. L’équipage semble s’être volatilisé. Pour Arthur Conan Doyle, cette affaire ô combien intrigante est une source d’inspiration inespérée. Pour Violet Petra, médium réputée, un drame personnel. Pour Phoebe Grant, journaliste décidée à la percer à jour, une occasion d’en apprendre davantage sur sa cible. Et pour vous ? Que représentera la Mary Celeste ? Pour cette 3ème chronique spéciale Halloween, j’avais envie d’histoire de spectres et autres mystères non-élucidés. Aussi, lorsque je suis tombée sur cet ouvrage auréolé des critiques dithyrambiques de la presse anglophone, j’ai de suite pensé qu’il remplissait tous les critères : un fait-divers tragique jamais expliqué, Arthur Conan Doyle pour personnage principal, une extralucide perdue dans la haute société… Moi qui pensais avoir affaire à une enquête policière matinée de fantastique, je me suis retrouvée confrontée à un roman bien ancré dans la réalité. Le fantôme de la Mary Celeste n’a en réalité que peu de rapport avec les revenants : c’est une réflexion sur le deuil, la puissance des éléments naturels, notre rapport au mysticisme, le tout saupoudré d’une analyse truculente de la bourgeoisie américaine…C’est aussi un hommage vibrant à l’océan et ses dangers, un personnage allant jusqu’à déclarer :


« Ô vanité des hommes […] mettant leur vie, leur fortune, leur famille à la merci de cette bête sauvage, avide, meurtrière et sans cœur qu’est la mer. »


Mais qu’en est-il de l’ouvrage en lui-même ? Valérie Martin n’est jamais aussi inspirée que lorsqu’elle relate des traversées maritimes ou qu’elle se glisse dans la peau de Phoebe, reporter fouineuse mais sympathique, aussi persévérante qu’attachante, confrontée à une affaire qui la dépasse. Toutefois, malgré ces qualités, l’intrigue semble se noyer dans d’interminables chapitres et, bien que centraux à l’intrigue, Doyle et Violet sont peu ou mal exploités, ne parvenant jamais à être réellement attachants. Si l’on ne peut nier que Valérie Martin bénéficie d’une plume charmante, il n’en va hélas pas de même quant à sa capacité à maintenir l’intérêt du lecteur en éveil. La Mary Celeste continuera donc de fasciner les esprits… Qu’ils viennent ou non de l’au-delà.

« Je suis ce grotesque lutin qui hante l'imagination du romancier masculin : une journaliste. »

~ p 144

« Pour l'amour propre du menteur confirmé, [...] ses mensonges doivent être disséminés sur le premier sol disponible, ils doivent être arrosés, cultivés et encouragés à éclore, fleurs difformes - non du mal, mais du banal et de l'inutile. »

~ p 145

Valérie Martin : Le fantôme de la Mary Celeste aux Editions Albin Michel. 338 pages. 22€


Article paru dans le Pays Briard le 17.10.2017

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