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Bonne résolution livresque n°2 : Dévoiler sa sensualité à fleur de pages

Bonne résolution livresque n°2 :

Dévoiler sa sensualité à fleur de pages


Consommer de la littérature érotique revient à voter aux élections présidentielles : tout le monde le fait mais rares sont ceux à donner clairement leur avis. Si l’on pouvait croire qu’après s’être échinés durant des siècles à s’extraire des carcans et assumer leurs désirs, hommes et femmes ont un rapport décomplexé à la littérature coquine, force est de constater qu’il n’en est rien... Gêne, culpabilité, peur d’être associé à un(e) frustré(e), d’être jugé sur ses lectures... Peu de personnes assument de lire ce type d’ouvrage, à moins que le phénomène ne soit planétaire et qu’ils puissent donc se justifier auprès de leur entourage – ce qui est paradoxal car les plus gros succès en la matière sont souvent les moins dignes d’intérêt. Et même ainsi, très peu assumeront d’avoir apprécié l’expérience.

Et si, aujourd’hui, on assumait enfin l’idée de se faire plaisir, quel que soit son âge, son orientation sexuelle ou ses fantasmes ? Allez, ouvrons la boîte de Pandore pour un petit tour exquis des plaisirs interdits.


* Du bout des doigts de Sarah Waters (11€ – Éditions 10 X 18)

Niveau : soft

Le pitch : Au XIXème siècle, la jeune Susan et le séduisant arnaqueur Gentleman fomentent un complot visant à conquérir une riche héritière, qu’ils espèrent ensuite déposséder de sa fortune. La victime en question, Maud, vit en autarcie auprès d’un oncle tyrannique. Mais, alors que l’étau se resserre autour de la belle demoiselle, la situation évolue de façon inattendue...

Pourquoi le lire : On reproche souvent à la littérature érotique un scénario qui tiendrait sur un post-it... Avec Du bout des doigts, l’auteure anglaise Sarah Waters vous offre une plongée dans l’époque victorienne. Doté d’un scénario aussi solide que labyrinthique, oscillant entre le roman noir, le thriller gothique et le policier historique, ce roman intense est également imprégné d’une évidente sensualité. Le sexe et le désir sont au cœur d’une intrigue qui compte de multiples retournements de situation. Intelligent, bien écrit et sensuel, Waters mêle adroitement complots tordus et amours saphiques pour le plus grand plaisir des lecteurs.

Le + ciné : Du bout des doigts a été très librement adapté par Park Chan-wook en 2016 avec l’excellent Mademoiselle : les scènes érotiques y sont beaucoup plus nombreuses, le dénouement et le contexte diffèrent largement... S’il n’a conservé Du bout des doigts que son intrigue impitoyable, le film n’en reste pas moins un chef-d’œuvre à découvrir d’urgence.


* L’amant de Marguerite Duras (12€ - Éditions de Minuit)

Niveau : lascif

Le pitch : En Indochine française, une pré-adolescente s’initie à la volupté entre les bras d’un étranger chinois de dix-sept ans son aîné...

Pourquoi le lire : Cette autofiction de Marguerite Duras qui remporta le prestigieux Prix Goncourt est devenue culte au fil des ans. Avec Un barrage contre le pacifique, il s’agit sûrement de sa publication la plus connue. Et pour cause ! Outre son écriture singulière, L’amant est un véritable parcours initiatique et sensitif. Chaque phrase fait appel à vos sens : la description des rues, des odeurs, des corps, des pensées forment un ballet ininterrompu... Tout est si vivant, si riche, qu’il est impossible de rester de marbre.

Le + ciné : L’amant a été porté à l’écran par Jean-Jacques Annaud avec la toute jeune Jane March et le ô combien sexy Tony Leung Ka-fai ! Si Duras s’est sentie dépossédée de son vécu au point de rédiger en réponse un second ouvrage (intitulé L’Amant de la Chine du Nord), la reconstitution historique, le jeu des acteurs et l’esthétisme de cette adaptation justifient largement le coup d’œil.


* Hanayoi, la chambre des kimonos de Yuka Murayama (21€50 - Presses de la Cité)

Niveau : pimenté

Le pitch : Asako et Seiji, Chisa et Masataka... Deux couples opposés en apparence, quatre êtres peu épanouis dont les caractères et les fantasmes paraissent difficilement conciliables... Leur rencontre va bouleverser leur quotidien et remettre en question les relations amoureuses où ils s’étiolent lentement.

Pourquoi le lire : Érotisme et Japon ont toujours fait bon ménage, c’est un fait. Il n’y a qu’à se pencher sur les shunga, ces estampes torrides, pour s’en convaincre. Dépaysant et fascinant paysage nippon, dont Yuka Murayama se fait l’écho avec Hanayoi. Son œuvre n’a rien d’un banal roman porno où les couples s’entrecroisent, non c’est bien plus que cela ! C’est tout à la fois une plongée dans l’univers des kimonos (auxquels Asako a dédié une boutique), une fine analyse des relations humaines et conjugales ainsi qu’une vision peu commune de l’adultère. A aucun moment l’auteur ne juge ses personnages ou leurs choix, elle se contente d’apporter un regard doux-amer sur ses protagonistes dont la sexualité explose et se dévoile au fil des pages. C’est aussi une critique sans fard du poids de la société japonaise et de ses tabous. Histoire de ne rien gâcher, Murayama brille par son style, une plume vive, quelque peu soutenue, remarquable. Pour décrire le destin croisé de ces couples, elle use d’une technique redoutablement efficace : la narration alternée. Chaque personnage à droit à son chapitre, qui met en lumière ses choix et ses actes. Intense, brillant, parfois dérangeant mais toujours juste.

Le + ciné : Pour une exploration plus poussée de la culture érotique nippone, je vous recommande l’incontournable Empire des sens qui fit scandale au festival de Cannes en 1976 ou le très dérangeant Hectopascal (uniquement disponible en VO sous-titré anglais).



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