Chloé
Cinâexpress : Cloclo
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đŹ de Florent Emilio Siri â avec JĂ©rĂ©mie Renier, BenoĂźt Magimel, Monica Scattini đ Sortie : 14 mars 2012
Cloclo, câest avant tout un pari, plutĂŽt risquĂ© dâailleurs. Celui de dresser un portrait rĂ©aliste et captivant du plus cĂ©lĂšbre chanteur français des annĂ©es 60-70. Comme toujours avec le genre biographique, la premiĂšre prĂ©occupation est de sĂ©duire les fans mais aussi lâensemble des spectateurs, dâattirer les gĂ©nĂ©rations qui ont succĂ©dĂ© au « mythe Claude François »⊠Incontestablement le plus difficile et pourtant, aussi surprenant que celui puisse paraĂźtre, Cloclo a tout pour plaire. Ce succĂšs, il le doit Ă Florent Emilio Siri, son rĂ©alisateur, qui a pris le parti de montrer la fragilitĂ© de lâHomme, celui qui se cache derriĂšre la lĂ©gende. En oscillant habilement entre lâhommage et la face cachĂ©e du chanteur â ses phobies, sa vie familiale mouvementĂ©e, cette impossible quĂȘte de perfection â, Siri parvient Ă montrer deux facettes bien distinctes. Dâun cĂŽtĂ© celle rĂȘvĂ©e, que tout le monde connaĂźt, le show man survoltĂ©, lâhomme dâaffaire endurci, lâicĂŽne pop des minettes, la machine Ă succĂšs⊠Et lâautre, plus personnelle et mĂ©connue, de lâĂ©ternel angoissĂ©, nĂ©vrosĂ©, qui vivait pour sa carriĂšre au dĂ©triment du reste. Sur le papier, le scĂ©nario tient la route et parvient Ă faire de la vie du chanteur une chronique douce-amĂšre, parfois tendre, drĂŽle et romanesque, dâautre plus mature, sombre et trouble, Ă lâimage de son personnage principal. Reste quâun tel speech, aussi bon soit-il, nâaurait pu atteindre lâapothĂ©ose sans JĂ©rĂ©mie Renier. Un autre choix risquĂ© : celui dâoffrir Ă un acteur belge, de surcroit peu connu en France, le rĂŽle de Cloclo. Tout le monde lâattendait au tournant et au final, la rĂ©vĂ©lation du film, câest bien lui ! Physiquement, la ressemblance est frappante mais au-delĂ de la simple imitation, il y a le jeu de lâacteur, fin, sensible, lâinterprĂ©tation grandiose dâune icĂŽne sans la singer â une erreur que lâon a vu bien (trop) souvent, derniĂšrement dans My week with Marilyn. HabitĂ© par son rĂŽle, subjuguant, Renier est devenu, en lâespace dâun film, lâacteur du moment, encensĂ© par la critique et le public. Parmi les femmes et les maĂźtresses prestigieuses qui sont entrĂ©es dans la vie de Claude François on retiendra surtout sa passion mouvementĂ©e avec France Gall. InterprĂ©tĂ©e par la belle JosĂ©phine Japy (la nouvelle rĂ©vĂ©lation française, Ă©patante dans le Moine de Dominik Moll), sa ressemblance avec France Gall est troublante : la fragilitĂ© Ă fleur de peau, les traits fins et candides⊠Elle est, tout comme Renier, formidablement proche de la star originale. Les acteurs qui les secondent, de BenoĂźt Magimel Ă Marc BarbĂ©, sont par ailleurs tous trĂšs convaincants et soutiennent le film Ă la mesure de leur rĂŽle. Immense soulagement donc : un biopic qui Ă©vite les clichĂ©s propres au genre, ce qui est assez rare, en grande partie grĂące Ă lâinterprĂ©tation sensationnelle de JĂ©rĂ©mie Renier. La rĂ©alisation rythmĂ©e de Siri permet dâĂ©viter lâennui et quelques plans plutĂŽt intĂ©ressants sont Ă notĂ©s, Ă commencer par les moments de scĂšnes. Entre deux tubes de Claude François qui monopolisent â Ă juste titre â la BO on retrouve la musique envoĂ»tante et lĂ©gĂšre dâAlexandre Desplat, trĂšs inspirĂ©e qui se fond habilement Ă lâambiance du film. Pourtant, quelques points noirs, impossible Ă ignorer, empĂȘchent Cloclo dâaccĂ©der au rang de chef-dâĆuvre. Des longueurs, heureusement peu nombreuses, viennent entraver lâhistoire, empĂȘchent le spectateur de se glisser dans lâunivers du chanteur. Et sâil faut reconnaĂźtre que sur certaines scĂšnes, Siri a Ă©tĂ© bien inspirĂ©, il a parfois virĂ© dans lâexagĂ©ration lassante, avec de grands plans au ralenti dont le tragique tourne au ridicule⊠Ces quelques moments suffisent Ă entacher un film qui, pour accĂ©der au statut de chef-dâĆuvre, aurait dĂ» parfois faire preuve de plus de sobriĂ©tĂ©. Regrettable mĂȘme si, au fond, lâobjectif principal est atteint : montrer que sous les paillettes et la coiffure impeccable, Cloclo Ă©tait une icĂŽne aux failles aussi nombreuses que profondes.

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