Chloé
Cinâexpress : John Carter
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John Carter
đŹ de Andrew Stanton â avec Taylor Kitsch, Lynn Collins, Samantha Morton đ Sortie : 7 mars 2012

Avant lâindĂ©trĂŽnable saga de George Lucas Star Wars, le banquable Avatar ou le mĂ©connu Cow-Boy et envahisseurs, il y avait⊠John Carter ! Pilier de la SF Ă©rigĂ© en 1917 par Edgar Rice Burroughs, qui sera une source dâinspirations pour tous ses successeurs, John Carter nâest aujourdâhui connu que dâun public assez limitĂ©. Une erreur quâAndrew Stanton, fan inconditionnel, a choisi de corriger dĂšs 2006. Mais ce nâest quâen mars 2012 que son John Carter se dĂ©couvre sur nos Ă©crans. Le petit gĂ©nie de PIXAR, Ă qui Wall-E et le Monde de NĂ©mo ont apportĂ© la reconnaissance, a-t-il rĂ©ussi son pari ? RĂ©ponse de suite. PremiĂšre grande rĂ©ussite du film ? Les dĂ©cors dĂ©mesurĂ©s, la beautĂ© des paysages, le soin apportĂ© aux costumes, les dĂ©tails des vaisseaux⊠John Carter se veut avant tout dĂ©paysant et cette Ă©chappĂ©e sur Mars se devait dâĂȘtre inoubliable : dâun point de vue purement esthĂ©tique donc, câest une merveille et le public est assurĂ© dâen avoir plein les yeux. La dĂ©couverte de Barsoom/Mars et des diffĂ©rentes citĂ©s est saisissante. Il faut dire que lâopportunitĂ© de dĂ©couvrir un tout nouvel univers ne se boude pas, surtout lorsque câest Stanton qui est chargĂ© de la visite. Les effets spĂ©ciaux, sâils innovent peu, sont efficaces et permettent de crĂ©er les Tharks, ces ĂȘtres verts Ă quatre bras, avec suffisamment de rĂ©alisme pour les rendre attachants ainsi quâun Ă©norme bouledogue martien fort sympathique baptisĂ© Woola â un des effets comiques les plus rĂ©ussis. Le bestiaire est dâailleurs tout Ă fait remarquable, les crĂ©atures crĂ©ent pour les besoins du film sont stupĂ©fiantes. Quant aux peuples qui habitent Barsoom, on notera le soin apportĂ© aux traditions, Ă la culture de chacun, quâil sâagisse des Tharks, des habitants de Zodanga ou dâHelium. Le monde oĂč atterrit Carter nâa donc pas fini de surprendre et nous espĂ©rons quâune suite verra le jour, afin dâexplorer les possibilitĂ©s quâoffrent de tels lieux. Les scĂšnes de bataille explosives, courtes mais efficaces permettent dâinstaurer un rythme soutenu sans casser la narration⊠Ce qui est bien agrĂ©able compte tenu de la proportion de cinĂ©astes Ă insister sur des combats interminables et sans intĂ©rĂȘt ! Une grosse dĂ©ception malgrĂ© tout : le duel laissĂ© entrevoir la BA, oĂč Carter affrontent des Singes Blancs dans l'arĂšne. Trop courte, simpliste Ă lâextrĂȘme, cette scĂšne dâaction que la plupart attendait est bĂąclĂ©e. Niveau BO, la musique, signĂ©e Michael Giacchino, accompagne agrĂ©ablement le film mĂȘme s'il manque un grand thĂšme reconnaissable, dans la veine de Star Wars, pour la rendre indispensable Ă tout cinĂ©phile. Le film, Ă©videment, nâest pas parfait et loin de lĂ : on peut reprocher certains dialogues pathĂ©tiques et une histoire dâamour cousu de fils blancs mĂȘme si John Carter possĂšde un scĂ©nario qui tient la route. Le cĂŽtĂ© candide en surprendra plus dâun mais lâapproche quâa choisie Stanton est claire : reconstituer le sentiment quâil Ă©prouvait, lui, en lisant les aventures de Carter lorsquâil Ă©tait gamin. Les personnages en eux-mĂȘmes â et câest lĂ la plus grande crainte que lâon pouvait avoir â sont dans lâensemble convaincants : des hĂ©ros somme toute assez rĂ©ussis, des personnages secondaires trĂšs intĂ©ressants, des adversaires cruels et manipulateurs⊠Dâailleurs, les Ternes, sorte de demi-dieux qui influencent le destin comme on tisse une toile, se diffĂ©rencient en cassant lâimage manichĂ©enne qui colle Ă la peau des ennemis traditionnels. Ce qui est avantageux afin de se dĂ©marquer â une fois encore â des autres films de SF. Dâune importance capitale : le casting de cette grosse production, qui, au final, sâen sort plutĂŽt bien, Ă commencer par Taylor Kitsch dans le rĂŽle de John Carter. Sâil correspond Ă lâarchĂ©type du super-hĂ©ros, lâidĂ©e de lui donner un passĂ© dramatique confĂšre Ă son personnage une profondeur et une retenue visant clairement Ă casser son image stĂ©rĂ©otypĂ©e⊠MĂȘme si on aurait aimĂ© que le cĂŽtĂ© provocant soit encore plus exploitĂ© (sa prĂ©sentation en dĂ©but de film Ă©tait pourtant trĂšs prometteuse). Pour lui donner de la consistance, le choix risquĂ© de Stanton dâavoir pris un acteur mĂ©connu est salutaire : Kitsh aura ainsi su donner toute la fraĂźcheur Ă ce nouveau hĂ©ros, avec charisme et simplicitĂ©. Les seconds rĂŽles sont aussi trĂšs bien jouĂ©s, de James Purefoy Ă Dominic West, en passant par Samantha Morton et Willem Dafoe qui prĂȘtent leurs expressions aux Tharks Sola et Tars Tharkas. Et comme il y a toujours au moins une dĂ©ception niveau casting, on dĂ©signera Lynn Collins, la princesse Dejah, comme grande perdante. Son personnage, fade et insignifiant, est d'autant plus insupportable que Collins est incapable de lui donner la moindre envergure. Au final, Andrew Stanton prouve que la SF nâest pas un genre en perdition et signe un divertissement de haut niveau, Ă©pique, qui jongle entre diffĂ©rents genres avec une facilitĂ© dĂ©concertante (aventures, science-fiction, pĂ©plum). Un voyage certes utopique mais merveilleux. En attendant la suite, bien sĂ»râŠ


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