Chloé
Cin'express : Sexy devil
đ„ Cinâexpress : Sexy devil đ„
đŹ de Alec Baldwin
â avec Anthony Hopkins, Alec Baldwin, Jennifer Love Hewitt
đ Sortie : 2003
Ne vous fiez pas au poster et au titre aguicheurs qui laissaient prĂ©sager une comĂ©die dĂ©lurĂ©e. Encore une mauvaise interprĂ©tation vraisemblablement due Ă une pitoyable traduction française Ă des fins purement marketing. Le titre original, Shortcut to Happiness, quâon pourrait traduire par « un raccourci vers le bonheur » est bien plus indiquĂ© : ici, pour ses premiers pas en tant que rĂ©alisateur, Alec Baldwin est trĂšs loin de la comĂ©die, du dĂ©lurĂ© ou mĂȘme des deux ! Sâil reste basĂ© sur une intrigue fantastique vue des centaines de fois â le pacte avec le Malin â Sexy Devil est avant tout une rĂ©flexion poussĂ©e, voir mĂȘme philosophique, sur ce quâest vraiment le bonheur et les moyens mis en Ćuvre pour lâavoir. A moins dâĂȘtre complĂštement dĂ©tachĂ© de ce qui nous entoure, un marchĂ© conclu avec le DĂ©mon abouti rarement au bonheur : câest la leçon sagement enseignĂ©e par lâEglise â en bon film amĂ©ricain, celui-ci ne dĂ©roge pas Ă la rĂšgle â et celle, douloureuse, que Jabez Stone, Ă©crivain en mal de reconnaissance, va apprendre Ă ses dĂ©pens⊠Ceux qui sâattendent Ă des effets spĂ©ciaux Ă gogo, une profusion de scĂšnes Ă©rotiques ou encore un hĂ©ros combattif face au Mal en auront pour leurs frais ; tout au long du film, Stone voit sa vie lui Ă©chapper, sans quâil ne trouve moyen de la retenir⊠En cela, Sexy Devil (pas si sexy que cela donc) est une variante intĂ©ressante de tout ce qui a pu ĂȘtre proposĂ© sur le sempiternel « pacte dĂ©moniaque ». Si on peut ne pas adhĂ©rer aux idĂ©es que vĂ©hiculent Baldwin, lâidĂ©e de penser le film comme une rĂ©flexion philosophique â pas toujours Ă©quilibrĂ©e ou cohĂ©rente â est plutĂŽt sĂ©duisante. Le gros problĂšme reste justement dans la rĂ©alisation : montage mĂ©diocre, trop peu dâoriginalitĂ© dans la mise en scĂšne, Sexy Devil souffre de ralentis incessants, de scĂšnes mĂ©lodramatiques aberrantes et de gros plans tout Ă fait inutiles histoire de pointer du doigt tel ou tel Ă©lĂ©ment que tout spectateur un tantinet attentif Ă dĂ©jĂ saisi depuis longtemps ! Sans compter quâĂ vouloir tout avoir, le rĂŽle principal ET la rĂ©alisation, Baldwin essuie un Ă©chec cuisant aux deux niveaux (probablement lâun de ses rĂŽles les moins convaincants, pour ne pas dire ridicules). RĂ©sultat : dĂšs que lâaction est lancĂ©e, lâintĂ©rĂȘt du spectateur dĂ©croit et lâennui est tangible⊠Une envie irrĂ©pressible de bailler jusquâau formidable procĂšs qui oppose le Diable (Jennifer Love Hewitt) Ă son ennemi de toujours, un avocat dâascendance divine ayant pour trait lâexcellent Antony Hopkins. Ce dernier livre une interprĂ©tation tout en maĂźtrise, avec un charisme glacial, dĂ©tachĂ© qui fait Ă©cho aux charmes sensuels et volcaniques dâHewitt. Face Ă une rĂ©alisation plus que navrante, il faudra tout de mĂȘme souligner lâoriginalitĂ© du speech dâorigine et lâaltercation Hopkins/Hewitt. De mĂȘme que son protagoniste Stone, aux antipodes du genre de hĂ©ros prĂȘt Ă signer un pacte avec Lucifer, qui, dans son inaction, dĂ©montre largement que nos choix dĂ©passent souvent nos actes. Dommage seulement quâil faille attendre le dĂ©nouement pour Ă©prouver un regain dâintĂ©rĂȘt envers ce film philoso-fantastique bancal. Au final, une demi-heure dâutile et trois quart dâheure de parlottes incessantes. Tentative intĂ©ressante mais dĂ©fi ratĂ©, visiblementâŠ
