Chloé
Cinâexpress : Young Guns
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Young Guns

đŹ de Christopher Cain â avec Lou Diamond Phillips, Emilio Estevez, Kiefer Sutherland đ Sortie : 5 juillet 1989
Sorti en 1988, Young Guns pose les rĂšgles dĂšs les premiĂšres images : un casting sous le signe du Brat Pack, de lâaction et de lâhumour, le tout en respectant les codes laissĂ©s par ses prĂ©dĂ©cesseurs.
La prĂ©sentation des jeunes gens incarnant les rĂŽles principaux se fait dâailleurs Ă lâancienne, comme un clin dâĆil adressĂ© Ă toutes les gĂ©nĂ©rations : sur lâĂ©cran envahi par la neige se dessinent les silhouettes des six hors-la-loi qui porteront le film durant presque deux heures ; un zoom sur les visages, les noms qui apparaissent⊠Young Guns suit lâhistoire de William H.Bonney alias⊠Billy The Kid !
Si la folle épopée du plus jeune et célÚbre bandit du Far West est dépeinte de façon trÚs romancée, le réalisateur Christopher Cain, en instaurant des anecdotes historiques, parvint à ajouter une pointe de réalisme au film. Car Young Guns se veut, avant toute chose, totalement décomplexé : pas de sérieux exagéré, exit le traditionnel duel final⊠Ici, on déroge aux rÚgles pour une approche plus originale !
A lâheure oĂč le western avait presque perdu tout son intĂ©rĂȘt, il Ă©tait primordial pour les studios d'attirer un public dans la vingtaine, de nouveaux fans qui sâidentifieront au Kid et Ă sa bande. Ce sont donc des adolescents qui sont au cĆur, ou plutĂŽt devrait-on dire LE cĆur, du film. Ils sont dĂ©senchantĂ©s, violents, rebelles, sans espoir dâavenir â un discours qui parlait Ă la gĂ©nĂ©ration des 80âs et peut-ĂȘtre encore plus dâactualitĂ© aujourdâhui.
Ces jeunes sont tirĂ©s de leur vie misĂ©rable par un Ă©leveur anglais, Tunstall, qui leur propose un travail, un toit et surtout⊠De sâinstruire. La mort de leur protecteur vient gĂącher cette Ă©bauche de bonheur et signe la perte de la seule figure paternelle quâils aient jamais connue. Nos pistoleros deviennent alors gardiens de lâordre et forment la bande des RĂ©gulateurs. Ils nâobĂ©issent dĂ©sormais quâĂ un seul mot : la vengeance.
Puisquâil sâefforce dâĂ©viter les piĂšges et les handicaps de ses prĂ©dĂ©cesseurs, Young Guns ne tombe jamais dans le mĂ©lodrame, ni dans la surenchĂšre. Sobre dans lâaction, il privilĂ©gie la violence et lâhumour avec, la plupart du temps, des rĂ©pliques qui font mouche. Drogue, sexe, premier amour, Ă©mancipation, libertĂ©, violences⊠Ces termes rĂ©currents, chers Ă lâadolescence, se retrouvent Ă chaque instant du long-mĂ©trage.
Cependant, il faut bien le reconnaĂźtre, Young Guns n'est pas parfait. Il ne brille ni par sa rĂ©alisation, trĂšs TV Film (le reste de la filmographie de Cain est dâailleurs composĂ© en grande partie de navets insignifiants), ni par sa BO qui accompagne avec difficultĂ© ses pĂ©ripĂ©ties effrĂ©nĂ©es ! On regrette Ă©galement la fadeur navrante du seul personnage fĂ©minin central, Yen Sun, muse de Doc⊠Il y avait pourtant matiĂšre Ă fournir sur une histoire d'amour entre une immigrĂ©e asiatique rĂ©duite Ă l'esclavage sexuel et un jeune hors-la-loi poĂšte Ă ses heures perdues. D'autant plus que le racisme et la misogynie Ă©taient monnaie courante Ă l'Ă©poque. HĂ©las, ce pan du scĂ©nario reste bien mal exploitĂ©.
Ce western vaut surtout pour son mĂ©pris Ă lâĂ©gard des codes classiques, de son scĂ©nario malin dĂ©jantĂ© et de son impeccable casting.
« Six reasons why the west was wild »... Cette phrase dâaccroche qui ornait le poster de Young Guns peut ĂȘtre traduite ainsi : LâOuest Ă©tait sauvage pour six raisons. Ces six raisons se nomment Dermot Mulroney, Casey Siemaszko, Kiefer Sutherland, Lou Diamond Phillips, Charlie Sheen et Emilio EstĂ©vez - alias Steve la Crasse, Charlie Bowdre, Doc Scurlock, Jose Chavez, Dick Brewer et lâinoubliable Billy the Kid. En rĂ©voltĂ©s chatouilleux de la gĂąchette, ils excellent ! Bien que certains de ces ex jeunes premiers soient tombĂ©s dans lâoubli depuis 2000, on ne peut quâapprĂ©cier leur jeu (tout Ă fait crĂ©dible) ainsi que le panache et la fraĂźcheur quâils ont su instaurer Ă l'ensemble - y compris dans les moments les plus houleux oĂč la rĂ©alisation sâenlisait lamentablement !
Peu importe car, tout comme son personnage, celui qui tire vraiment le film vers les sommets, câest Emilio EstĂ©vez⊠En quelques minutes, il transperce lâĂ©cran, effaçant tous les autres acteurs qui avaient pu interprĂ©ter le Kid, de Paul Newman Ă Val Kilmer ! Son Billy, mĂ©galomane, espiĂšgle et charismatique, se rapproche de Peter Pan tel que lâavait Ă©tabli J.M Barrie : il est Ă lâimage dâun enfant capricieux, moqueur et cruel. Bien quâil Ă©chappe sans cesse Ă ses ennemis et se manifeste par son courage, il ne fait pas moins preuve dâun manque de considĂ©ration suicidaire pour le danger et compte sur sa chance pour le tirer de tous les mauvais pas. Tout comme Pan, Billy refusera, jusquâĂ la toute fin du deuxiĂšme film, dâassumer ses responsabilitĂ©s, de prendre conscience de son rĂŽle vis-Ă -vis de ses amis et dĂ©cidera, quoi quâil arrive de « jouer jusquâau bout ». Il possĂšde ce tempĂ©rament de feu, cette instabilitĂ© torturĂ©e, ce besoin maladif de flirter avec la mort : il est lâenfant-roi, lâenfant-libre, qui ne veut pas grandir ou penser Ă autre chose quâĂ lui⊠Emilio EstĂ©vez ne joue pas le Kid, il EST le Kid, le communique Ă chacun de ses gestes, Ă travers son regard bleu dĂ©routant, son rire enfantin qui rĂ©sonne bien longtemps aprĂšs le gĂ©nĂ©rique.
Young Guns est un film qui combine le cĂŽtĂ© adolescent rebelle des 80âs et le souffle Ă©pique des westerns dâantan, dont il faut voir la suite : Young Guns I et II se complĂštent pour former un seul film sur la vie de Billy the Kid, un seul film inoubliable.

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