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  • Photo du rédacteurChloé

Cin’express : Mars 2019

🎥 Cin’express :

Mars 2019 🎥

 

🎬 Dumbo : 3/5

Dire qu'on redoutait Dumbo est un euphémisme... Sur le papier, le projet s'annonçait catastrophique pour tout le monde, à l'exception des Studios Disney, persuadés du potentiel bankable de ses remakes live à la qualité aléatoire.

Les fans de Tim Burton craignaient que ce dernier ne se perde une fois encore dans une vaine adaptation après l'effroyable Dark Shadows et le tout juste passable Miss Pérégrine ; de leur côté, les inconditionnels du petit éléphant à grandes oreilles appréhendaient une grosse production dénuée d'âme qui trahirait totalement le matériel original, sa sensibilité et sa candeur.

Dès les premières images, le doute est permis : un générique hideux retrace le parcours de Casey Junior, le petit train qui emporte avec lui le cirque Medici à travers les Etats-Unis. Esthétiquement, c'est kitsch et raté. C'est aussi très loin de la mise en scène astucieuse dont Burton a su faire preuve autrefois.

Puis le titre apparaît ; le cirque lui succède, un peu miteux mais chaleureux et intimiste. La troupe combine les marginaux mélancoliques et atypiques si chers au réalisateur - fugacement, on perçoit un peu de Big Fish dans ce Dumbo 2019... Même au sommet du box-office, il ne s'est jamais lassé de ces êtres singuliers, ces amis qui peuplent ses films depuis ses débuts. Les fans de Burton se rassurent, ceux de l'éléphanteau patientent jusqu'à l'arrivée du héros.

Pourtant, il leur faudra attendre encore, quitte à voir le scénario s'enliser dans le mélo, patauger dans un pathos poussif et facile : Holt Farrier, le héros du film incarné par Colin Farrell, est un ancien maître équestre, veuf, incapable de communiquer avec ses enfants, rescapé de guerre et manchot, à la recherche de sa gloire passée. Le problème ne vient pas tant de l'interprétation de Farrell, comme d'ordinaire très juste dans ses compositions d'écorché vif, mais dans le traitement de son personnage, plombé par le tire-larmes facile. C'est la seule véritable erreur du film : valoriser les humains au-delà des animaux, les développer plus que nécessaire à grand renfort de destins tragiques... Dont tout le monde se moque.

Lorsque Dumbo se dévoile enfin, pourtant, l'enchantement opère : à la vue de cet adorable bébé jugé repoussant et difforme, l'implication émotionnelle du spectateur monte en flèche. Son apparence en elle-même est très réussie : il a ce côté personnage animé, avec de grands yeux bleus tristes, tout en gardant l'aspect réaliste de l'image de synthèse. Une fois encore, les déboires et l'injustice dont il souffre brise le cœur du public. Inutile cette fois d'en faire des tonnes : l'équilibre se fait, naturellement. La fragilité du personnage éponyme passe au travers des grosses ficelles hollywoodiennes. On retourne à l'ingénuité, la douceur des années 40. Le charme désuet de la chanson Mon tout petit opère d'ailleurs toujours autant - elle est la seule à être reprise intégralement.

Mais là où le film tire réellement son épingle du jeu, c'est dans sa seconde partie, là où le scénario se permet enfin d'innover, de se détacher de son mélodrame ambiant et de livrer une histoire à la hauteur de son réalisateur.

Il est primordial de ne pas trop en dire sur celle-ci, de conserver tout le mystère et l'originalité des rebondissements inattendus qui jalonnent la deuxième heure de Dumbo. Sans aller trop loin, on confessera simplement que Burton nous délivre ici un retour aux sources salvateur : un parc inquiétant aux ambitions purement mercantiles (curieux que Disney ait laissé passé la pique !), un antagoniste focalisé sur le profit, le rejet des marginaux et leur révolte, le besoin de liberté et de créativité, encore et toujours... On notera également la très bonne morale visant à dénoncer la présence d'animaux sauvages (et donc inaptes à la captivité), sous les chapiteaux.

Visuellement, Burton signe aussi un retour à ses origines : les décors se font plus gothiques, plus oppressants - un peu de Batman cette fois, pour la forme, tout en restant fidèle à l'imaginaire du cirque, à l'esprit de Dumbo. Le mélange des genres, des thématiques, opère totalement. Pendant près de 45 mn, on en prend plein les yeux, époustouflé, parachuté en enfance.

Burton use de nouveau de son talent, de son amour pour les êtres étranges et imparfaits, si beaux à travers sa caméra. Au-delà même de Dumbo, tous se révèlent plus attachants, plus vrais, dans ce deuxième temps : les artistes du cirque semblent plus humains, plus convaincants qu'ils ne l'ont jamais été - belle amélioration par rapport au dessin animé, lequel montrait la troupe sous un angle bien peu flatteur à la limite de la xénophobie.

Même si, reconnaissons-le, les personnages un brin stéréotypés doivent beaucoup aux prestations de Colin Farrell, Michael Keaton, Danny DeVito et Eva Green. Tous sont très bons dans leur registre mais DeVito et Keaton, plus nuancés, offrent les performances les plus marquantes. En effet, ils présentent impeccablement tous deux les facettes d'une même vocation, celle de Monsieur Loyal : l'une candide, un peu roublarde mais sincèrement attachée à son cirque ; l'autre dévorée par l'opportunisme et le profit, ruinant toute la dimension humaine du spectacle.

Burton, sans exceller autant qu'il l'aurait dû dans un univers de freak-show calibré pour lui, s'en sort donc honorablement. Dès lors, peu importe que la première partie soit poussive, l'introduction laborieuse et la musique de Danny Elfman inexistante : Dumbo se finit en apothéose, la chute a été évitée.

 

🎬 Captain Marvel : 3,5/5

Que donnerait un mélange improbable entre le côté boy-scout du Captain America, la bande-originale calibrée des Gardiens de la Galaxie et du girl-power résolument fun ? La réponse : Captain Marvel. Difficile à croire et pourtant, en l'espace d'un film, la toute nouvelle venue Carole Danvers s'est taillée une place de choix au sein des Vengeurs !

De prime abord, on pouvait regretter que le premier film du MCU consacré à une super-héroïne ne se focalise pas sur l'une des femmes fortes déjà connues du public - entre Nébula, Natasha Romanoff, Wanda Maximoff, Shuri ou Okoye, ce ne sont pas les personnages féminins emblématiques qui font défaut à Marvel... Pourtant, le fait est que Danvers ne dépareille pas, bien au contraire.

Sans pousser l'ambition à l'échelle d'un Black Panther, Captain Marvel se veut donc décomplexé, palpitant et survitaminé, le tout au féminin. Ce qu'il réussit, du reste, parfaitement à accomplir.

Carole est une protagoniste attachante, débrouillarde et athlétique ; elle refuse de se conforter à une société machiste et est donc en perpétuelle lutte pour ses convictions. Elle bénéficie également d'un sacré répondant et balance ses répliques avec l'aisance d'une Chris Pratt aux cheveux longs - les mimiques très expressives de Brie Larson rendent d'ailleurs le personnage d'autant plus drôle. L'actrice oscarisée est impeccable dans ce rôle principal, elle y apporte la fraîcheur, l'absence totale de sophistication, le charme adulescent... Tout en restant parfaitement crédible en femme d'action déterminée et impitoyable.

Aux côtés de Larson, on retrouve un casting soigné avec Jude Law, Annette Bening, Djimon Hounsou, Clark Gregg ou encore Lashana Lynch. On soulignera surtout la performance de Samuel L. Jackson, de retour dans le rôle de Nick Fury, qui cabotine pour notre plus grand plaisir. Autant l'avouer, son duo avec le chat Goose comporte certainement les moments les plus comiques du film !

Côté musique, beaucoup de voix féminines emblématiques - Des'ree, Garbage, Heart, Lita Ford, No Doubt - ce qui colle parfaitement au message du film. La scène de combat la plus jouissive du long-métrage est d'ailleurs délivrée au rythme de Just a Girl, triomphe absolu de Gwen Stefani.

Pour le reste, cet avant-goût d'Avengers - Endgame est dans la continuité de ses prédécesseurs : un budget colossal, des effets spéciaux soignés, des scènes post-génériques, de l'humour (BEAUCOUP d'humour), un ton décontracté et des gentils aptes à botter les fesses des méchants...

Certes Captain Marvel n'est pas le blockbuster le plus innovant ou le plus surprenant qu'il nous ait été donné de voir. Il n'empêche qu'il représente beaucoup pour les petites filles : elles auront, désormais, un film auquel elles pourront s'identifier et une héroïne avec laquelle grandir. Car Carole n'a, à l'origine, rien de particulier : elle n'est pas née avec des supers-pouvoirs, ne bénéficie pas d'une famille richissime ou d'un entraînement inhumain qui l'aurait rendue froide et détachée... C'est une Américaine de classe moyenne, a priori plutôt classique. Mais, tout comme Steve Rogers avant qu'il n'endosse l'identité de Captain America, ce qu'elle obtient, elle le doit à sa ténacité et son courage. Elle n'est ni sexualisée à outrance, ni cantonnée au rôle de faire-valoir : c'est un personnage à part entière bien loin des clichés sexistes véhiculés dans les exécrables Catwoman, Supergirl et autres Elektra.

Oh oui, Captain Marvel fait presque office de miracle dans les superproductions dédiées à la gente féminine. Et elle y est incontestablement la meilleure.

Alors, en effet, She's just a girl... Mais quelle femme !

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