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  • Photo du rédacteurChloé

Cin’express : Novembre 2018

🎥 Cin’express : 🎥

Novembre 2018

🎬 Crazy Rich Asians : 2,5/5

Pour en savoir plus sur ce cas épineux --> c’est ici !

La conclusion ? Vous voulez une comédie romantique futile et niaise au possible, regardez le film. Vous préférez une réflexion douce-amère sur les classes sociales et un ton volontiers piquant, optez pour le livre.

 

🎬 Astérix et le secret de la potion magique (avant-première) : 3,5/5

On le sait, Astérix et le cinéma ne font pas nécessairement bon ménage… Son déclin avait démarré en 2006 avec un dessin-animé totalement oublié suivi de près par deux adaptations live ratées. Il aura fallu attendre 2014 pour retrouver foi en la capacité du petit gaulois à envahir nos écrans : ce coup du menhir nous vient du formidable Domaine des dieux, réalisé d’une main de maître par Alexandre Astier et Louis Clichy. Sur bien des points, ce film est l’équivalent en image de synthèse de Mission : Cléopâtre. Astier, tout comme Chabat avant lui, a ainsi su s’approprier sans le trahir l’univers d’Uderzo et Goscinny, tout en insufflant son humour, sa patte. Toutefois, dans les deux cas, le scénario était inspiré librement de BDs déjà existantes ; à savoir Astérix et Cléopâtre et Le Domaine des Dieux, qui comptent parmi les meilleurs albums des irréductibles.

Le fait qu’Astier ait cette fois voulu créer l’histoire de toutes pièces n’inaugurait donc pas forcément un chef-d’œuvre… Mais qu’en est-il réellement ? Sur de nombreux points, le créateur de Kaamelott fait mouche : il casse allègrement le sexisme, l’autarcie, la crédulité des villageois, l’élitisme et l’égo des druides… Le scénario offre une belle aventure, servie par une animation toujours aussi époustouflante – les sorts lancés par les druides permettent d’ailleurs quelques scènes tout simplement sublimes. Il distille également quelques jolies références sans jamais trop les appuyer. Le résultat parle aux enfants comme aux adultes et se veut profondément ancré dans les thématiques actuelles. En trois mots : c’est drôle, enlevé et contemporain.

Niveau doublage, tout le casting du Domaine des Dieux rempile à l’exception de Roger Carel, à la retraite depuis 2014. L’idée de génie d’Astier est d’avoir offert le rôle à Christian Clavier, ce dernier ayant déjà incarné à deux reprises le personnage au cinéma, dans le médiocre Astérix et Obélix contre César puis le fameux Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre donc. Carel et Clavier sont les SEULS à pouvoir incarner le guerrier moustachu et cela, Astier l’a parfaitement compris. Clavier s’en sort d’ailleurs très bien niveau doublage, lui qui n’a pourtant qu’une expérience infime dans cette branche ! Il n’a prêté sa voix à un personnage qu’une seule et unique fois, à savoir le chien Chance dans L'Incroyable Voyage – le casting francophone surffant très clairement sur l’âge d’or des Visiteurs, puisqu’il comptait, outre Clavier, Jean Reno et Valérie Lemercier.

Jusque là, Le secret de la potion magique semble dépourvu du moindre défaut alors où est le problème ? Astérix. Le film oublie son principal protagoniste, relégué au rang de personnage secondaire ! Il aurait pu être totalement exclu de l’intrigue sans que cela ne la fragilise en quoi que ce soit... Ici, les héros sont clairement Panoramix et la jeune Pectrine, en opposition au sombre Sulfurix et au naïf Téléférix. Obélix lui-même est largement plus valorisé que son petit camarade. Même Assurancetourix, Cétautomatix et Ordalfabétix sont davantage exploités, c’est dire ! Or, lorsque le film se prénomme Astérix et le secret de la potion magique, on est légitimement en droit d’attendre un peu plus d’Astérix.

Le dernier volet en date du plus célèbre gaulois est donc un très bon long-métrage mais une très mauvaise aventure d’Astérix. Ironie quand tu nous tiens… Dommage, il a manqué de peu qu’Astier ne réitère l’exploit de son Domaine des Dieux.

 

🎬 Les animaux fantastiques 2 - Les crimes de Grindelwald : 4/5

Un nouveau film tiré de l’univers d’Harry Potter est toujours un évènement en soi. Je fais partie des spectateurs qui ont adoré le premier volet des Animaux fantastiques : j’y ai retrouvé la féerie, l’émerveillement et la fascination qui m'avaient saisis lorsque j’ai lu, pour la toute première fois, L’école des sorciers.

Les crimes de Grindelwald, dans un premier temps, avait été plutôt bien accueilli (notamment par la presse), avant de connaître un cruel contrecoup sous une avalanche de critiques… Il est vrai que le film est particulièrement dense : trois intrigues se croisent sur presque 140 minutes, avant d’être réunies lors de la toute dernière demi-heure. C’est peu, au réel, pour ne pas donner aux spectateurs néophytes une impression de fouillis constant, surtout lorsque sont multipliés les personnages secondaires inutiles et les références bancales à la saga originale. Références qui sont parfois distillées de façon (très) maladroite et cherchent visiblement à capitaliser au maximum sur la fibre nostalgique.

A de nombreux égards, le film cumule les problèmes de caractérisation. L’exemple le plus concret réside en Leta Lestrange. Celle-ci est incarnée avec beaucoup de classe par Zoë Kravitz : c’est une protagoniste fascinante mais peu exploitée. Torturée et charismatique, elle méritait beaucoup plus de développement et est au final reléguée à la simple ex-love interest de Newt - oui, je me refuse toujours à l’appeler Norbert, vraiment ! Elle est ainsi beaucoup résumée à son ancienne relation avec Newt et à ses fiançailles avec le frère de ce dernier, Thésée ; celui-ci n’est d’ailleurs pas mieux développé que sa promise mais le dénouement laisse entrevoir une évolution sur les prochains films (ce qui n’est pas le cas de Leta) et sa relation avec Newt réserve probablement de belles surprises.

Le plus problématique toutefois, reste le traitement de Queenie et Jacob : la première agit de façon totalement incohérente avec sa psychologie originale (et ce dès son apparition !), tandis que le second est clairement là pour jouer les figurants ! Dans Les animaux fantastiques, Jacob permettait d’introduire Newt auprès des spectateurs, ainsi que ses motivations et son univers ; ici, les bases ayant été déjà bien exploitées, le personnage ne sert strictement à rien et il est évident que les scénaristes ne savaient pas trop quoi faire de lui. Pourtant, Jacob a clairement beaucoup à craindre de Grindelwald et de sa haine évidente pour les Non-Maj’… Or on ne ressent jamais le danger qui pèse sur le gentillet boulanger. Le traitement scénaristique autour de Queenie et Jacob, séparés ou réunis, est un échec flagrant.

Heureusement, quelques nouveaux personnages, ainsi que les intrigues gravitant autour d’eux, sont bien exploités : la quête identitaire et les traumatismes de Croyance ainsi que sa relation avec Nagini ; l’arc autour de cette femme Maledictus ; les tensions entre Thésée et Newt ; le passé tourmenté et le présent ô combien complexe entre Dumbledore et son ancien grand amour Grindelwald... La confrontation de ces derniers promet d’ailleurs d’être extrêmement intéressante, chacun étant un orateur de génie doublé d’un talentueux sorcier. Grindelwald et Dumbledore sont montrés comme égaux, les deux faces d’une même pièce ; l’un ayant choisi le mal là alors que l’autre met ses capacités au service de motivations plus nobles. Le parallèle entre la montée de l’idéologie de Grindelwald et celle du nazisme, qu’il s’agisse de l’époque ou des idées, est facile mais captivant. Clin d’œil ultime : Grindelwald veut littéralement « faire sauter Paris », tout comme Hitler l’avait ordonné à son général Dietrich von Choltitz en 1944.

A ce sujet, le traitement réservé à notre belle capitale est réellement réjouissant : tout comme ce fut le cas en Angleterre, puis à New-York, la Ville Lumière recèle ici de coins magiques, de monuments détournés de façon féerique, de toute une population sorcière, de créatures enchantées etc. Paris est magique, sans aucun doute.

Surtout, on prend toujours autant de plaisir à découvrir les animaux fantastiques de Rowling, les anciens (niffleur, botruc) comme les inédits (kelpy, matagot, zouwu). Comme à son habitude, elle s’inspire à la fois de mythes bien connus venus des quatre coins du globe, tandis que d’autres sortent tout droit de son imagination.

Visuellement, cette suite n’a rien à envier à ses prédécesseurs et s’offre quelques moments épiques – notamment la toute première scène marquante nous montrant l’évasion de Grindelwald, la course des matagots ou la rencontre entre Newt et le Zouwu.

Les acteurs restent crédibles dans leurs rôles, Eddie Redmayne en tête. Soulignons aussi que celui qui joue notre héros sous son visage adolescent, Joshua Shea, a su à merveille s’approprier la gestuelle si particulière de l’acteur. A noter que si Katherine Waterston a nettement gagné en prestance, son personnage de Tina reste bien fade. La performance d’Ezra Miller souligne impeccablement l’évolution de Croyance : le jeune sorcier a visiblement gagné en assurance et en détermination, bien que marqué par des évènements dramatiques et obnubilé par la recherche de sa mère. Il est dangereux, c’est une évidence, mais n’en reste pas moins terriblement attachant. Son alchimie avec Nagini (prometteuse Claudia Kim), une autre âme perdue, crève l’écran, surpassant de très loin les deux couples des Animaux fantastiques – reconnaissons-le, Rowling n’a jamais été spécifiquement bien inspirée pour les romances…

Côté nouveaux venus, Jude Law campe un Dumbledore dans la force de l’âge plus que convaincant, là où Johnny Depp démontre quelques faiblesses, sous jouant à plusieurs instants – même s’il reste mieux inspiré que dans la majeure partie de ses derniers rôles. Mention spéciale à Poppy Corby-Tuech : cette jeune franco-anglaise incarne à merveille la cruelle et divine Vinda Rosier, sorcière aussi séduisante que sadique, seul rôle secondaire a réellement tirer son épingle du jeu ; elle bénéficie de plus d’un style très soigné avec son look de femme fatale, long manteau et chapeau noir à l’appui. Réellement glaçante, sa beauté froide et son caractère impitoyable font d’elle une antagoniste des plus marquantes.

Malgré ses évidents défauts, Les crimes de Grindelwald reste un divertissement de haut vol, palpitant, riche et généreux, porté par un casting cinq étoiles. La magie demeure intacte, un peu trop sans doute pour que les néophytes s’y retrouvent mais qu’importe : la joie des Potterhead est bien au rendez-vous.

Reste que l’on peut légitimement se demander ce que Rowling va nous raconter sur une saga en cinq films, là où le format trilogie semblait on ne peut plus approprier… En effet, il est possible, sur la durée, de craindre l’effet Hobbit avec son fameux complexe de la tartine : « Je me sens comme du beurre qu'on aurait étiré sur une tartine trop grande. » disait Bilbo. Car oui, pour garder cette féerie intacte, il ne suffira pas de jouer sur la nostalgie liée à Poudlard et ses professeurs. Autant dire qu’il y aura fort à faire pour hisser la saga au rang de culte.

Affaire à suivre, donc. Mais quelque chose nous dit que Newt a plus d’un tour dans sa valise…

 

🎬 Casse-Noisette et les Quatre Royaumes : 2/5

La fin de l'année sonne généralement l'heure des productions fantastiques enfantines calibrées pour cartonner auprès des bambins à l'approche des fêtes...

Cette année 2018 ne fait pas exception et Disney sort comme toujours l'artillerie lourde avec deux films estampillés "féerie nostalgique" à savoir Le Retour de Mary Poppins et notre long-métrage du jour : Casse-Noisette et les Quatre Royaumes. Ce dernier est réalisé par Lasse Hallström et Joe Johnston qui, à défaut de posséder une réelle patte, sont des yes men chevronnés.

Si niveau réalisation il n'y avait donc pas grande transcendance à attendre, l'intérêt du cinéphile se portait ailleurs : sur le casting. Keira Knightley, Helen Mirren, Morgan Freeman, Matthew Macfadyen... Une distribution cinq étoiles sur laquelle siège la jeune Mackenzie Foy, dix-sept ans, rescapée de la saga Twilight et encensée pour sa performance dans Interstellar. Le casting réservait également quelques surprises plutôt rafraîchissantes, comme la présence aux côtés de Foy d'un illustre débutant (Jayden Fowora-Knight) dans le rôle du Casse-Noisette ou encore du génial Jack Whitehall, un humoriste anglais célèbre Outre-Manche à qui l'on doit Bad Education.

Un savant mélange de stars et de visages méconnus, un budget confortable, une histoire revendiquant tant l'inspiration d'Hoffmann que de Petipa, des visuels calibrés pour la période hivernale... De quoi booster la curiosité.

Une curiosité rapidement glacée.

Les premières minutes se révèlent sympathiques : on suit Clara, en plein deuil, à la veille de Noël, invitée par son parrain Drosselmeyer à passer les fêtes en compagnie de toute sa famille. Elle s'est vue léguer par sa mère défunte une sorte d’œuf de Fabergé, impossible à ouvrir sans la clé... En se lançant à la recherche de cette dernière, elle va bien entendu se retrouver dans un monde féerique, divisé en quatre royaumes - celui des Friandises, des Flocons de Neige, des Fleurs et du Divertissement. Et c'est là où le scénario commence lentement à chavirer pour poursuivre son inéluctable naufrage.

D'emblée, tout, ou presque semble familier - ce qui n'est pas nécessairement un mal en soit, on peut ne pas être original pour deux sous mais le faire bien. Visuellement, on est donc à la croisée du Alice au Pays des Merveilles de Burton (avec des scènes véritablement oppressantes pour les plus jeunes) et du premier volet du Monde de Narnia, tout en blancheur immaculée ; le clin d’œil à Fantasia est plutôt sympathique ; les costumes signés par la fabuleuse Jenny Beavan sont grandioses si l'on apprécie le style kitsch avec paillettes à outrance ; la musique alterne les morceaux originaux de James Newton Howard avec la partition remaniée de Tchaïkovski...

Mais, très vite, le scénario multiplie les incohérences, l'image est parasitée par les faux-raccords et les acteurs, pourtant tous excellents, semblent réellement se demander ce qu'ils fabriquent au milieu de ces fonds verts. La plupart des personnages ne sont jamais développés, se contentant de faire bonne figure au milieu de rebondissements sans queue ni tête.

La réflexion sur le deuil et les différences phases qui le traversent aurait pourtant pu offrir une véritable profondeur à l'intrigue : le déni, le chagrin, la colère et enfin, l’apaisement où ne subsiste plus que le souvenir chéri de la personne disparue. Mais la scénariste Ashleigh Powell se perd visiblement en cours de route : son postulat de base était de suivre le conte d'Hoffmann en ajoutant des éléments du ballet de Tchaïkovski, tant par sa musique que ses chorégraphies signées Lev Ivanov et Marius Petipa. Mais le mixe des deux n'a absolument rien de convainquant : les scènes de ballet surgissent de nulle part, le tout est fastidieux et manque cruellement de subtilité. Résultat : les personnages sont au mieux fades, au pire stupides ou détestables. Le seul à rester cohérent durant l'ensemble du film est Philip Hoffmann (quelle référence subtile là encore), alias le Casse-Noisette. Tout simplement parce qu'il ne subit pas une évolution forcée pour convenir aux besoins d'une histoire bancale. Soulignons également que Jayden Fowora-Knight incarne parfaitement le personnage ; il donne au côté boy-scout de Casse-Noisette une douceur et une profondeur inattendues.

Vous l'aurez compris, on est loin de la poésie du conte original et de la grandeur du ballet de Tchaïkovski. Sur le fond c'est catastrophique, et sur la forme, il n'y a pas grand chose à sauver non plus. A l'image, tout semble trop lisse, désespérément désincarné et vide. C'est beau comme une photo de mode sur papier glacé, à laquelle on jette un coup d’œil ébloui avant de l'observer attentivement et d'en remarquer toutes les retouches superficielles.

Un cadeau luxueux dénué d'âme.

*Yes men / pluriel de yes man : dans le milieu cinématographique, le terme yes man désigne "un réalisateur de studio, qui illustre sans problèmes d'ego les projets de ses producteurs" (cf : Nanarland).


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