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  • Photo du rédacteurChloé

Série files : Skam

🎥 Série files : 🎥 Skam

⭐ avec Lisa Teige, Josefine Frida Pettersen, Tarjei Sandvik Moe, Iman Meskini, Ulrikke Falch, Marlon Valdés Langeland, Thomas Hayes, Herman Tømmeraas, Henrik Holm, Carl Martin Eggesbø...


Le quotidien de cinq lycéennes, Eva, Noora, Sana, Vilde et Christina avec leurs hauts, leurs bas, leurs interrogations, leurs victoires et leurs échecs... Autour d’elles gravitent Jonas, le copain d’Eva, et le meilleur ami de ce dernier, Isak, en plein doute sur son orientation sexuelle. Sans parler des élèves de dernière année, Bad boys attitrés du bahut, William et Chris, qui sont loin de laisser la bande insensible.

Dans les 90's, une série à l'unique saison, Angela, 15 ans, bouleversait le petit monde des séries lycéennes.

Au début des années 2000, la série qui rassemblait les adolescents était sans conteste Skins. En m’intéressant au phénomène de la série norvégienne Skam, j’ai retrouvé bon nombre de points communs avec cette dernière.

Tout comme sa devancière anglaise (et peut être même davantage), Skam se centre sur le quotidien de lycéens. A l'inverse d'autres séries estampillées "young adult", pas de jeunesse ultra privilégiée (Beverly Hills, Gossip Girl) ou d'intrigues tires-larmes à souhait surfant sur la note soap opera (Dawson, Les frères Scott).

Non, la touche singulière de la série, c'est son authenticité, sa sincérité... Il a fallu de nombreux mois de recherches à sa créatrice Julie Andem et sa productrice Marianne Furevold-Boland pour esquisser, pas à pas, le monde des jeunes norvégiens, s'identifier à eux et les comprendre. D'où la volonté de rester authentique jusqu'au bout et de caster, pour les rôles principaux, des amateurs. Noora, Eva, Sana, Isak, les protagonistes centraux de chaque saison, sont ainsi campés par des jeunes sans expérience de jeu professionnel. Furevold-Boland, la productrice, définit leur démarche avec les trois adjectifs suivants « Passion, amour, honnêteté. » - trois termes en parfaite adéquation avec le ressenti du spectateur lorsqu'il visionne la série.

Autre aspect majeur de la série : jouer sur les réseaux sociaux, compter sur le côté ultra-connecté de la génération 2000. Les personnages majeurs ont ainsi une page Instagram ou Facebook, qui permet aux spectateurs de rester en permanence en contact avec eux ! Enfin, développer l'addiction à ce quotidien filmé en appâtant les fans : toute la semaine, différentes scènes du prochain épisode ainsi que des SMS envoyés par les protagonistes sont dévoilés en ligne sur le site officiel. Le tout en temps réel ! Une incitation à suivre en permanence la série, jusqu'à ce que l’épisode complet soit diffusé, le vendredi.

Et ça marche ! Skam s'inscrit dans une démarche ultra réaliste qui la rend convaincante à l'écran et trouve un écho particulier pour ses spectateurs.

Les protagonistes sont très attachants dans l'ensemble, même s'il faut un certain temps pour adhérer à certains - c'est le cas typiquement pour Vilde et Ingrid. Le quatuor principal et les personnages qui les entourent viennent d'univers sociaux variés, ont des religions différentes, des orientations sexuelles diverses, ne sont pas tous calibrés sur la même corpulence filiforme... Ils font des erreurs, échouent, se relèvent, s'entraident, s’engueulent, galèrent sur le plan scolaire et social, tombent amoureux. Bref, tout ce qui fait l'essence de l'adolescence est parfaitement retranscrit à chaque épisode. Comme le dit si bien l'auteure-illustratrice Julie Maroh dans Le Bleu est une couleur chaude : « Les questions des ados sont banales aux yeux des autres. ». Une erreur commune que Skam a d'emblée balayé. Les interrogations quotidiennes sont centrales à la production nordique, traitées sans dramatisation à outrance ni légèreté forcée.

Ce n'est pas un hasard si le titre de la série est Skam (Honte) : honte d'avoir trahi ses amis, honte d'avoir laissé échapper un secret, honte de soi, honte de son corps, honte de son identité sexuelle... Skam c'est cette honte ressentie au fond de soi, provoquée par son mal-être ou le regard d'un entourage pas toujours bienveillant.

Si elle aborde des thématiques quotidiennes auxquelles nous avons tous été confrontés un jour, la série s'attarde aussi sur des problèmes bien plus dramatiques : la difficulté d'une relation amoureuse, le slut-shaming, l'anorexie, le harcèlement, l’acceptation de son orientation sexuelle, l’abus sexuel, la consommation de stupéfiants, le racisme, les troubles mentaux... Des scènes souvent difficiles où le casting brille par sa justesse, visiblement en parfaite symbiose avec leurs personnages. De quoi parachuter d'emblée ses comédiens au statut de stars, à commencer par Tarjei Sandvik Moe et Henrik Holm, alias Isak/Even. Le public et la critique ont été séduits par le traitement scénaristique réservé à ce couple homosexuel durant la saison 3 et l'interprétation des acteurs. En 2017, le duo a d'ailleurs remporté le prix du public aux Gullruten, récompenses de l'industrie télévisée norvégienne.

Heureusement, la série n'est pas foncièrement dramatique ou noire. Etant basée sur le quotidien, elle offre également de jolis moments de complicité, de romance, d'humour... Des bulles d'air distillées ça et là qui ne font que renforcer sa qualité. L'amitié reste le point d'orgue de la série, celle qui unit nos jeunes héros et les font avancer.

On soulignera également l'excellente BO, très variée, véritable atout de la série : Des'ree, Lana DelRey, Lorde, Gabrielle, The Weeknd, London Grammar, YELLE (oui oui...), Adele, Woodkid, Hozier, Missy Eliott, Sigur Rós, Michael Jackson et bien d'autres. Pour plus d'informations, je vous conseille l'excellent article signé Florian Ques.

En résumé, Skam, c'est la série nécessaire et inattendue qui a définitivement changée la vision du "teen drama".

Devenue un carton planétaire, elle connaît depuis 2018 des adaptations franco-belge, italienne, allemande et prochainement anglophone. Si l'on peut crier à la facilité et au mercantilisme, il est pourtant fascinant de voir le potentiel de Skam décliné par nationalité. Les problématiques adolescentes, si elles sont à première vue sensiblement les mêmes, varient ainsi d'un pays à l'autre. Par exemple, Sana porte le voile en permanence dans Skam, là où son alter-ego français, Imane, est obligée de l'ôter dans l'enceinte du lycée. Le producteur et réalisateur français, David Hourrègue, aborde d'ailleurs très bien les problèmes rencontrés lors de la conception de cette adaptation. Un aperçu infime des changements effectués selon la nationalité mais qu'on pourrait aisément reprendre sur l'ensemble des productions. Une certitude toutefois : Skam a encore de beaux jours devant elle.

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