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L’avis des libraires - 128ème chronique : Ma vie, mon ex et autres calamités

L’avis des Libraires : 128ème chronique

Ma vie, mon ex et autres calamités de Marie Vareille

Excursion aux Maldives spéciale cœur malmené !

Follement amoureuse et prochainement promue, Juliette a tout pour être heureuse. Aussi, lorsqu'elle se retrouve du jour au lendemain chômeuse, célibataire et sans logement, le coup est plutôt rude à encaisser...

Quand elle apprend que son ex a retrouvé l'amour, s'en est trop : pour le reconquérir, elle le suit jusqu'au bout du monde - et ce malgré sa phobie viscérale de l'avion !

Elle l'ignore encore mais cette excursion tropicale lui réserve de nombreuses surprises.


En l’espace de trois romans (Ma vie, mon ex et autres calamités, Je peux très bien me passer de toi, Là où tu iras j’irai), Marie Vareille s’est imposée comme l’une des figures emblématiques de la rom-com francophone. De sa plume fluide, pétillante et légère, elle croque avec délice les pérégrinations féminines les plus abracadabrantesques...

La plus parisienne des auteures de chick-lit a eu tôt fait de se démarquer dans ce genre très codifié – et souvent trop cliché – et ce dès 2014 avec un premier livre, Ma vie, mon ex, et autres calamités. Cet ouvrage, qui signera le début d’une carrière prolifique, était malheureusement introuvable depuis 2018. Un faux-pas au sein des rom-com addicts que les Editions Charleston se sont empressées de corriger avec une réédition poche survenue il y a tout juste quelques semaines, le tout dans une version corrigée et augmentée.

Sur la couverture, la promesse d’une lecture estivale, d’un voyage littéraire à l’autre bout du monde en plein Océan Indien, de rebondissements improbables au bord d’une mer turquoise et de multiples péripéties amoureuses – à savourer sur une serviette de plage, un mojito à la main et le corps badigeonné d’indice 50. Le fait est que, en l’espace de 300 pages, chacune de ces promesses est largement tenue !

Comme toujours, Marie Vareille fait la part-belle à ses personnages féminins, notamment Chiara, la meilleure amie de l’héroïne, Italienne décomplexée au charme flamboyant dont la désinhibition n’a d’égale que les envolées verbales un chouïa véhémentes. Chiara, à la fois soutien indéfectible et élément comique récurrent durant toute l’intrigue, est sans conteste l’un des véritables atouts du roman – elle est sauvage, passionnante et franche… Quitte à, parfois, rendre Juliette bien terne en comparaison.

Car cette Juliette-ci n’a pas grand-chose en commun avec l’exaltée héroïne shakespearienne : elle est d’une naïveté qui frôle la bêtise, manque de discernement, angoisse pour absolument tout, voue une obsession assez malsaine à son ex et enchaîne les bourdes comme d’autres enchaînent les rediffusions de Gossip Girl – ce qu’elle fait aussi du reste. Juliette est hélas beaucoup plus fade que Constance et Chloé, les protagonistes de Je peux très bien me passer de toi.

Mais qu’importe au fond : le potentiel nunuche de notre personnage principal permet à l’auteure de pousser les situations rocambolesques et les quiproquos très loin, des rues de notre capitale aux lointaines plages paradisiaques. Et il faut le reconnaître, c’est hilarant !

Ma vie, mon ex et autres calamités est une pure comédie romantique à la sauce hollywoodienne : une jeune femme paumée et maladroite, un décor paradisiaque et un brun ténébreux, le tout servi à un rythme effréné qui ne laisse pas la place à une seconde d’ennui. Certes, la trame narrative comporte son lot de poncifs mais n’est en aucun cas médisant, néfaste ou oppressif – ce qui est le problème récurrent dans de nombreuses productions à but humoristique actuelles. La diversité des portraits féminins et leur force de caractère permet d’ailleurs à l’ouvrage de s’émanciper des stéréotypes ; Juliette elle-même connaît une évolution des plus savoureuses et sa confrontation avec son ancien fiancé est tout simplement ju-bi-la-toire.

Dans un paysage de carte postale idéalisé* qui fleure bon l’huile de coco et le sable chaud, notre héroïne gaffeuse va partir à la reconquête d’elle-même, se recentrer sur ses ambitions, ses envies et revoir très sérieusement sa définition du grand amour… Elle va gagner en tempérament, s’affirmer comme une femme forte, entreprenante et indépendante, désireuse de suivre ses passions et surtout d’être aimée pour ce qu’elle est.

Une parenthèse tropicale certes naïve et prévisible mais surtout agréable et rafraîchissante. Un cocktail qui grise et qui fait du bien, loin de la grisaille quotidienne : l’abus de Marie Vareille est bon pour la santé, à consommer sans modération.

 

Un grand merci aux Editions Charleston

pour ce joli service presse.

 

~ La Galerie des Citations ~


« Elle fondait cette hypothèse sur sa certitude que toute amitié entre un homme et une femme relève de l'impossible, puisqu'il était évident selon elle (et Freud) que tout le monde avait envie de coucher avec tout le monde, exception faite des impuissants et des morts, qui voudraient avoir envie de coucher avec tout le monde, mais ne le peuvent pas.»

~ Les rapports hommes/femmes selon Chiara / p 49

« Elle ne comprenait pas qu’on puisse rêver à New York ou à Tokyo alors qu’il est impossible de trouver plus beau que le toit en verre du Grand Palais au coucher du soleil, le musée d’Orsay à son lever, les quais qui se reflètent dans l’eau de la Seine, ou les deux tours majestueuses de Notre-Dame qui émergent des toits luisants les jours de pluie. »

~ Juliette sur la capitale / p 67-68

« [...] imagine que je tombe sur Ryan Gosling dans la rue, j’aurais vraiment l’air stupide si je ne pouvais pas coucher avec lui parce que je suis mariée.

- C’est officiellement l’argument le plus sensé que j’aie jamais entendu en faveur du célibat. »

~ Chiara à Juliette / p 78

« Les Champs-Élysées, eux, avaient déjà sorti leur tenue de gala, les touristes s’émerveillaient de la plus belle avenue du monde pendant que les pickpockets s’émerveillaient de pouvoir se servir dans leurs poches sans la moindre difficulté. Comme tous les ans, l’arrivée des fêtes de fin d’année mettait tout le monde de bonne humeur, à l’exception des habituels rabat-joie qui prétendent détester Noël pour se faire remarquer.. »

~ p 79

« Etre grossier en français, c’est être vulgaire, mais en italien, c’est avoir du caractère. »

~ Chiara / p 161-162

« Elle se sentait vide. Vide comme une coquille abandonnée sur la plage, ballottée par les marées, qui revient toujours sur la même pierre au fil des vagues, mais s’est un peu ébréchée au passage. »

~ Juliette / p 283

 

Ma vie, mon ex et autres calamités de Marie Vareille, paru aux Éditions Charleston, 300 pages, 8€50.


Article paru en version courte dans le Pays Briard le 04.06.2019

 

* Malheureusement, il ne sera jamais fait référence au non-respect des droits de l'homme qui sévit aux Maldives… Comme l’intrigue nous place du côté des touristes, avec la légèreté et la superficialité revendiquées par ces derniers en vacances, on peut le comprendre mais il est regrettable de ne pas l’avoir mentionné ou sous-entendu au moins une fois.

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